Duralex suspendu à la voix du juge : le tribunal de commerce d'Orléans doit se prononcer sur l'avenir de la verrerie
Vendredi 26 juillet, à 10 heures, lors d’une audience publique, les salariés de la verrerie historique de La Chapelle-Saint-Mesmin, devraient être fixés sur leur avenir. Le tribunal de commerce fera connaître sa décision sur le futur repreneur de Duralex. Le 17 juillet, pendant une audience à huis clos qui a duré six heures et demie, les trois candidats à la reprise ont présenté leur plan de redressement pour l’entreprise.
Trois projets de reprisePendant chacun deux heures d’entretien, la holding Tourres et compagnie et le projet de coopérative salariée porté par le directeur actuel du site, François Marciano, ont présenté leurs projets respectifs devant les juges, les représentants syndicaux et la direction actuelle de l’entreprise, La maison française du verre. Le troisième projet porté par le groupe Carlesimo a été entendu de manière beaucoup plus brève, "nous avons une offre minimaliste mais précise", justifiaient-ils.
Adrien Tourres prévoit de conserver 183 personnes sur les 230 employés actuels, et mise sur son savoir-faire avec une verrerie similaire, La Rochère. "C’est cohérent entre les deux sociétés", précisait-il à la sortie de l’audience.
La Scop, une société coopérative salariée, conserverait tous les postes. Ce projet est soutenu par le président de Région Centre-Val de Loire, François Bonneau, et par Serge Grouard, président d’Orléans Métropole. Tous deux ont parlé à l’audience et ont présenté les appuis qui seront apportés par les collectivités.
Le groupe Carlesimo est le moins-disant pour la masse salariale, en conservant 125 des salariés.
Le groupe Carlesimo conserverait 125 salariés
Duralex au tribunal de commerce d'Orléans : la verrerie est-elle incassable ?
Des commandesDepuis son placement en redressement judiciaire, en avril, la production au sein de l’usine a ralenti, sur une ligne au lieu de deux, mais les salariés continuent d’assurer les commandes. Ils fonctionnent en 5X8, avec cinq équipes qui se relaient toutes les huit heures. Même si comme le constate Mickaël, salarié de l’entreprise depuis 29 ans, actuellement au contrôle qualité, "c’est bien calme. Ce qu’il faut c’est un projet sérieux, ambitieux. La marque est encore viable, ce sont des produits durables. Ça serait triste, on va essayer de sauver notre entreprise." Emina, embauchée en 2018 comme chef d’équipe adjointe, l’assure : "on reste motivés". Mais les esprits sont parfois fatigués de ces quatre changements de main depuis les années 1990.
Pour Mickaël Ramos, salarié, "il faut un projet viable et sérieux". photo Pascal Proust
"La Scop est viable"François Marciano, le directeur de l’entreprise, se désolidarise du groupe qui l’emploie, La Maison française du verre, propriétaire de Duralex depuis 2021, en initiant le projet de coopérative salariale.
François Marciano, directeur de l'entreprise, a initié le projet de coopérative salariale. photo Pascal Proust
Les Scop sont peu nombreuses dans l’industrie, mais les responsables actuels, qui depuis un mois construisent le projet de coopérative, l’assurent : "C’est un projet viable. On a analysé toute la situation de l’entreprise. L’apport des salariés, à hauteur de 70.000 euros, c’est pour le capital, ce n’est pas suffisant. À côté, on ferait un emprunt. On a des projets pour développer les ventes et le commerce. L’idée n’est pas de revenir devant le tribunal dans six mois", expliquait Nicolas Rouffet, directeur industriel de Duralex, la semaine dernière. Avec François Marciano, il assure avoir l’engagement des banques.
La verrerie en quelques dates clés
La Scop permettrait à Duralex de récupérer les quelque 6,9 millions d’euros de frais de refacturation, qui sont donnés à La Maison française du verre, et les dividendes qui profitent aux actionnaires. Autant d’argent remis au service des investissements et de la croissance de l’entreprise. "On a aussi des projets pour baisser la consommation d’énergie, au gaz majoritairement. On a lancé des choses, on veut aller plus loin", indique Nicolas Rouffet. Ils veulent récupérer à l’export, les marchés "que Pyrex a fait perdre, la clé est l’indépendance".
Le fort soutien des élusSi c’est le projet de la Scop qui est retenu, la métropole d’Orléans ferait l’acquisition du terrain, ce qui permettrait à Duralex de renforcer sa trésorerie, précisait Serge Grouard.
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Selon le président de la Métropole, "le tribunal de commerce est toujours bienveillant, ce n’est pas une chambre des sanctions". Ce fort soutien des élus pèsera-t-il dans la décision des juges?? Duralex a reçu à plusieurs reprises des fonds publics, par le passé. "Une entreprise doit vivre parce qu’elle est saine pas parce que les pouvoirs publics l’aident", dénonçait Adrien Tourres.
Adrien Tourres estime que trop d'argent public a déjà été mis dans l'entreprise. Il mise sur une complémentarité avec son entreprise La Rochère
Cindy Roudier-Valaud