Pourquoi Sting, en concert, à Brive, ce soir, est sans doute la plus grande star jamais accueillie en Corrèze
Il est la cerise sur le gâteau d’anniversaire du Lovely Brive Festival. Sting ouvre l'édition des 20 ans, ce jeudi soir, 11 juillet, en compagnie d’Annie Lalalove et d’Imany. Et il faut remonter loin pour retrouver une star planétaire de cette trempe-là sur les scènes corréziennes. L’événement briviste a déjà frappé fort à l’international, mais là, ce soir, les festivaliers seront face à une véritable légende vivante. Voici pourquoi.
La Corrèze a vu passer Iggy Pop à la patinoire de Brive, Johnny Clegg, à Brive Plage en 2008, les Black Eyed Peas à Brive Festival en 2022… Le département n’est pas vraiment sur la route des tournées mondiales de ces stars planétaires mais, ce soir, jeudi 11 juillet, c’est une légende vivante qui fait escale sur la scène du Lovely Brive Festival. C’est ce que recherchait Stéphane Canarias, le directeur de l’événement, pour célébrer vingt ans de musique et de fête. Le public ne s’y est pas trompé. 15.000 personnes sont attendues ce soir au parc des Trois Provinces. Une record. Mais au-delà de la machine à tubes, voici pourquoi Sting, 72 ans, est une véritable légende vivante.
Parce qu’il fait partie des artistes qu’on ne connaît que par leur surnom
Faites le test. Demandez à dix personnes autour de vous si elles connaissent Gordon Sumner. Si au moins une d’entre elles vous répond Sting, prenez-là dans votre équipe pour votre prochaine soirée Trivial Pursuit.Blague à part, ce détail montre à lui seul combien le musicien anglais fait partie du patrimoine, à l’image d’un Bono ou d’un Prince, pour ne citer que deux autres géants. « Même ma femme m’appelle Sting. Elle ne connaît même pas mon vrai nom, je ne lui ai jamais dit… Moi-même j’ai oublié mon vrai nom », glissait-il, plein d’humour, il y a cinq ans, dans une interview au magazine américain GQ.
Pour ceux qui en ignoreraient encore l’origine, le surnom de Sting (« dard » en français) lui colle à la peau depuis ses tout débuts, lorsqu’un membre du groupe de jazz au sein duquel il évoluait du côté de Newcastle, l’avait baptisé ainsi en référence à ses pulls aux rayures jaune et noir, style guêpe. Ce surnom faisait aussi référence à l’époque à son succès auprès des dames.
Parce qu’il a enchaîné les tubes avec Police ou en solo
On pourrait remplir cet article avec les chansons que Sting a gravé dans la mémoire collective. Ce n’est pas un hasard, si près de cinq décennies après ses débuts, il compte parmi les vingt artistes à avoir décroché le plus grand nombre de Grammy awards (six avec Police, dix-sept en solo), l’équivalent des oscars de la musique outre-Atlantique.
On pense, évidemment, aux pépites écrites avec Steward Copeland et Andy Summers, ses deux acolytes du groupe The Police, entre 1978 et 1983, de So Lonely à Can’t stand losing you en passant par Message in a bottle, Don’t stand so close to me, et, bien sûr, Every breath you take, élue chanson de l’année en 1984, ou Roxanne, dont on a (presque) tous un jour ou l’autre hurlé le refrain.
Mais ce serait oublier combien Sting a encore tutoyé les sommets en solo avec, entre autres, Russians, Fields of gold, Fragile et son imparable Englishman in New York. Rien que ça, ça vous situe le bonhomme sur la carte de la musique pop.
Parce qu’il s’est autorisé toutes les libertés
De la musique punk aux accents reggae de ses débuts avec Police à ses albums puisant plus dans le jazz, Sting n’a jamais été avare de contrepieds. Surtout pas question pour l’artiste de dupliquer les recettes du succès et de se laisser enfermer dans un style. Au risque, parfois, de perdre ses auditeurs, mais aussi d’aller en chercher de nouveaux.
