Législatives : un duel inédit RN-Nouveau Front populaire dans la première circonscription de l'Allier

Portée par la vague RN, Anne-Marie Thès, inconnue localement, arrive en tête du premier tour. Elle devance le député sortant, Yannick Monnet, de 5.773 voix.

En juin 2022, Yannick Monnet (PCF), qui se présentait pour la première fois à la députation, était sorti en tête du premier tour. Cette fois, le candidat, parti sous la bannière du Nouveau Front populaire, se classe second, avec 28,84 % des voix, derrière Anne-Marie Thès (RN), candidate novice, inconnue localement, qui a séduit près de 40 % des électeurs. Avec 22.816 voix (38,61 %), elle devance de 5.773 voix le député sortant.

Pas de triangulaire

En 2022, la candidate RN, Marie Cibert, n’avait pas accédé au second tour pour seulement 19 voix de moins que Michel Barbarin (Majorité présidentielle). Pas de triangulaire, dans la 1ere circonscription : ni Stéphane Larzat, qui représentait la majorité présidentielle et obtient 14,91 % des voix (9,95 % des inscrits), ni Alexandra Bardet, qui portait les couleurs des Républicains, avec 13,35 % des voix (8,91 % des inscrits) ne sont en position de se maintenir au second tour. Il leur aurait fallu convaincre 12,5 % des inscrits. Les autres candidats, Jean-Marie Guillaumin (DVD) ; Jean-Marc Collot (Lutte ouvrière) et Blandine Agez (Reconquête) sont largement distancés.

Le PCF en tête dans les fiefs de gauche...

Si, sans surprise, Yannick Monnet se classe largement en tête dans les terres historiques de gauche comme Bourbon-l’Archambault (47,04 %), en ville, il résiste bien : 33,71 % à Moulins, 36,89 % à Yzeure. Mais pas partout : à Saint-Pourçain-sur-Sioule, il est distancé par Anne-Marie Thès qui obtient 38,02 % des voix (Monnet, 22,06 %). À Avermes aussi, il est distancé par la candidate lepéniste, qui fait 38,18 % (Monnet, 28,75 %).

Yannick Monnet, candidat du Nouveau Front populaire à Moulins. Photos Séverine TREMODEUXMais des percées importantes du RN

En secteur rural, Anne-Marie Thès réalise des percées importantes : 58,1 % à Loriges ; 51,42 % à Pierrefitte-sur-Loire ; 57,5 % à Coulanges ; 51,37 % à Bagneux ; 41,58 % à Souvigny… Dimanche soir, en préfecture, la candidate RN s’est exprimée : "Je tiens à remercier de tout mon cœur les électeurs de la première circonscription qui m’ont fait confiance. J’appelle les électeurs à se rassembler autour de ma candidature pour le deuxième tour, pour ne pas avoir un gouvernement de gauche violent".

Yannick Monnet (PCF) : "Quel député on veut ?"

Venu découvrir à l’Hôtel de ville de Moulins les résultats de la ville préfecture, Yannick Monnet assurait ce dimanche soir : "Ce résultat n’est pas une surprise, le contexte national a primé sur le contexte local". Avant d’ajouter : "Voir le RN si haut, il y a un vrai souci… C’est aux antipodes de tout ce que je peux défendre, de ce qui a fondé mon engagement politique. On savait qu’il y avait un mécontentement exprimé par un vote d’extrême droite".

Anne-Marie Thès : "Sillonner les routes"

Anne-Marie Thès, la candidature du Rassemblement National, dimanche soir à Moulins.Seul motif de satisfaction : « Le RN progresse, mais nous aussi ». Avec 17.043 voix contre 13.578 au 1er tour de 2022, l’élu PCF a gagné 4.000 voix sur l’ensemble de la circonscription : "Cette campagne éclair, intense, n’a pas été inutile. Je pense qu’on a freiné l’extrême droite"."La question, maintenant, c’est quel député on veut pour la circonscription ? Moi, j’ai toujours donné mon nom, dit où j’habitais. Dire qui on est, c’est respecter les électeurs. J’appelle toutes les forces républicaines à me rejoindre. La colère, je l’ai entendue pendant cette campagne, comme depuis deux ans".

Yannick Monnet, en mairie, dimanche soir.

Pas question de céder au découragement : "On fera tout pour ne pas laisser cette circonscription au RN. Nous sommes dans l’Allier, une terre de résistance ! On n’est plus dans une question de programme de boutique. Il s’agit d’évoquer les fermetures de classes, l’accès à la santé, les projets de développement du territoire. C’est ça, l’enjeu ! Car être député, ce n’est pas seulement faire le beau à Paris, c’est défendre un territoire", assène le candidat qui souhaite débattre avec son adversaire du second tour. "Il ne faut jamais renoncer à discuter avec les électeurs, quels que soient leurs votes".

Tard dans la soirée, il a rejoint des militants à Châtillon, sur les terres de gauche du Bocage bourbonnais.Quelle campagne, pour la candidate RN, qui s’est faite discrète jusqu’au premier tour ? Pierre de Nicolay, son suppléant, a posté ce message sur les réseaux sociaux : "Après le premier tour, nous sillonnerons les routes de la circonscription".

Ariane Bouhours