Législatives : Ruffin, Marleix et les macronistes… Les points chauds du second tour
"Battu, pas abattu", déclarait Fabien Roussel, le secrétaire national du Parti communiste, au soir de sa défaite dans la 20e circonscription du Nord. Et pourtant, en poste depuis sept ans, le communiste laisse un siège occupé pendant un demi-siècle par le parti de Maurice Thorez, Georges Marchais et consorts au profit du Rassemblement national en tête dans cette circonscription.
Ce cas de figure s’est présenté dans de nombreux autres endroits de France qui sont en train de basculer lors de ces élections législatives anticipées où une vague bleu marine emporte tout (ou presque) sur son passage.
Ruffin est sonné mais pas K.-O.
Si la sentence est sans appel pour Fabien Roussel, d’autres figures indéboulonnables doivent se contenter d’un inconfortable sursis. En Picardie, le dissident LFI François Ruffin est sonné mais pas K.-O. "Il s’agit de jouer le match. On va rattraper les quatre points dans la semaine qui vient", assure le chef de Picardie Debout, arrivé en deuxième position (33,92 %) derrière le Rassemblement national (40,69 %). Pour le second tour, il ne peut compter que sur un report de voix suite au désistement d’Albane Branlant (22,68 %), candidate de la majorité.
Bien plus au sud, la situation électorale est identique pour son ami Christophe Bex, investi par le Nouveau Front populaire dans la 7e circonscription de Haute-Garonne. Là encore, l’insoumis, candidat à sa réélection, arrive en deuxième position (33,17 %) derrière le Rassemblement national (40,37 %). À gauche depuis presque 40 ans, la circonscription menace de tomber dans les bras lepénistes. Face au danger, la candidate macroniste se désiste. Élisabeth Toutut-Picard, arrivée en troisième position (24,81 %), demande à ses électeurs de "bien réfléchir au modèle de société qu’ils veulent […] et de privilégier le choix le plus apte à protéger les valeurs républicaines et européennes."
La gauche pour sauver le soldat Marleix ?
De son côté, Olivier Marleix accuse un retard conséquent de treize points dans la 2e circonscription d’Eure-et-Loir. Le président du groupe des Républicains à l’Assemblée nationale n’a obtenu que 25,93 % des suffrages. Olivier Dubois, candidat du RN, a quant à lui rafler 38 % des voix menaçant de ravir un siège dans le giron de la droite gaulliste depuis 1988. Seul espoir pour Olivier Marleix ? Les votes de gauche. 153 voix derrière le candidat de droite, Nadia Faveris a tout de même choisi de se désister. La candidate socialiste s’est alignée sur les directives nationales.
Olivier Marleix n’est pas le seul adversaire politique a profité du désistement de la gauche. L’ex-Première ministre, dont l’image est indéniablement associée à la réforme des retraites et à la multiplication des 49.3, espère profiter du désistement du candidat NFP dans sa circonscription de l’Orne. Arrivée deuxième (28,93 %), Elisabeth Borne doit combler un peu plus de 8 points pour espérer devancer le candidat du RN, Nicolas Calbrix.
La situation des cadres du gouvernement est délicate
Dans les Landes, Geneviève Darrieussecq, ex-ministre déléguée chargée des Personnes handicapées, espère sauver sa circonscription des mains du RN. Ravi à la gauche en 2017 par cette encartée au MoDem, le territoire pourrait tomber dans les mains de Véronique Fossey. Avec 37,23 % des voix, la candidate du RN supplante de neuf points l’ex-ministre des gouvernements Philippe, Castex et Borne. Là aussi, la majorité espère payant le désistement de la candidature NFP, arrivée en troisième position.
@lexpress ????️ De nombreuses circonscriptions pourraient connaître une triangulaire lors du second tour des élections législatives anticipées. Tout dépend désormais des stratégies de chaque parti. #législatives #politique #france #podcast #apprendresurtiktok #tiktokacademie #Sinformersurtiktok #newsattiktok
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La situation des cadres du gouvernement est délicate. Les résultats du premier tour ont poussé au désistement cinq ministres de Gabriel Attal : Sabrina Agresti-Roubache (secrétaire d’État chargée de la Ville), Patricia Mirallès (Secrétaire d’État chargée des Anciens Combattants et de la Mémoire), Dominique Faure (ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales), Fadila Khattabi (ministre déléguée chargée des Personnes âgées) et Marie Guévenoux (ministre déléguée chargée des Outre-mer). De leur côté, Stanislas Guérini et Agnès Pannier-Runacher ont réussi à se qualifier. Mais le premier accuse dix points de retard. Lui ne pourra pas compter sur le désistement puisqu’il se trouve derrière Léa Balage El Mariky, candidate écologiste du NFP. La deuxième doit, elle, boucher un retard de près de 16 points sur le RN. Dans sa 2e circonscription du Pas-de-Calais, elle pourra tout de même compter sur le désistement du candidat NFP.
Néanmoins, si le désistement apparaît comme l’outil le plus efficace pour les blocs de gauche et du centre, il s’agit surtout d’un pari sur la capacité des électeurs à suivre une consigne de vote. Dans d’autres situations, comme les quadrangulaires, il peut se révéler inefficace.
La 8e circonscription du Rhône, qui a vu se qualifier quatre candidats au second tour, risque de tomber dans l’escarcelle du RN après une quarantaine d’années passées sous les couleurs de la droite gaulliste. Arrivée en quatrième position (20,66 %), Nathalie Serre - la députée Les Républicains sortante - a choisi de se maintenir derrière le RN (33,46 %), le NFP (22,75 %) et la majorité (21,18 %). Mais cette dernière a choisi le désistement. Probablement en vain.