Premier semestre en demi-teinte pour le Livret A et le LDDS
Cette collecte nette (différence entre les sommes versées et celles retirées par les épargnants) se place à la septième place des montants récoltés sur une première moitié d'année depuis 2009, année référence où la commercialisation du Livret A a été généralisée à toutes les banques.
L'encours total des deux livrets, dont les caractéristiques sont proches, atteignait 579,9 milliards d'euros au 30 juin, dont 425,5 milliards pour le Livret A, produit phare de l'épargne réglementée, selon les données publiées mardi par la Caisse des dépôts (CDC).
Le mois de juin 2024 a été honorable (1,8 milliard d'euros de collecte nette pour les Livrets A et les LDDS). Mais à l'échelle du semestre la comparaison avec l'an dernier n'est pas flatteuse. Entre janvier et juin 2023, les deux livrets avaient attiré 34,5 milliards d'euros, soit un montant plus de deux fois supérieur à celui de la même période cette année.
Le taux de ces livrets, passé de 2% à 3% le 1er février 2023, un niveau plus vu depuis 2009 et très attractif par rapport aux autres produits d'épargne proposés par les banquiers et les assureurs, avait permis à ces livrets réglementés de faire le plein comme jamais auparavant.
Il est maintenu à 3% jusqu'à fin janvier 2025, avait confirmé le 12 juillet le ministre de l'Economie Bruno Le Maire. Un niveau supérieur à l'inflation mais inférieur à ce qu'auraient pu avoir les épargnants si la formule théorique de calcul avait été strictement appliquée.
Meilleure dynamique
Le Livret d'épargne populaire (LEP), réservé aux ménages modestes, bénéficie d'une meilleure dynamique.
Son encours a crû de 570 millions d'euros au mois de juin et de 4,5 milliards d'euros depuis le début de l'année, sa deuxième meilleure performance après le record de l'an dernier.
L'encours au 30 juin atteint un niveau inégalé, à 76,4 milliards d'euros. Cela représente une augmentation de 35% sur un an.
Le nombre de détenteurs de LEP a lui aussi fortement augmenté ces derniers mois: il tourne autour de 11,5 millions.
L'ouverture de LEP parmi les quelque 19 millions d'épargnants éligibles en France est un cheval de bataille pour Bruno Le Maire et le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, qui ont multiplié depuis deux ans les prises de parole pour assurer sa promotion.
Un frein cependant à sa démocratisation: ne sont éligibles que les personnes déclarant jusqu'à 22.419 euros de revenu fiscal pour une personne seule, ou 34.393 euros pour un couple (deux parts).
Au rythme de croissance actuel, l'objectif de 12,5 millions de détenteurs à l'été 2024, porté par la Banque de France, risque de n'être pas atteint.
Réveil de la concurrence
Quasi imbattables l'an dernier, les taux des livrets d'épargne réglementée subissent depuis plusieurs trimestres le réveil de la concurrence.
Le taux de revalorisation moyen des fonds euros de l'assurance vie pour l'an dernier "a augmenté de manière importante", pour avoisiner 2,6% (hors prélèvements fiscaux et sociaux), expliquait par exemple mardi une synthèse de l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR).
Il devrait redescendre autour de 2,50% pour cette année, selon le président du cabinet spécialisé Facts & Figures, Cyrille Chartier-Kastler.
Les comptes à terme font mieux, selon les dernières données de la Banque de France: le taux de rémunération moyen des produits inférieurs ou égaux à deux ans approche 3,6%.
Autre facteur: l’hémorragie des dépôts à vue, desquels se sont échappés près de 90 milliards d'euros depuis l'été 2022, semble s'être arrêtée depuis le début de l'année, profitant ainsi moins aux livrets réglementés.
La Caisse des dépôts et les banques qui se répartissent la rémunération de ces livrets peuvent s'attendre à verser des intérêts record en tout début d'année prochaine. Ils pourraient dépasser 17 milliards d'euros pour les seuls Livrets A et LDDS, et même 20 milliards en y ajoutant les LEP.