"Avant, on n’osait pas parler de politique. Maintenant, les clients ne cachent plus leur vote" : la poussée du RN dans le Cantal
« Je ne sais pas si c’est la solution idéale, mais ça ne pourra pas être pire. » Derrière son portail, dans les quartiers pavillonnaires de Saint-Paul-des-Landes, Daniel, 72 ans, explique qu’il a voté pour le Rassemblement national pour la première fois. Avant cette élection, c’était soit la gauche socialiste, soit un vote nul.
La candidate du RN pour la première circonscription du Cantal, Dorothée Gallais, a obtenu 40,6 % des voix dans la commune. Il y a deux ans, son score s’élevait à moins de 15 %. Elle a engrangé 275 voix entre les deux scrutins. La participation a, elle aussi, augmenté de 25 points, soit 350 votants supplémentaires en deux ans.Des électeurs que Nathalie, gérante du café Chez Nath, en plein cœur du village, croise tous les jours. Avant, on n’osait pas parler de politique dans les bars. « Maintenant, les clients ne cachent plus leur vote et ils ne se disputent même plus. »
Ils étaient nombreux à lui avoir annoncé vouloir voter pour le RN, mais elle reste surprise d’un tel score. Selon elle, la première responsable, c’est la baisse du pouvoir d’achat.
Les gens en ont ras-le-bol de tirer sur leur budget toutes les fins de mois
Pour Daniel, glisser le nom de Dorothée Gallais dans l’urne dimanche, c’était exprimer son rejet du Président actuel. « Macron, il nous regarde d’en haut, il ne fait pas partie de notre monde. » Une colère à laquelle s’ajoute un sentiment d’insécurité, suite à une série de cambriolages dans la commune. « Je deviens raciste et il y a beaucoup de gens comme moi. » Avec le RN, il espère un durcissement de la justice et du contrôle des frontières.
Un vote "de rejet"À 20 minutes d’Aurillac, Saint-Paul-des-Landes est décrite comme une « ville-dortoir » par Serge (*) et Elie. Les allers-retours vers la préfecture pèsent dans le porte-monnaie. Les bus sont rares et les taxis chers. « C’est un vote de rejet des élites qui ne se préoccupent pas de nous. » Malgré cela, ils ne s’expliquent pas le discours de certains électeurs du RN :
On ne peut pas parler d’immigration et d’insécurité à Saint-Paul-des-Landes
Même incompréhension pour Jérôme, 49 ans. « C’est encore mieux qu’avant ici. Je crois que les habitants ont justement peur de perdre ce qu’ils ont. » (*) Le prénom a été modifié pour préserver l’anonymat.
Mona Bru