Jérémy Clapin poursuit son étude du deuil avec le fantastique “Pendant ce temps sur Terre”
Cinq ans après la révélation du film d’animation à succès J’ai perdu mon corps, Jerémy Clapin revient avec un second long métrage essentiellement composé de prises de vues réelles. En suivant la communication extraterrestre entre Elsa, une jeune Terrienne, et son frère cosmonaute disparu en mission, le cinéaste poursuit son étude thématique du deuil et de l’acceptation de la perte d’un être cher.
Pendant ce temps sur Terre donne pourtant le sentiment que le passage de l’animation à la prise de vues réelles est vécu par le réalisateur comme une réduction du champ des possibles.
On sent ainsi une obligation à décrire une certaine réalité sociologique sans pour autant la traiter rigoureusement. L’exemple le plus frappant est probablement le travail d’Elsa dans un Ehpad, laissé au stade de caractérisation de personnage lourde en charge symbolique (elle accompagne ses patient·es de la vie à la mort), mais jamais traité matériellement par la somme des gestes de soin qu’elle prodigue au quotidien.
Hyperfocalisation du son
L’habillage sonore est, pour sa part, omniprésent, souvent impressionnant. Chaque son, même éclatant au plus profond arrière-plan de l’image, nous est rendu perceptible. Cette hyperfocalisation produit une déréalisation étrange, comme si le film voulait saisir la matière et la texture des choses exclusivement par le son.
Visant une véritable expérimentation (nourrie également par le surgissement de très belles mais trop rares séquences d’animation, habilement intégrées au montage), Pendant ce temps sur Terre peine néanmoins à se libérer de l’académisme de son récit et reste bloqué dans un entre-deux frustrant.
Pendant ce temps sur Terre de Jérémy Clapin, avec Megan Northam, Sofia Lesaffre, Catherine Salée (Fr., 2024, 1 h 29). En salle le 3 juillet.