JO Paris 2024 : On a retrouvé Evan Fournier, et les Bleus du basket !
Bras levés vers le ciel, mâchoire serrée, visage déterminé, il s’est tourné vers le public pour recueillir l’ovation que lui et ses coéquipiers méritaient. La sono s’est alors mise à cracher « Que je t’aime », et à cet instant, tout Bercy l’aimait très fort, Evan Fournier. Dans une salle incandescente, l’arrière estampillé NBA a été le héros d’une fin de match qui aurait pu s’avérer crispante. Mais grâce à son grain de folie, et son adresse retrouvée au meilleur des moments, les Bleus ont écarté le Canada et les doutes qui les escortaient jusque-là (82-73). Les voilà en demi-finales des Jeux olympiques, prêts à défier l’Allemagne, jeudi, et ça, pas grand-monde ne misait dessus tant le Canada effrayait.
Passe d'armes avec ColletAvant la rencontre, la question ne portait pas vraiment sur le rendement de Fournier, mais davantage sur sa présence sur le parquet. Ses propos face à la presse, à l’issue de la déroute face à l’Allemagne lors du dernier match de poule, avaient irrité le sélectionneur, Vincent Collet, dont la réponse avait été plutôt sèche : « Evan Fournier, ce n’est pas le groupe. C’est une déclaration regrettable et inacceptable dont il porte la responsabilité. On va s’en expliquer. Je n’ai pas d’autre commentaire à faire. » Dans le fond, les deux hommes disaient à peu près la même chose, mais de manière différente. Le premier constatait que l’attaque ne tournait pas rond quand le second estimait que la réussite offensive découlerait d’abord d’une meilleure assise défensive. Pas une affaire d’état.
Un trois points de l'espaceEvan Fournier puni ? Pas du tout ! Dans ce match que les Bleus auront mené de bout en bout, grâce à un Isaia Cordinier parfait dans la mise sur orbite (20 points), l’ancien joueur d’Orlando a passé près de 25 minutes sur le parquet. Et quand le souffle du Canada s’est fait sentir sur la nuque des Tricolores dans la dernière ligne droite (65-60, 36e), c’est lui qui a soulagé son équipe, et tout Bercy. Il a planté douze points dans les quatre dernières minutes, dont un tir à trois points impensable, en bout de possession. De quoi éteindre les derniers espoirs de remontada d’une équipe canadienne que Shai Gilgeous-Alexandre (27 points) et RJ Barrett (16 points) n’auront pas suffi à tenir en vie.
C’est le moment fun de la soirée, ça a fait plaisir au public, et ça a un peu plié le match
« Ce soir, il y a de la fierté et de l’euphorie, on a retrouvé l’équipe de France qu’on connaissait, a confié Fournier en zone mixte. C’était plus fluide, c’était mieux. Vincent nous a fait un discours de bonhommes avant le match, qui nous a galvanisés. Il a mis un plan de jeu en place, on l’a respecté. » Son trois points venu de l’espace ? « C’est le moment fun de la soirée, ça a fait plaisir au public, et ça a un peu plié le match. » « C’est la cerise sur le gâteau ce shoot, il récompense tous nos efforts », saluait pour sa part Wembanyama, assez maladroit hier soir (2/10) mais actif, comme toujours (12 rebonds, 5 passes, 3 interceptions).
Fighting spiritAlors que rien n’incitait à l’optimisme, cette qualification dans le dernier carré olympique porte le sceau de choix forts opérés tactiquement par Vincent Collet. Il a réduit sa rotation et s'est passé de Rudy Gobert, un peu blessé, et dont l’attelage dans la raquette avec Victor Wembanyana n’a pas encore convaincu. Mais si les Français ont terrassé le Canada, qui leur avait dansé sur le ventre l’an dernier au Mondial, ce n’est pas seulement grâce aux coups de pattes de Fournier. Pendant quarante minutes, Guerschon Yabusele (22 points) et ses soldats ont défendu le plomb, se sont jetés sur tous les ballons comme des morts de faim.
Le retour du fighting spirit et surtout, la poursuite du grand rêve !
Romain Léger