La tension monte autour des triangulaires dans le Puy-de-Dôme : les candidats Ensemble doivent-ils se désister ?
Alors que le Puy-de-Dôme doit être le théâtre de deux triangulaires au second tour des législatives, des appels au désistement des deux candidats Ensemble sont relayés sur les réseaux sociaux, au nom du "front républicain" contre le RN. L'un des candidats ciblés répond qu'à l'inverse, son désistement favorisait l'extrême droite...
La tension est montée d'un cran ces dernières heures, dans le Puy-de-Dôme. Au cœur des désaccords : les deux triangulaires attendues au second tour dans la 1re circonscription (Clermont-Cournon) et la 3e circonscription (Clermont-Montagne).
Pour comprendre, il faut rappeler le verdict des urnes au premier tour : sur Clermont-Cournon, Marianne Maximi (Nouveau Front populaire, 38,14 %) est arrivée en tête devant Louis Clément (RN, 27,49 %) et Hervé Prononce (Ensemble, 24,08 %). Sur Clermont Montagne, Nicolas Bonnet (Nouveau Front populaire, 31,72 %) a terminé devant Laurence Vichnievsky (Ensemble, 26,03 %) et Nadine Pers (RN, 25,93 %).
"Vous ne voulez pas prendre le risque..."Dans ce contexte, une question est posée depuis dimanche soir : au nom du front républicain contre le Rassemblement national, les candidats Ensemble Hervé Prononce (Horizons) et Laurence Vichnievsky (MoDem), pour qui les candidats Les Républicains battus ont déjà appelé à voter, doivent-ils se retirer ?
Tous deux ont déjà affirmé leur intention de se maintenir pour le second tour. Or ce choix est vivement critiqué par des militants du rassemblement de la gauche, notamment sur les réseaux sociaux. "Vous porterez une lourde responsabilité si le RN gagne Mme Vichnievsky", lance l'élu écologiste clermontois Thomas Weibel, quand un autre élu de la capitale auvergnate, Grégory Bernard, écrit à l'adresse de la députée sortante : "Vous êtes une Républicaine ! Vous ne voulez pas prendre le risque de céder votre siège au RN."
A la lecture des résultats du premier tour, la candidate du RN Nadine Pers semble pourtant en retrait et devra bénéficier d'un fort report des voix pour espérer l'emporter. Mais puisque l'éventualité n'est pas à écarter, la gauche -dont le candidat profiterait inévitablement d'un désistement de Laurence Vichnievsky-appelle à ne prendre aucun risque. Une pétition "pour le retrait de la candidature de Laurence Vichnievsky à la députation" a même été lancée par les jeunes écologistes d'Auvergne. La députée sortante n'a, pour l'heure, pas répondu à ces interpellations.
— Jeunes écologistes d’Auvergne (@ClfJeunesEcolos) July 2, 2024"Le RN risque de passer si nous nous désistons"Sur Clermont-Cournon, Hervé Prononce a, lui, essayé de défendre le maintien de sa candidature. Le maire du Cendre est la cible des mêmes reproches : pour écarter tout risque de victoire du candidat du RN -même si celui-ci accuse un retard de dix points sur la candidate de la gauche Marianne Maximi-, son désistement est réclamé par certains internautes.
Au contraire, répond Hervé Prononce, "la réalité des chiffres montre que le RN risque de passer si nous nous désistons", assure-t-il sur le réseau X. "Où iront le 10 % de LR (Les Républicains) et ceux qui à juste titre détestent Mélenchon si nous nous désistons ?" Et son suppléant Flavien Neuvy d'appuyer, toujours sur le réseau X : "Avec 27 % des suffrages exprimés et aucune réserve de voix, le RN n'a aucune chance de gagner si nous nous maintenons. Si nous nous retirons, le RN peut gagner." Comprendre : le vrai risque se situe, à leurs yeux, sur un éventuel report vers le RN des 24,08 % d'électeurs qui ont mis leurs noms dans les urnes, en plus des 8,95 % qui avaient voté pour le candidat LR...
— Flavien Neuvy (@flavienneuvy) July 1, 2024A noter, enfin, que ce n'est pas un hasard si ce débat s'intensifie ces dernières heures : les candidats ont jusqu'à ce mardi 18 heures pour déclarer leurs intentions (maintien ou désistement) en préfecture.
Arthur Cesbron