Noah Lyles, en quête de quadruplé, prépare son meilleur show pour les JO
Un an après un fabuleux triplé aux Championnats du monde de Budapest (100, 200 et 4x100 m), Noah Lyles (27 ans) s'est mis en quête d'un quadruplé olympique inédit sous cette forme en y ajoutant le relais 4x400 m, pour se démarquer de la légende Usain Bolt.
"Je suis extrêmement ambitieux. Je l'ai annoncé plus tôt dans l'année, je veux viser encore plus haut (que son triplé)", a-t-il encore expliqué mi-juillet dans l'émission de la chanteuse américaine Kelly Clarkson (NBC).
Jesse Owens en 1936 et Carl Lewis en 1984 avaient réussi un quadruplé, mais avec le saut en longueur en quatrième épreuve. Bolt avait dû se contenter d'un doublé 100/200 m en 2008 après la disqualification du relais jamaïcain pour un cas de dopage, puis d'un triplé en 2012 et 2016.
S'il ambitionne de collectionner les titres comme Bolt, Lyles, déjà sextuple champion du monde, partage aussi le sens du show du Jamaïcain, retraité depuis 2017.
A ses heures dessinateur, styliste, ou encore rappeur, Lyles adore réserver des surprises aux fans lors des présentations de courses, où il multiplie les références à la pop culture dont il est friand (mangas, jeux, séries...).
Adoubé par Bolt
"Le sport a besoin de ça mon gars, on a besoin d'une personnalité", l'avait adoubé Usain Bolt après une course en Jamaïque l'an passé.
"Les JO sont une magnifique plateforme pour que j'aide à faire grandir ce sport. Pour que les gens me remarquent j'ai besoin de cette médaille d'or", explique Lyles, attristé par le manque d'intérêt pour l'athlétisme, vénérable sport aux codes vieillissants.
Ce passionné de mode essaie d'institutionnaliser depuis l'an dernier une arrivée au stade en habit de gala filmée, comme le font les joueurs NBA, et rayonne dans le dernier documentaire Netflix consacré aux sprinters.
Toujours lors des sélections à Eugene (Oregon), il avait trouvé un complice en Snoop Dogg, le rappeur mué en consultant olympique décalé sur NBC, pour une mise en scène autour d'un mystérieux attaché-case.
Cette attitude dès qu'une caméra s'allume lui attire quelques moqueries sur les réseaux sociaux et parmi ses pairs, qui lui reprochent son manque de spontanéité.
"J'ai la personnalité, la vitesse, le sens du show, l'esprit marketing. Je rends mal à l'aise parce que je le décide", dit-il au magazine Time.
"Courir avec passion, le sourire aux lèvres, rendre une course intéressante pour tous, c'est comme ça que je cours, avec toute mon âme."
"Transformer l'athlétisme"
De même, sa quête de quadruplé ne se fait pas sans vagues, des entraîneurs et d'autres sprinters américains comme Fred Kerley ayant critiqué la sélection de Lyles dans le relais 4x400 m des Mondiaux en salle de Glasgow cet hiver, lui le spécialiste du sprint court.
Le show, Lyles entend d'abord le faire sur la piste avec son finish dévastateur, pour prendre sa revanche olympique après le bronze du 200 m en 2021 à Tokyo, sa dernière défaite sur la distance (25 succès depuis).
"Je n'aime pas cette médaille. Ça entretient mon feu intérieur pour faire mieux. Quand je pense que j'en ai fait assez, je me retourne et la regarde. Alors je retourne au boulot", explique l'athlète qui a surmonté la dépression dont il souffrait avant Tokyo.
"C'est un performeur, il aime les feux de la rampe, l'attention, le spectacle. Il n'y avait rien de tout ça à Tokyo (disputé sans public dans une bulle covid). C'était un poisson sorti de l'eau", analyse sa préparatrice mentale Diana McNab.
"Lorsque je partirai à la retraite, je veux avoir transformé l'athlétisme pour toujours grâce à mes performances sur la piste, mais je veux aussi qu'on se souvienne de moi comme du plus grand showman de l'histoire de ce sport."
Le premier acte aura lieu au Stade de France le samedi 3 août avec les séries du 100 m.