A Teahupo'o, des habitants déjà lassés des épreuves de surf
"C'est vrai que c'est un événement grandiose, mais on est 'fiu' de devoir montrer notre pass quatre fois pour faire 500 mètres : ma plus grande hâte, c’est que tout le monde reparte", a déclaré à l’AFP Romain Taupua, un retraité qui habite dans la zone la plus passante, entre l'entrée du village et la pointe Mahora, face à la célèbre vague.
D'autant plus qu’il est très difficile d’admirer les surfeurs à l'oeuvre. Parmi les 24 bateaux autorisés sur le spot samedi, seuls trois accueillaient des fans tirés au sort.
Pour les habitants de Teahupo'o, le seul moyen de s'approcher de la vague, c'est d'y travailler, par exemple au sein des +water patrol+, chargées de la sécurité ou du transport des officiels et photographes.
"Une opportunité"
"C'est vraiment une opportunité de recevoir tous ces pays", reconnaît Heimiri Afo, une trentenaire qui a toujours vécu à Teahupo’o. "Mais on ne nous avait pas annoncé toutes ces restrictions et on ne reconnaît pas notre plage, il y a des barrières partout, même dans le village", déplore cette sapeur-pompier.
Elle ne sort plus de chez elle et avoue avoir prêté son laisser-passer à des amis pour qu'ils puissent profiter des Jeux.
Les grands espaces naturels qui donnent tout son charme au village sont occupés par un centre logistique, une zone de presse et la base-vie des athlètes.
Juste à côté, une famille a planté quatre piquets de bois pour simuler des cages de football. Trois générations s'amusent avec un vieux ballon, sur ce minuscule espace vert, indifférentes à la frénésie des Jeux.
Car juste à côté, les officiels, journalistes, techniciens et volontaires marchent au pas de course, bien loin du rythme habituel du village du bout de la route.
Devant des enfants torses nus assis sur une souche de cocotier, les gendarmes se raidissent au passage de la ministre des Outre-mer Marie Guévenoux, accompagnée des parlementaires locaux.
Sécurité renforcée
Même aux antipodes, la France veille à la sécurité des Jeux. Environ 700 policiers et militaires, qu'ils soient gendarmes, marins ou spécialistes du déminage, sont mobilisés à Tahiti.
Avec des moyens concentrés à Teahupo'o, mais aussi au-delà : un patrouilleur surveille les eaux du sud de Tahiti, et un avion de l’armée survole l'océan chaque matin sur plusieurs centaines de kilomètres pour s'assurer qu’aucun navire hostile n’approche.
Le village est loin de percevoir cette menace et ne souhaite pas changer de mode de vie, même pour une semaine. Face au snack PK0, où trône la fameuse sculpture de la vague olympique, une église adventiste compte bien célébrer le sabbat du samedi dans le calme.
Les fidèles demandent au responsable de la fanzone, sur la plage à une vingtaine de mètres, de baisser le volume le temps du culte. Demande acceptée : les adventistes vont prier pendant que quelques centaines de fans admirent les surfeurs sur un écran géant.
Parmi ces fans, Tea Estall est venue en famille. "Il y aura un concert ce soir avec des musiciens de la Presqu’île, mais je suis surtout venue encourager Vahine et Kauli", les deux surfeurs tahitiens de l'équipe de France, si célèbres à Tahiti qu'on ne les appelle plus que par leurs prénoms.
Et si l'un d'eux décroche une médaille sur la mâchoire de Havae, Teahupo'o oubliera tous les petits désagréments des Jeux.