L'étonnante poussée du RN dans la deuxième circonscription du Puy-de-Dôme
L'inconnue du premier tour des élections législatives, dans la deuxième circonscription du Puy-de-Dôme, était le niveau qu'atteindrait le Rassemblement national (RN). La réponse s'est avérée étonnante : Isabelle Dupré, la candidate du Rassemblement national, a obtenu 34,34 % des voix. Seuls 1.189 bulletins la séparent de la députée sortante, Christine Pirès-Beaune (NFP), arrivée en tête avec 36,2% des suffrages.
A l'instar de la vague qui a déferlé sur la France, la deuxième ciconscription a fait une place inédite au parti d'extrême-droite. Le rassemblement national arrive en tête dans près de la moitié (46 %) des communes. C'est dans la pointe nord-est de la circonscription qu'Isabelle Dupré a obtenu ses meilleurs score : Mons (54,03 %), Saint-Denis-Combarnazat (53,85 %), Randan (49,15 %), Saint-Sylvestre-Pragoulin (44,77 %) et Villeneuve-les-Cerfs (51,61 %).
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Inutile de dire que les scores obtenus par cette même candidate aux précédentes élections législatives ont été enfoncés : en 2022, Isabelle Dupré avait rassemblé 16,40 % des votes. Mais il est vrai que la poussée du parti d'extrême-droite dans la circonscription était déjà sensible depuis plusieurs années, chaque élection enfonçant un peu plus le pieu de son enracinement dans le Puy-de-Dôme.
Y a-t-il un vote rural et un vote urbain ?A Riom, tous les bureaux de vote ont placé Christine Pirès-Beaune en tête. Sans surprise, la candidate Nouveau Front Populaire y pointe largement devant avec 41,67 % des bulletins. La députée sortante a également remporté les suffrages de Châtel-Guyon (29,43 %), Mozac (37,43 %), Volvic (43,94 %), Ménétrol (39,67 %) Elle s'est donc largement imposée dans la proche agglomération de Riom... Faut-il en déduire qu'il existe un vote rural acquis au Rassemblement national et un vote urbain attaché à la candidate socialiste ?
Cette hypothèse ne résiste pas rééllement à l'étude de la carte du premier tour. Car, hormi la pointe nord-est évoquée plus haut et le bassin de Saint-Eloy-les-Mines (Saint-Eloy, Youx, Montaigut, Lapeyrouse, Moureuille...), où le Rassemblement national obtient ses meilleurs scores, il est difficile de trouver une homogénéité à ce vote. Les communes paraissent dispersées "façon puzzle".
Quelle campagne fait la candidate RN ?Avant le premier tour, Isabelle Dupré convenait du fait que les électeurs qui s'apprêtaient à voter Rassemblement national auraient davantage en tête les noms de Jordan Bardella et Marine le Pen que le sien. Elle-même ne souhaitait que "représenter le parti dans la circonscription". Son visage n'était pas présent sur son affiche ni sur ses documents de campagne.
La campagne d'Isabelle Dupré pour le premier tour a été très discrète. La candidate n'avait pas souhaité se rendre à Saint-Georges-de-Mons, au chevet de La Manufacture des lumières, à l'invitation des employés de l'entreprise récemment liquidée. Elle avait avlors expliqué "ne pas aimer la confrontation". La campagne pour le second tour semble prendre les mêmes atours de furtivité.
Quelle est la position des candidats écartés du second tour ?Sarah Chauvin (Les Républicains) a obtenu 14,13 % des suffrages au premier tour ; Jean-Paul Lebrec (Renaissance) est arrivé à la quatrième position avec 12,81 %. Ces deux candidats non qualifiés pour le second tour ont adopté une position identique : ils ne donnent pas de consigne de vote pour l'un ou l'autre des candidats, estimant ne pas être les "propriétaires" des voix qui se sont portées sur leur nom.
Jean-Baptiste Ledys