Il fallait oser, par exemple, sortir Songs from the Labyrinth, en 2006, où il collabore avec un luthiste pour jouer la musique de John Dowland, un compositeur du XVIe siècle. Oser, aussi, s’aventurer du côté de la comédie musicale comme il l’a fait en 2013, avec son album The last ship, en hommage aux anciens chantiers navals de Newcastle, lui l’enfant de la banlieue ouvrière voisine de Wallsend.
Parce qu’on ne compte plus les artistes qu’il a inspirés
En musique, le poids d’un artiste se mesure (aussi) aux envies qu’il suscite chez d’autres. Et de ce point de vue là, le moins que l’on puisse dire, c’est que Sting a fait des émules avec une foultitude de reprises dont certaines par des légendes à l’image du Fragile d’Issac Hayes ou de la version hantée de I hung my head par Johnny Cash au crépuscule de sa vie.
Ses tubes ont aussi servi des grands noms du rap, à commencer par Puff Daddy et son I’ll be missing you ou, tout récemment, Kanye West qui a repris des bouts de Roxanne dans son titre Paid ou encore 50 cent, Nas et Tupac. Le site « WhoSampled », spécialisé dans la traque des morceaux réutilisés par des rappeurs, en a dénombré plus d’une centaine en tout. C’est dire.Et puis, il y a toutes ces collaborations, parfois un peu surprenantes, dont Sting est friand. Il faut une star-caméléon comme lui pour passer d’un duo avec Clapton pour la bande-son de L’Arme Fatale 3 à des morceaux avec Zucchero, I Muvrini, Mylène Farmer, Lady Gaga et même… Gims qui sera sur la scène du Lovely Brive Festival, samedi.
Parce qu’il est « chic et engagé »
Stéphane Canarias pensait à Lenny Kravitz ou encore Liam Gallagher, ancien chanteur d’Oasis pour cette édition 2024 exceptionnelle. Le choix s’est finalement porté sur Sting, artiste du catalogue Live Nation, avec qui le directeur du festival a déjà travaillé pour acheter des concerts d’IAM, Martin Solveigh ou encore Kungs. « Sting, c’était une envie de longue date, confiait-il. Il correspond au côté “chic et engagé” de Brive Festival. »
Engagé contre la famine et pour les droits humains auprès d’Amnesty International dans les années 1980. Engagé contre les attentats et la barbarie, récoltant des fonds pour les familles des victimes du 11 septembre, rouvrant le Bataclan, un an après le drame du 12 novembre 2015.
Mais la cause qui fait désormais partie de son ADN, c’est la défense de l’environnement. En mars 1989, il crée la fondation Rainforest. Son objectif : participer à la protection des forêts tropicales et des peuples indigènes qui y vivent. Prise en avril 1989 à Paris, la photo du chanteur, cheveux aux épaules, en compagnie du chef amazonien Raoni a fait le tour du monde.
Avec sa chanson One Fine Day, sortie en 2016, il espère (avec second degré bien sûr) que les climato-scpetiques puissent avoir raison. « Il devient plus difficile d’être optimiste, parce que le problème environnemental nous confronte à une crise existentielle profonde, et que les seuls à pouvoir vraiment agir sont les États-Unis, la Chine, et l’Union européenne », confiait-il à nos confrères du Parisien en 2019.
Parce qu’il est une icône de la culture populaire
Sa popularité, Sting la doit aussi, pour partie, au grand et au petit écran. Avec quelques vrais rôles comme dans le Dune de David Lynch, ou le Arnaques, crimes et botanique de Guy Richie.
Avec beaucoup d’autodérision et un humour so british, le chanteur a aussi très souvent joué son propre rôle aussi bien sur grand écran comme dans le Kaamelott d’Alexandre Astier, que dans des séries telles qu’Ally McBeal ou plus récemment dans Only Murders in the Building sur la plateforme Disney +. En 1992, le policeman a même eu droit à ce qui se rapproche le plus d’une panthéonisation dans la culture pop en apparaissant dans la saison 3 des Simpson. Si ça, c’est pas LÉGENDAIRE !
Emilie Auffret et Michaël Nicolas