Commentry fait revivre son passé minier en construisant une poudrière
"Quand je reçois des visiteurs et que je leur dis que c’est une ville qui a exploité des mines, ils paraissent surpris ", constate, un peu amer, Sylvain Bourdier, le maire de Commentry. L’histoire est ainsi faite qu’il reste peu de chose du passé industriel de " la cité des forgerons ". On pourrait dire la même chose de sa voisine, Montluçon qui a, elle aussi, effacé les traces du passé.
Il y a bien les tranchées inondées, mais elles sont recouvertes par la végétalisation et donc pas visibles du grand public. Il y a aussi la " grande tranchée " qui se trouve sur un terrain privé à la sortie de Commentry. Là encore, elle n’est pas accessible. En face du cimetière-ville, toujours sur la propriété d’un particulier, il reste une poudrière abîmée par le temps.
Pour stocker les explosifs et faire les mélangesConstruite au XIXe siècle, elle servait, comme son nom l’indique, à stocker les explosifs qui étaient utilisés pour creuser les galeries. Le lieu servait également à faire des mélanges. Ce témoignage du passé minier de Commentry parle à Sylvain Bourdier. À un point tel que le premier magistrat a décidé de réaliser un fac-similé en bordure de la rue Denis-Papin, juste en face de la résidence seniors Heraclide.
" Il y a une très jolie poudrière à Montceau-les-Mines. À part ça, j’ai constaté qu’elles étaient plutôt rares ", souligne Sylvain Bourdier, qui est très attaché à l’histoire de sa commune. Les travaux ont débuté le 15 avril et devraient s’achever avant la fin d’année sur un site délaissé depuis la fin d’activité de la société Tôle et Technique.
"La taille de mon bureau"Sur le modèle de la poudrière existante, ce nouveau lieu de mémoire sera de forme ronde avec une toiture en ardoise. Le bâtiment, réalisé en dur, fait plus de six mètres de hauteur. Il n’est pas très grand, environ 25 m². " La taille de mon bureau ", s’amuse le maire.
Juste à côté, la municipalité est en train d’aménager, toujours sur le principe du fac-similé, une entrée de mine. " On a pris le modèle d’une carte postale de la grande tranchée, dit le maire. Il y a un peu de pente avec la visualisation d’un éboulement sur la fin de la tranchée." Un wagonnet fera également partie du décor. Il a été récupéré auprès d’une association installée à Saint-Éloy-les-Mines.
"Il y aura un peu de mise en scène mais ce ne sera pas Disney."
Un cheminement piétonnier est prévu, tout comme l’installation de bancs pour donner à ce site un cadre champêtre. Il est d’ailleurs prévu de planter quatorze arbres, notamment un cèdre et un gingko biloba qui " a résisté à Hiroshima ". "On veut aussi planter un arbre de Pologne, symbole de notre jumelage avec Chojnow."
Le projet coûte 292.000 €Le projet coûte 292.000 € avec des subventions du conseil départemental et du fonds Leader (Europe). "Commentry est né avec l’exploitation des mines", rappelle Sylvain Bourdier.
Quelques dates
1811. Suite à la grande loi sur les mines de 1810, l’industriel Nicolas Rambourg, qui exploite les forges de Tronçais, rachète toutes les concessions existantes pour devenir le seul concessionnaire des mines de Commentry.1824. La houille (charbon de terre) ne pouvant être acheminée à Tronçais, Nicolas Rambourg construit à proximité de son exploitation minière une glacerie, grande consommatrice de houille.1828. A la mort de son père, Paul Rambourg confie la direction de la mine à Stéphane Mony. Elle connaît un nouvel essor avec l’exploration en profondeur et la création d’une ligne de transport ferroviaire, le chemin de fer à ficelle.
Fabrice Redon