Le directeur général de l'association Viltaïs licencé

Le directeur général de Viltaïs, Yannick Lucot, vient d’être remercié par le Groupe SOS, qui officie depuis février dernier auprès de Viltaïs. La situation économique de Viltaïs s’est révélée « plus dégradée qu’annoncé » après un audit qui a « mis en lumière des dysfonctionnement imputables à la direction générale ».

En février dernier, l’association Viltaïs a rejoint le Groupe SOS Solidarité, le leader français de l’entrepreneuriat social en Europe, afin de " renforcer ses actions au profit des populations vulnérables ". Un rapprochement qui faisait suite à des problèmes financiers rencontrés par la structure, notamment en termes de trésorerie. Ce rapprochement ambitieux visait " à amplifier les réponses aux besoins des populations les plus exclues dans les vingt-six départements d’action de l’association Viltaïs, principalement en Auvergne-Rhône-Alpes ". Rapprochement qui, quelques mois plus tard débouche sur un divorce avec son directeur général, Yannick Lucot, en poste depuis vingt-quatre ans.

Un conseil d’orientations stratégiques aujourd’hui

Dans un communiqué de presse, le Groupe SOS explique que " la situation économique de Viltaïs s’est révélée plus dégradée qu’annoncé. En effet, l’audit financier conduit par les équipes du Groupe SOS, en complément du rapport de la Chambre régionale des comptes, a mis en lumière des dysfonctionnements imputables à la direction générale de Viltaïs. Face à cette situation, le Groupe SOS a immédiatement pris les mesures nécessaires pour garantir la pérennité financière de l’association Viltaïs, dont l’importance est cruciale pour apporter des solutions aux publics les plus vulnérables. Toutefois, cette pérennisation ne peut se construire aux côtés du directeur général actuel, qui a donc été licencié en date du 3 juillet 2024 ". Sans rien révéler de ces " dysfonctionnements "

Selon nos informations, les personnels de Viltaïs ont été mis au courant le jeudi 4 juillet, dès le lendemain. Cet après-midi, se tiendra, à Moulins, un conseil d’orientations stratégiques, auquel participeront le président de Viltaïs Jacques Layahe, et Gaëlle Tellir, vice-présidente exécutive en charge des solidarités et du social, de la participation des usagers et de l’égalité des genres au Groupe SOS, pour annoncer aux partenaires de Viltaïs ce licenciement et la réorganisation de la direction.

" Isabelle Lacharme, secrétaire générale de l’association Viltaïs, assurera la direction générale par intérim, garantissant la continuité et la bonne gestion de l’association ", explique le Groupe SOS dans son communiqué. " L’ensemble de l’association, notamment les fonctions support telles que la comptabilité, bénéficieront de l’accompagnement du Groupe SOS. Les procédures rigoureuses du Groupe SOS viseront à empêcher la réapparition de tels dysfonctionnements ". Et de conclure : " Le Groupe SOS réaffirme sa volonté de stabiliser et de pérenniser les missions cruciales de l’association. Nous avons une confiance totale dans l’engagement et la résilience de cette structure, et nous soutenons et remercions les équipes qui œuvrent quotidiennement sur le terrain. Le Groupe SOS ne fera aucun commentaire supplémentaire… "

Viltaïs compte 340 salariés et accompagne 6.000 personnes chaque année.

" Je ne suis qu’un salarié, et je ne suis ni comptable, ni directeur financier "

La pilule est amère pour Yannick Lucot : " Cela fait vingt-quatre ans que je suis à Viltaïs. Quand je suis arrivé, nous étions dix-sept salariés. Aujourd’hui, plus de 300 personnes travaillent pour Viltaïs. Le choix qui a été fait de rejoindre le Groupe SOS était le meilleur, et je le pense vraiment, notamment en raison du contexte ", explique l’ancien directeur général.

" J’assume, et surtout je souhaite le meilleur qui soit à l’ensemble des salariés de Viltaïs. J’ai forcément une pensée pour mes collaborateurs, que j’ai vu grandir au sein de la structure. Je ne renie rien et tout ce qui était décidé, était validé et signé par la présidence et le comité directeur. Je tiens à le préciser : je ne suis qu’un salarié, et je ne suis ni comptable, ni directeur financier. Ce sont des décisions qui font partie d’une entreprise. Pendant toutes ces années, nous avons réalisé de belles choses, fait grandir la structure, développé l’insertion et la réinsertion, l’accueil des jeunes migrants mineurs, etc. Il y a eu le succès de Festi’BD, l’écurie moto en endurance et pleins d’autres projets. Forcément, je suis plus exposé en raison de mes engagements politiques (*). C’est une page qui se tourne à Viltaïs... Une page lourde ".

(*) Yannick Lucot est conseiller régional à l’économie solidaire, conseiller communautaire à Moulins communauté et président de la commission transports et mobilité, et 4e adjoint au maire de Moulins en charge des finances, de l’administration générale, de l’état civil et du personnel. 

Alexandre Chatenet