Rugby à VII: Séraphine Okemba met son histoire olympique en musique
Un fond sonore accompagne ce jour-là l'échauffement des Bleues à Prades, au pied du Canigou, la montagne emblématique des Pyrénées-Orientales, où elles achèvent sous un soleil écrasant un stage de préparation aux Jeux.
Altruiste, Okemba n'a pas imposé la playlist, très orientée rap, même si la joueuse de 28 ans aux longues tresses rougeoyantes s'y connaît un peu niveau musique.
"Ç'a été ma première passion, avant de rencontrer le rugby", raconte-t-elle à l'AFP. "C'est surtout pour moi une façon d'extérioriser. On peut s'exprimer par le corps, le rugby, le combat, mais la musique est une autre manière de raconter les choses".
A l'approche de la plus grande compétition de sa carrière, la native de Dreux a composé une douzaine de chansons, dont la plupart, entre afro-pop et piano-voix, font directement référence à son rêve olympique.
"On charbonne, ça va payer. Et pour l'or, on est déterminées. Jamais question d'abandonner. A la maison, ça va cogner", chante-t-elle dans "Pour l'or", un titre déjà disponible sur les principales plateformes de téléchargement.
"L'idée, c'est de jumeler mes deux passions et de raconter un peu ce qu'on vit en tant que sportives", explique l'internationale. "Tout le monde écoute de la musique au quotidien. C'est parfois le moyen le plus simple pour faire accrocher les gens".
"On est ses premières fans"
Sérieusement touchée à une épaule l'automne dernier, Okemba a craint de ne pas pouvoir lutter pour la médaille d'or cet été à Paris, trois ans après l'argent décroché à Tokyo.
Le rugby prend beaucoup de place dans ses chansons, mais elle y aborde d'autres thèmes plus intimes, comme la dépression, l'amitié ou la famille.
"J'ai perdu mon cousin quelques mois après les derniers JO et ç'a été dur", témoigne la joueuse de Lyon. "C'est aussi pour montrer qu'on peut s'arracher sur le terrain, mais qu'il y a quand même derrière quelqu'un qui peut être blessé ou a vécu certaines choses".
La meilleure septiste française de l'année 2021, qui nourrit également un projet de dessin animé, n'entend pas forcément embrasser une carrière musicale, du moins pas dans l'immédiat.
Afin de ne pas s'éparpiller, son premier album ne sortira qu'après les Jeux, mais ses copines de l'équipe de France ont la primeur de ses maquettes.
"On est ses premières fans, ses premières auditrices", dit Anne-Cécile Ciofani, autre tête d'affiche des Bleues. "Si elle a envie de nous faire écouter en avant-première, on est tout ouïe et on lui fait même des suggestions. C'est également un travail d'équipe".
"C'est beau parce qu'elle écrit notre histoire en chansons", poursuit sa coéquipière. "De temps en temps, pour l'embêter, on met sa musique à fond. Ça la gêne un peu, mais on s'en amuse".
Les vice-championnes olympiques 2021 ont passé au cours de leur stage dans les Pyrénées en juin une nuit dans un refuge de montagne. Rattrapée par sa condition de rugbywoman, Okemba n'a pas pu leur jouer de la guitare au coin du feu: un doigt cassé l'en empêche.