"Certains propriétaires pouvaient demander jusqu’à 5.000 euros" : ces bénévoles de Paris 2024 galèrent encore à se loger

Ces bénévoles, chevilles ouvrières des Jeux olympiques de Paris, ont encore du mal à se loger près du lieu de leur mission à Paris ou ailleurs. En plus de donner de leur temps, ils donnent de leur argent.

Le comité d’organisation n’avait pris personne en traître. "Il ne prendrait pas en charge le logement. On était au courant dès le début", tient à souligner Céline Renaud. Choisie parmi plus de 300.000 candidats, cette Corrézienne fait partie des 45.000 volontaires qui prendront part aux Jeux olympiques de Paris. Son enthousiasme hors norme pour l’événement planétaire la pousse même à mettre toute son année 2024 entre parenthèses pour ça. "Ils recherchaient des bénévoles à partir de janvier. Je me suis rendue disponible."

"Je n'ai senti aucun engouement, aucune solidarité"

Cette professeure de yoga s’organise, se fait prêter un appartement dans le centre de Paris avant même de connaître les contours précis de sa mission. Mais en décembre dernier, elle apprend qu’elle sera "équipier aux athlètes" à… Vaires-sur-Marne, sur la base de canoë-kayak. L’appartement prêté n’a plus de sens. Son planning ne lui est précisé qu’en avril. Elle sera mobilisée du 18 juillet au 8 septembre. Elle fait alors marcher son réseau, épluche les annonces, envoie des messages tous azimuts pour trouver une solution d’hébergement. "J’ai reçu un accueil glacial.

Certains propriétaires pouvaient demander jusqu’à 5.000 euros !

Je n’ai senti aucun engouement, aucune solidarité pour ceux qui allaient faire les Jeux." Un autre bénévole, qui cherche à se loger à Saint-Étienne, lui écrit même : « ils préfèrent louer cher aux touristes plutôt que d’aider les bénévoles à dépenser moins ».

Des messages tous les jours sur les groupes d'entraide

Elle se tourne vers des groupes d’entraide de volontaires sur le réseau social Facebook. Là, elle se sent moins seule et a peut-être trouvé une chambre chez l’habitant. "Mais tous les jours, je vois passer des messages de personnes qui ont le même problème que moi." Même à moins d’un mois de la cérémonie d’ouverture.

Un bénévole parisien affecté à... Châteauroux

Yohan Journo vit à Nogent-sur-Marne, près de Paris. Ironie du sort, il a été affecté à Châteauroux, "CTX pour les intimes". Très enthousiaste, lui aussi, il assurera une mission d’accueil. "J’ai contacté l’office de tourisme, Châteauroux Métropole… Naïvement, j’ai cru qu’ils m’aideraient. Je n’ai pas eu de retour." Il loue alors un Airbnb pour 850 euros du 15 juillet au 5 août. "Le budget pour mes vacances", plaisante-t-il. Il sera pourtant sur le pont neuf heures par jour, six jours sur sept, comme Céline Renaud. "On demande beaucoup à ces gens-là… Se loger, se nourrir (un repas par jour est fourni, N.D.L.R.), aller récupérer son uniforme dans un Décathlon, mais dans une grande ville…", glisse une source au sein du mouvement olympique.

1.200 euros de sa poche pour huit jours

Vinciane Faure, elle, a trouvé une chambre d’hôtel près du stade tour Eiffel où elle est affectée. Cela lui coûtera 1.200 euros pour huit jours en septembre pour les Jeux paralympiques. On lui avait aussi confié une mission pendant les Jeux olympiques au même endroit.

"Ça m’aurait coûté le double en juillet et août. Pour les deux missions, c’était beaucoup d’allers-retours, deux logements différents."

Elle choisit alors de décliner la première mission.

Le stade tour Eiffel le 21 juin 2024

Sont-ils nombreux à être contraints de refuser leur affectation pour des raisons logistiques ? Du côté du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques, c’est le silence radio sur le sujet.

Le responsable du programme des volontaires, Alexandre Morenon-Condé, déclarait, fin mars, que « ce n’était pas quelque chose de significatif qui pouvait poser problème », brandissant la solution « de plusieurs milliers de remplaçants ». Et à moins d’un mois des JO, le rêve olympique reste encore l’un des rares moteurs de ces volontaires… très dévoués.

Emilie Auffret