« La personnalité des candidats compte » : sur le marché du Rouget-Pers ce dimanche 30 juin, lors du premier tour des législatives
« Maintenant, je vais accomplir mon devoir comme on dit », lance une cliente en quittant l’étal du boucher. Il est 9 heures passées de quelques minutes au Rouget-Pers. Ce dimanche 30 juin, c’était jour de vote, dans le cadre du premier tour des élections législatives anticipées, et de marché.
Sous un ciel gris où la pluie hésite à s’inviter, les habitués du rendez-vous hebdomadaire ne sont pas encore nombreux à se presser autour des étalages de fruits et légumes, de plats à emporter, de boucherie-charcuterie ou d’habillement. « Ici, on ne parle pas de politique avec nos clients », sourit un vendeur de fraises, venu du Lot voisin. Les affaires sont plutôt calmes. Il est arrivé à la fraîche. « À 7 heures pile, je coupais le moteur. Mais ça va venir, une fois que les gens auront voté. » Du bar Le BDK, qui borde l’artère principale de cette commune de la Châtaigneraie cantalienne, à une vingtaine de kilomètres d’Aurillac, c’est ambiance guinguette ce matin. Si les personnes interrogées répètent qu’il est important d’aller voter, elles refusent de dire comment.
L'orage de la veille et l'exploit de Bardet plutôt que la politiqueLes discussions tournent surtout autour de l’orage et des trombes d’eau qui se sont abattues la veille, dont les rues en portent encore les stigmates avec de larges flaques d’eau et des feuilles un peu partout sur la chaussée et sur l’exploit du cycliste auvergnat Romain Bardet, maillot jaune dès la première étape du Tour de France.
« Ça permet de nous aérer l’esprit, car la politique, ça fait trois semaines qu’on ne parle plus que de ça à la télé, à la radio, dans les journaux… »
Dans cette commune rurale où Marine Le Pen au premier tour puis Emmanuel Macron étaient arrivés en tête du scrutin présidentiel en 2022, la liste de Jordan Bardella s’est adjugé la première position le 9 juin, avec 38,5 % des suffrages exprimés. « Il y a de la colère, c’est sûr. Mais pour les législatives chez nous, la personnalité des candidats, que l’on connaît bien pour certains, compte encore. On ne devrait pas avoir trop de surprises, hein ? », pronostique-t-il.En s’éloignant de la place du bourg dominée par le clocher de l’église Sainte-Thérèse, direction la salle polyvalente à cinq cents mètres de là où se tient le bureau de vote, on s’apprête, dans l’école voisine, à fêter la fin de l’année scolaire. Au programme : un repas pour une centaine de personnes, puis kermesse et exposition des travaux réalisés par les enfants l’après-midi. « Il est encore un peu tôt, confie-t-on. Ça va commencer à s’agiter aux alentours de 11 heures. Je suis allé voter. C’est un devoir civique. »
Un bureau test pour la préfectureGilles Combelle, le maire, assure la tenue du bureau depuis l’ouverture du scrutin, à 8 heures. Sur la table, les bulletins des six candidats dans cette première circonscription sont parfaitement alignés. Entre l’isoloir et l’urne, ça ne désemplit pas. À 9 h 30, déjà 10 % des 876 inscrits avaient voté. À midi, la participation était de 34 %, en hausse de cinq points par rapport aux européennes. Et de 68,8 % à 17 heures (18 points de plus que le 9 juin, à la même heure). Le Rouget-Pers a été choisi comme bureau test par la préfecture. En 2022, les résultats étaient presque le reflet des scores des différents candidats en lice pour le premier tour des législatives. Ce qui leur permettra de donner des estimations vers 20 heures.« Il faut que les sondeurs arrêtent de vouloir donner les résultats avant le vote. Là, ils vont se planter avec tous les abstentionnistes qui vont voter, vous allez voir ! », promet une dame en sortant du bureau de vote.
Les résultats. Inscrits : 876. Votants : 630. Participation : 71,92 %. Exprimés : 612. Blancs : 10. Nuls : 8. Vincent Descœur, 39,22 % (240 voix) ; Dorothée Gallais, 35,13 % (215 voix) ; Valérie Rueda, 20,59 % (126 voix) ; Denis Sabot, 4,25 % (26 voix) ; Rémy Dauvillier 0,49 % (3 voix) ; Jean-Jacques Bruxelle, 0,33 % (2 voix).
Emmanuel Tremet