"Il la considère comme un objet", un homme condamné à Cusset pour violences habituelles sur son épouse
« Tout ce qu’elle possède, c’est grâce à moi. Je me suis sacrifié pour elle. » Arrivé sous escorte dans le box des prévenus, après deux mois de détention provisoire, le trentenaire se défend en affirmant que son épouse a exagéré la situation. Elle ne serait pas une femme battue et isolée.
Un prévenu en pleurs à l'audienceC’est elle, au contraire, qui n’aurait jamais voulu travailler, passerait son temps sur les réseaux sociaux et serait même jalouse. Deux de leurs quatre enfants, les plus âgés de la fratrie, auraient été « formatés et préparés » par elle avant les auditions, afin de corroborer ses déclarations. Il « l’aime » et se met à pleurer.
Pour le parquet du tribunal de Cusset, la culpabilité de ce père de famille ne fait pas de doute. « Il essaie de sauver sa peau », déclare Marine Mercier, substitut du procureur. Dix-huit mois de prison, dont six assortis du sursis probatoire avec obligation de soin, sont requis à l’encontre du prévenu jugé, mardi 23 juillet, en comparution immédiate à délai différé.
Le dépôt de plainte de l’épouse, au commissariat de Vichy, remonte au 21 mai dernier. Au cours des entretiens, un tout autre tableau est dépeint. La plaignante décrit des violences et des insultes qui auraient cours depuis une dizaine d’années, avec une augmentation de leur intensité au fil du temps.
MenacesUn jour, il la menace « d’être découpée et donnée aux chiens ». Un autre, de « lui trancher la peau » en agitant une bouteille cassée. Les enfants affirment avoir assisté à des violences au domicile. Des rapports sexuels non consentis sont aussi dénoncés, bien que le prévenu ne soit pas poursuivi pour cela.
« Si une personne doit pleurer, c’est ma cliente. Il la considère comme un objet. Elle lui doit tout. Ce n’est jamais sa faute. »
C’est une claque au visage qui la pousse à déposer plainte. Un hématome de 2 cm de diamètre sur sa cuisse est relevé par un médecin, qui délivre un certificat avec un jour d’ITT. Lors de la perquisition du domicile, 3,13 g de cannabis sont trouvés.
Son sexe exhibé face caméra en garde à vueEn cellule, dans le cadre de sa garde à vue, le prévenu baisse son pantalon et exhibe ses fesses, puis son sexe devant la caméra de vidéosurveillance. Ce comportement lui vaut d’être aussi poursuivi pour exhibition sexuelle.
Chargé d’une expertise avant l’audience, un psychiatre ne relève pas d’altération du discernement, seulement un « deuil maternel » difficile.
« La solution n’est pas d’enfermer monsieur, mais de faire en sorte qu’ils se séparent. »
Reconnu coupable de l’ensemble des faits, il a été condamné à dix-huit mois de prison, dont huit assortis du sursis probatoire pendant deux ans avec obligation de soin. Le tribunal a ordonné son maintien en détention et deux interdictions : entrer en contact avec la victime et paraître dans l’Allier.
Estelle Dissay