"Faire du sport, c’était nécessaire pour moi" : à 91 ans, cette ancienne championne d'athlé revient sur son parcours
Championne d’athlétisme à l’adolescence, Renée Héritier garde la passion du sport bien chevillée au corps. À 91 ans, c’est ce qui lui a permis de traverser bien des épreuves et de rester dynamique, encore aujourd’hui.Sur l’invitation de Serge Dubois, président de Velay Athlétisme, l’ancienne championne a retrouvé la piste du stade Massot, le week-end passé. Ce qui a suscité une vive émotion pour celle qui avait longtemps transpiré dans ces couloirs. Alors qu’elle était encore lycéenne, la Ponote avait conquis un titre de championne de France au lancer du disque et une deuxième place sur 60 mètres, à l’occasion des championnats de France catholiques, sous les couleurs de l’Association Saint-Michel. « Faire du sport, c’était nécessaire pour moi, j’avais besoin de m’évader », explique-t-elle.
Des grenades sous son litIl faut dire qu’elle n’avait pas eu droit à une enfance paisible. Née en 1933, Renée a gardé de nombreux souvenirs de la Seconde Guerre mondiale. « Mon père était dans le maquis, se souvient-elle. Sous mon lit, il y avait des grenades cachées. » Comme beaucoup à cette époque, la fille de résistant a traversé ces années en vivant des épisodes dramatiques. « Des amis de mon père étaient torturés et je me souviens qu’Edmond Chomet avait été fusillé par la milice allemande, juste après être sorti de chez mes parents. »
Photo d'archives D.R.C’était donc à travers la pratique sportive que la Vellave trouvait un second souffle. Mais après la naissance de ses deux enfants, elle devait rapidement mettre de côté une éventuelle carrière. Professionnellement, il a également fallu faire des sacrifices. « Je voulais devenir professeur d’éducation physique et j’avais même réussi mon stage en Seine-et-Oise (département en région parisienne jusqu’en 1968). Mais pour des raisons familiales, j’ai dû reprendre le commerce de ma maman. »Renée Héritier a donc dépensé toute son énergie comme commerçante, d’abord sur l’avenue Foch, puis rue Grenouillit, avec son magasin Le Cotillon. En parallèle, elle tentait bien de poursuivre le basket-ball, « mais c’était trop compliqué ». La Ponote avait fort à faire pour s’occuper de ses deux enfants, à qui elle avait transmis sa passion. Brigitte avait notamment fait partie de la première équipe de football féminine au Puy. Son frère, Francis, avait lui aussi tapé dans le ballon rond, avant de bifurquer vers le rugby et de participer à une montée avec le CO Le Puy.
Photo d'archives D.R.Cette culture de la gagne entretenue dans la famille a permis à Renée Héritier de surmonter toutes les épreuves que la vie a dressées sur sa route. Notamment lorsqu’il a fallu encaisser la disparition de son mari, assez jeune. Ou plus récemment, en 2021, quand elle a subi un accident vasculaire cérébral. « Heureusement que ma fille m’avait trouvée, sinon je ne serais pas là pour vous le raconter. » Là encore, cette mésaventure a été l’occasion de démontrer toute sa combativité. « Elle s’était presque rétablie en un mois de rééducation, raconte son fils. Même le kiné n’en revenait pas. »
Grande passionnée de rugbyÀ 91 ans et malgré son AVC, Renée Héritier reste dynamique. Elle ne manque jamais une occasion de vibrer devant les exploits de ses sportifs favoris. « Elle est à fond derrière le rugby. Avec elle, on découvre même certains joueurs de Top 14 », sourit Francis. Alors en cette période de Jeux olympiques, la nonagénaire est forcément ravie. « Je m’intéresse à tous les sports et j’ai regardé la cérémonie d’ouverture jusqu’au bout », savoure-t-elle. Après avoir longuement retracé son parcours, Renée Héritier s’est vue remettre un polo de Velay Athlétisme, des mains de son président. « C’est important de montrer que des gens sont marqués toute leur vie par le sport, souligne Serge Dubois. C’est un exemple de combativité, notamment pour les jeunes du club. »
Renée Héritier ancienne championne d'athlétisme avec la relève.Avant de repartir en trottinant vers sa voiture pour amuser la galerie, Renée Héritier a redit sa reconnaissante d’avoir pu de nouveau fouler la piste du stade Massot. « C’était beaucoup d’émotion pour moi, mais c’est aussi un peu triste, parce que ça me rappelle mon âge. »
Lucas Jacquet