À Maurines, un vote RN illustration du "ras-le-bol" de la ruralité cantalienne
Dans la mairie de Maurines, les 86 électeurs passent, au compte-gouttes, dans l’isoloir. Le principal sujet de discussion?? La météo. Le temps grisâtre, pluvieux et frais qui s’éternise en cette fin juin. « Mes préoccupations?? La maire qui m’a grillé le “Stop”, hier », rigole Michel, retraité, devant Pierrette Beauregard, première élue de la commune. On plaisante, on discute du quotidien, moins de la politique.
Le RN en têteLes urnes parlent pour les habitants. En 2022, Marine Le Pen était arrivée en tête du premier tour de la présidentielle avec 36,9 % des voix exprimées, devant Éric Zemmour (18,5 %). Marine Le Pen, première, aussi, au second tour (73,6%) de ces présidentielles. Aux européennes, il y a trois semaines, Jordan Bardella avait fait cavalier seul (70 %, 42 voix). Seules les législatives 2022 avaient résisté à l’extrême droite, plaçant Jean-Yves Bony, le candidat LR, en tête.
Mais, dimanche 30 juin, Maurines a confirmé sa tendance en plaçant le candidat du Rassemblement national, Gilles Lacroix, en tête de ces législatives anticipées (63,6 % des inscrits, 42 voix).
« Ce n’est pas que de la colère, c’est l’envie d’essayer autre chose quand les autres partis ne répondent pas aux attentes, estime Jean-Charles, militaire à la retraite. Les petites exploitations ont des soucis au quotidien, les retraites ne sont pas mirobolantes. Sur nos territoires, nous sommes les oubliés. »
« Un rejet du Président »Le pouvoir d’achat, c’est la préoccupation qui revient sur les lèvres de pratiquement tous les Maurinois. « J’ai changé mon vote depuis 2022, à cause de la question du pouvoir d’achat. Ce serait pas mal de pouvoir vivre de nos salaires », confie Karine, agent thermal.
Comme elle, beaucoup d’habitants travaillent en dehors de cette commune qui ne compte plus aucun commerce. « Il y a une mauvaise prise en compte de la ruralité, notamment sur le problème des transports, estime la maire de Maurines. On parle du train, mais ici, il n’y a pas de rail et les habitants payent l’essence au prix fort. »
L’élue estime qu’un vote extrême droite a toujours existé à Maurines mais qu’il augmente, comme ailleurs, depuis plusieurs élections. « Il y a un rejet du Président », ajoute-t-elle. « Un ras-le-bol, confirme Michel, retraité. On nous a menti pendant sept ans. Ça suffit. Faire barrage au RN, ça sert à quoi?? Les choses vont bouger. Dans le bon sens?? Pas sûr. On verra bien. »
Mathieu Brosseau