Rencontre avec le judoka Nicolas Sigaud, de la Haute-Loire à Tokyo

Nicolas Sigaud sera en dédicace du mercredi 7 au dimanche 11 août, à la librairie La Farandole des mots, à Saugues. L’occasion de rencontrer ce sportif à l’itinéraire atypique, qui revendique son attachement au village de Vabres, à Alleyras.

Il est des parcours qui forcent le respect. C’est le cas de celui de Nicolas Sigaud. Atteint d’un cancer agressif à l’âge de 22 ans, il livre un combat sans merci contre la maladie pendant plusieurs années. Un combat dont il sort vainqueur, puisant sa force dans sa pratique sportive. « Pendant cinq ans, le judo va être mon compagnon, mon partenaire, ma motivation tout au long du chemin vers la guérison, écrit-il dans son récit autobiographie La vie comme un balayage. Il m’a appris à aller chercher la peur pour la dominer, la fatigue pour en triompher et la difficulté pour la vaincre… C’est ça, l’épreuve du feu. »

Si la maladie l’éloigne un temps des tatamis, il reprend peu à peu la compétition en parallèle de la chimiothérapie et de la radiothérapie. En 1996, il crée un club à Aubière (Puy-de-Dôme) et passe le concours d’éducateur sportif territorial pour enseigner la discipline dans les écoles, une profession qu’il exerce encore à ce jour. Et en 2000, totalement guéri, il décolle pour son premier stage au Japon pour se confronter à la dureté des entraînements universitaires.

Mais son combat contre l’adversité n’est pas fini pour autant. « Même si on peut guérir de certaines blessures, les cicatrices demeurent. Les différents traitements ont eu pour effet de me rendre stérile. Les blouses blanches m’avaient prévenu… Encore une épreuve », lit-on encore dans son ouvrage.

 Vabres, c’est l’endroit où je me sens le mieux 

Qu’importe. Nicolas Sigaud se sent de nouveau acteur de sa vie. Une ère nouvelle s’ouvre pour celui qui a enfilé son premier kimono à l’âge de 5 ans. De ses jeunes années d’ailleurs, il garde de merveilleux souvenirs liés à sa maison familiale de Vabres, à Alleyras. « Mon père est originaire du Puy-en-Velay et j’ai passé toute mon enfance dans le magnifique pays qu’est le Gévaudan, confie le sportif de 52 ans. Perdu dans les gorges de l’Allier, Vabres est un lieu à la fois magique et sauvage?; c’est l’endroit où je me sens le mieux parce que certainement, il me ressemble. Mon parcours de sportif m’a amené à voyager dans de nombreux pays du monde comme la Chine, le Japon, l’Italie, la Suisse ou encore l’Allemagne ; le judo étant un formidable passeport pour les rencontres et les voyages. Mais ici, c’est vraiment spécial : la couleur et le bruit de la nature, parfois même le silence des lieux me reposent et m’inspirent. »

En 2017, une rencontre bouleverse sa vie quand, dans son club d’Aubière, il reçoit une délégation du Bénin pour un stage. Parmi les judokas, un certain Celtus Dossou Yovo qui a une bourse pour aller aux Jeux olympiques de Tokyo 2021. « La vie est faite de rencontres, aime répéter l’éducateur sportif et professeur depuis 30 ans. Avec le judo, avec ma femme, avec mes enfants adoptés en Chine, avec de grands champions ou avec le cancer. » C’est ainsi que Nicolas Sigaud devient l’entraîneur national du Bénin lors de deux championnats du monde et deux championnats d’Afrique, avant de participer aux JO au Japon (en 2021). Le Graal.

Aujourd’hui, avec toute l’humilité qui le caractérise, le judoka ceinture noire 6e dan publie sa biographie pour raconter son parcours et apporter du soutien et de l’espoir à ceux qui traversent des épreuves difficiles avec un objectif, « transmettre le message de toujours s’accrocher à ses rêves et à son destin ».

La semaine prochaine, il sera en terres altiligériennes, et notamment à la librairie La Farandole des mots, à Saugues, du mercredi 7 au dimanche 11 août, de 10 à 12 heures, pour rencontrer estivants et résidants. « Dans ce département, j’ai la reconnaissance des gens du judo et j’interviens régulièrement sur les tatamis du club du Puy-en-Velay ou dans le cadre des actions du Comité départemental. J’essaye de transmettre ce que le judo m’a donné, mais aussi les valeurs inculquées dans ma jeunesse par mes grands-parents issus de la terre du Gévaudan. » Et le judoka de résumer son attachement à son petit village de Vabres en reprenant la citation d’Antoine de Saint-Exupéry : « On est du pays de son enfance… » 

Pratique. La vie comme un balayage, de Nicolas Sigaud, paru aux Éditions Vérone. 108 pages – 13 €. L’ouvrage de Nicolas Sigaud est actuellement en vente à La Farandoles des mots à Saugues et à la librairie Vercingétorix à Brioude.

Ségolène Perret

Nicolas Sigaud judoka