Comment militants et sympathisants du RN ont vécu cette soirée d'élections dans le Puy-de-Dôme

Ils étaient près d'une vingtaine de sympathisants, militants, membres du bureau et candidats du Rassemblement national puydomois, à se retrouver dès 19 heures, ce dimanche 30 juin, dans un bar-restaurant de Pont-du-Château, pour vivre ensemble cette soirée d’élections.

A quelques secondes de l’annonce des résultats nationaux, Isabelle Dupré, candidate sur la deuxième circonscription, croise les doigts face à l’écran de télévision. Suivent les applaudissements. Les sourires sont sur tous les visages. "Qu’est ce que c’est beaucoup 28 %", souffle cette militante face aux résultats du Nouveau front populaire.

"Je suis dans l’émotion", lâche Isabelle Dupré. Nouveaux applaudissements à l’écoute des premières réactions de Marine Le Pen, élue dès le premier tour dans le Pas-de-Calais. Et de nouvelles salves encore lorsque leur candidat local entre sur le plateau de France 3. "Quelle prétentieuse celle-là ! Elle a un melon !", lance un militant quand la députée sortante, Laurence Vichnievsky, candidate Ensemble prend la parole.

Tee-shirt noir, doudoune rouge sans manches, Aurélien Briquet est le plus jeune sympathisant du groupe. A 18 ans, il a voté pour la première fois le 9 juin dernier. Il est adhérent au RN depuis août 2022, parti au sein duquel il a commencé de militer début 2023. Lui se reconnaît dans ce parti autant sur "le programme social qu’économique, le pouvoir d’achat, la fin de l’immigration… C’est important que des jeunes se mobilisent pour leur avenir, l’avenir de leurs enfants s’ils en ont."

Par rapport aux résultats, il ne peut que se féliciter :

Les sondages indiquaient ça et ça montre une grande évolution. En 2021, on était à huit députés… On est passé à plus de 200 selon les projections, c'est vraiment impressionnant. Ça ravive l’espoir que certains ont perdu.

Pendant les législatives, cet étudiant en première année d’histoire a tracté et va être à nouveau mobilisé dans l’entre deux-tours. Il est le suppléant de Brigitte Carletto, sur la cinquième circonscription. S’il est élu, le pouvoir d’achat sera l’un de ses premiers sujets, "je pense que c’est la première des préoccupations, une priorité qui marque beaucoup". Autre cheval de bataille majeur : "La fin du laxisme judiciaire, notamment dans le Puy-de-Dôme".

Dans sa famille, il est le seul à être investi politiquement. Par rapport à ses proches, "on débat, on en parle, mes parents n’en sont pas au point de me renier. On n’est pas forcément d’accord sur tout, mais c’est ça la démocratie".

Guettant attentivement les résultats, Marie-France (prénom d’emprunt), 65 ans, vit pour la politique :

Je suis très heureuse, en espérant que ce sera un peu plus élevé au deuxième tour. C'est mérité. C’est le reflet de tous les Français, les jeunes et moins jeunes, cadres, ouvriers…

Elle poursuit : "Le pouvoir d’achat c’est une chose, mais pour beaucoup, c’est l’insécurité qui domine je pense". Marie-France est militante et adhérente au RN depuis 14 ans. Elle était à l’UMP avant, qu’elle aurait dû quitter beaucoup plus tôt, regrette-t-elle. "J’ai été fidèle, mais quand je ne retrouve pas mes convictions… J’ai quitté l’UMP parce que mes convictions n’étaient plus en adéquation".

Ces résultats, "c’est un espoir parce que là, je me sens en danger. Je suis à Clermont, je ne reconnais plus ma ville". Participer à cette soirée d’élection, c’est avant tout pour elle montrer le respect pour ceux qui se sont battus. "On se bat pour nos convictions. On a la France aux tripes ! Je suis pour tout le monde, mais qu’on nous respecte." Et pour elle, c’est "Marine d’abord. Même si Jordan est formidable, il a une maturité à seulement 28 ans… Mais moi, c’est d’abord ceux qui creusent le terrain. Tout la journée je suis dans la politique : j’ai des livres, des cahiers sur la politique. Je travaille dessus", raconte la retraitée. Dans sa famille, on est tous de droite. Elle est la seule au RN.

En fin de soirée, les applaudissements repartent de plus belle à l'arrivée de Brigitte Carletto, de Louis Clément puis de Benjamin Chalus. "Cinq députés sur le Puy-de-Dôme, c'est historique." Dès ce lundi, la campagne reprendra de plus belle : "Tout est à terminer", conclut Benjamin Chalus. "On n'a pas encore de permanence, mais ça ne va pas tarder, on est sur la montante", renchérit Louis Clément.

Texte : Gaëlle Chazal

Photos : Richard Brunel