Lors de Brive Festival, Sting a signé cette guitare fabriquée par un passionné en Haute-Vienne
Dans son petit atelier de la route du Verdoyer, à Verneuil-sur-Vienne, Cédric Soubrand se prépare ce mercredi 10 juillet, à prendre la route pour Brive en Corrèze. Il va « livrer » une guitare électrique spécialement fabriquée pour le Lovely Brive Festival.
Trois semaines auparavant, il a eu un flash. « J’ai eu cette idée en voyant leur affiche et je me suis dit que cela pourrait faire une belle guitare?! ». Il appelle Stéphane Canarias, le directeur du festival, qui accepte la proposition.
Le trentenaire originaire de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), a créé sa société, Boneraw Guitars en octobre 2023. Il travaille à partir d’une forme qu’il a imaginée et créée il y a une dizaine d’années lors d’un stage de lutherie.
La guitare commandée par Lovely Brive Festival.
De l'or dans les mainsSes expériences précédentes ont fait de lui un couteau suisse, un ovni dans le monde des luthiers. Ingénieur du son, carrossier… Tout le ramène à la guitare. Il a « respiré » le bois enfant dans l’atelier de menuiserie de son grand-père, professeur d’ébénisterie menuiserie à Riom, dans le Puy-de-Dôme.
Il a « touché » du bois aussi. Lorsqu’il commence à jouer de la guitare à 12 ans, il s’ennuie vite. « J’ai démonté ma première guitare à 13 ans, confie-t-il. Pourquoi ? Je voulais savoir comment c’était foutu et pour comprendre comment je pouvais en fabriquer une autre. J’aimais les “transvaser”, mettre le corps de l’une sur le manche de l’autre… » Depuis, les guitares lui trottent dans la tête.
En 2020, au moment de la crise du Covid, il décide de se remettre en question. « Après dix ans de réflexion, d’expérimentations, d’hésitation, je me suis dit que si je ne faisais pas de guitare maintenant, je ne le ferais jamais », explique-t-il.
Cédric Soubrand travaille sur commande. Pour le groupe Lizzard par exemple, un groupe de rock-pop-métal de Cussac, plus connu à l’étranger qu’en France. Pour le groupe de métal limougeaud Erlen Meyer, aussi. « Un beau challenge avec une guitare sept cordes, un diapason long, et des bois très précis », se souvient-il.
Car le jeune artisan ne travaille que des matériaux nobles. Il choisit ses bois avec soin dans des stocks d’anciens ébénistes. Du frêne, de l’aulne, parfois de l’acajou pour les corps, de l’érable pour les manches, soit collés, soit vissés.
Pour la partie électronique, il monte le plus souvent le duo Humbucker et mini Humbucker de concert, des micros doubles type Gibson avec un câblage « façon année 50 ». « J'aime bien bosser avec un artisan de Clermont-Ferrand, Bastien Girault, luthier du magasin Sonic Red, pour bobiner les micros », précise-t-il.
Pour le design, Cédric Soubrand s’adapte à la demande. Comme pour le festival de Brive où il a joué avec les codes couleurs du Lovely Festival.
Un soir de concert, la surpriseAprès trois semaines de défi pour tenir les délais, il a confié son œuvre à Stéphane Canarias. Le jeudi soir, elle a trouvé son écrin : la loge de Sting. Un temps, Cédric l’a perdue des yeux. Il voulait le verdict du patron sur le son. Quand il l’a retrouvée, elle trônait sur son support, sous le chapiteau du bar des artistes, où s’improvisent parfois des « boeufs ».
La guitare créée par Cédric Soubrand a été signée par Sting.
Quelque chose avait changé. Sa guitare, qui n’était plus la sienne, semblait lui faire un clin d’œil. En y regardant de plus près, il a vu cette signature, en haut à droite. Celle de Gordon Matthew Thomas Summer dit Sting.
Fier du chemin parcouru par sa guitare, il rêve aujourd’hui à de futures collaborations pour des collectionneurs ou des marques. Et plus cela sera difficile, mieux il vibrera. Impossible n’est pas Limousin pour le jeune artisan qui nous quitte en disant : « Je ferai bien une guitare en porcelaine… »
Anne-Sophie Pédegert