Animateurs en accueil de loisirs : un vrai métier souvent mal aimé

Aux quatre coins du territoire de Thiers Dore et Montagne (Puy-de-Dôme) sont disséminés des accueils de loisirs sans hébergement. Les animateurs qui les composent ont un rôle clef dans l’accompagnement des enfants.

Souvent assimilés comme une simple garderie, les accueils de loisirs sans hébergement (ALSH) pour les enfants de 3 à 11 ans sont en réalité bien plus que cela. Pour autant, sur le territoire de Thiers Dore et Montagne, comme partout en France, les collectivités qui les pilotent ont du mal à recruter des animateurs qualifiés pour les faire vivre. La faute à une image négative, et au "manque de reconnaissance" de cette profession "indispensable" d’après la directrice du pôle petite enfance de la communauté de communes Thiers Dore et Montagne (TDM), Marion Masson.

Des créateurs de souvenirs

Thiers, Aubusson-d’Auvergne, La Monnerie-le-Montel, Puy-Guillaume et Arconsat sont les cinq communes où sont installés des ALSH. Le dernier est dirigé par Jessie Martin depuis un an. Avant de prendre la responsabilité de l’établissement, l’ex-marseillaise a officié comme animatrice durant plusieurs années. Ce métier, elle l’a découvert grâce à un service civique effectué suite à l’obtention de son baccalauréat.

 Je me suis découverte dans cet accueil de loisirs.

 Jessie Martin avait un temps envisagé de devenir professeur des écoles. Mais les perspectives qu’ouvre le métier d’animateur ont été plus séduisantes. "Je me suis rendu compte de tout ce qu’on pouvait apprendre aux enfants par le jeu, confie-t-elle. Et être animateur, c’est être créateur de souvenirs."

Connaissez-vous bien le centre ancien de Thiers ? Tout l'été, des visites sont organisées

Première nuit en tente

Des souvenirs, les huit enfants âgés de 3 à 6 ans de l’ensemble du territoire qui ont pris part, jeudi 1er août au matin, au séjour Mystère et boule de gomme organisé à Arconsat, en ont emmagasiné un certain nombre durant deux jours. Comme celui, pour certains d’entre eux, d’une première nuit sous la tente. "Je n’ai pas peur, je suis un grand", assume Nolan, entre excitation et curiosité à l’idée de passer la nuit sous une toile. Mais avant l’aventure, les enfants accueillis se sont lancés dans une vaste enquête. Mystère, l’animatrice Adélaïde, a perdu son doudou Globi. "Vous devez nous aider à résoudre cette enquête, et vous êtes les héros de cette histoire." Le décor est planté par Thomas Valleix, animateur référent de ce camp, aussi et surtout animateur permanent au sein de l’ALSH La Source d’Arconsat.

Des séjours difficiles à organiser

Avant de partir à la recherche de Globi, dans le cadre préservé de l’ALSH arconsatois, les enfants ont fait quelques jeux, "pour apprendre à se connaître". "C’est aussi ça le but de nos structures, faire vivre le territoire, faire vivre les enfants et qu’ils se rencontrent entre eux, ainsi que les animateurs", se réjouit Marion Masson, heureuse de voir la concrétisation d’un projet important pour le pôle qu’elle dirige. "Les séjours de ce type ne sont pas faciles à organiser, car ils diminuent nos capacités d’accueil et mobilisent des animateurs. Et nous manquons toujours de place face à la demande (voir ci-dessous). Mais c’est toujours un plaisir d’en organiser", assure la responsable. 

"Ce sont près de 30 animateurs permanents indispensables pour que ces structures tournent toute l’année et de nombreux emplois à chaque période de vacances scolaires. En 2023, 67 ont renforcé les équipes permanentes pendant les vacances scolaires pour plus de 1.000 journées de travail", illustre Marion Masson. Sur l’été 2024 près de 45 contrats saisonniers ont été signés. En 2023, ce sont 1.065 enfants qui ont fréquenté ces structures. Des données qui donnent le tournis.

Une réflexion menée pour plus d’attractivité

L’enjeu pour TDM, pour pouvoir répondre à cette forte demande tout en conservant une qualité d’accueil à la hauteur de ses attentes, est de rendre les postes attractifs.

Aujourd’hui, TDM rencontre moins de difficultés à recruter les saisonniers en période de vacances scolaires car la rémunération des contrats a été revue à la hausse en 2023.

 À l’inverse, la collectivité a de plus en plus de difficultés à recruter des animateurs professionnels permanents. "Être animateur est un véritable métier qui requiert de la patience, de la créativité, de l’inventivité, beaucoup d’énergie, et un sens des responsabilités bien aiguisé. La richesse d’une équipe d’animation repose aussi sur des profils multiples : le passionné de sport, d’arts créatifs, de nature, de cuisine, de musique… Le travail en équipe est indispensable."Pour le bien-être des enfants et la qualité des projets développés, la stabilité des équipes d’animation est essentielle. C’est en ce sens qu’une réflexion globale a été menée en 2023 et se poursuit sur l’organisation des services et pour donner davantage d’attractivité au métier d’animateur.

Sarah Douvizy