Handball: Tamara Horacek, de l'ombre à la lumière
Aucune joueuse ne symbolise mieux ce match des Bleues que la demi-centre de 28 ans. Rater ses tirs, plier mais ne pas rompre, se relever, marquer, et enfin gagner.
Atout N.1 de l'équipe de France féminine de handball en attaque depuis le début des Jeux, la joueuse de 28 ans (1,78 mètre) a été méconnaissable durant une partie de la rencontre. Mais elle est montée en régime au moment le plus chaud, jusqu'à inscrire le but de l'égalisation, de l'espoir, à quinze secondes du terme (25-25).
"J'ai regardé le temps, je savais ce qu'on voulait jouer pour grignoter du temps aussi, raconte-t-elle. Et à un moment donné, je voyais qu'il y avait un peu de panique, je ne sais pas combien de temps il reste, puis les défenseures ne montent pas sur moi. Je me suis juste dit: +Il faut que quelqu'un le prenne.+ Ça aurait pu peut-être quelqu'un d'autre."
"Patronne de l'équipe"
Ce n'était d'ailleurs pas elle qui devait inscrire ce but salvateur. Quelques secondes plus tôt, le sélectionneur Olivier Krumbholz prend un temps mort et dessine un enclenchement pour Méline Nocandy (quatre buts), mais elle est prise en tenaille par la défense suédoise.
Alors c'est Horacek qui prend ses responsabilités et assume le statut de "patronne de cette équipe" que voit en elle Krumbholz.
"Elle est très calme, décrit-il. Elle a pris une dimension supérieure dans le tir. Elle est précieuse. C'est l'un des leaders de l'équipe et leader du jeu d'attaque. Elle joue bien pour les autres."
Ce match, comme le tournoi olympique dans son ensemble, marque la consécration de Horacek, huit ans après ses débuts sous le maillot bleu-blanc-rouge, en tant que cheffe de file de cette équipe des deux côtés du terrain.
"Tamara a beaucoup travaillé, rappelle le sélectionneur. C'est vrai que ça a été souvent une joueuse qu'on avait du mal à utiliser. On ne lui donnait pas un rôle de leader, donc elle n'était pas en confiance. On a modifié tout ça pendant le Mondial (en novembre et décembre 2023, NDLR). Mais là, elle s'est installée comme la patronne. Comme elle a une grande confiance en elle, elle ne rate quasiment pas de tir."
"J'oublie et on avance"
Elle a pourtant peiné au cours de cette rencontre, au point d'être souvent remplacée par Méline Nocandy dans les phases offensives, se contenant de défendre. Tout l'inverse de ses JO flamboyants, dont elle est la troisième meilleure marqueuse avec 36 buts et 78% de réussite au tir!
La native de Pozega (Croatie) s'est mise en confiance dans l'exercice du jet de sept mètres (3/4), où elle n'a manqué qu'une tentative dans ce tournoi, avant de mettre tous les ballons les plus lourds au fond des filets adverses, comme le premier de la prolongation.
"On ne peut pas tout le temps être à 100% de réussite, que ce soit dans les passes, au tir, souffle-t-elle. Il y a des matchs comme ça, il faut les accepter. Mais ce n'est pas pour autant que je vais douter de mes capacités. J'avance. Oui, j'ai loupé un tir, j'ai fait une perte de balle. J'oublie et on avance. Parce que si je reste derrière, je ne serai plus là."
C'est toute l'équipe de France qu'elle a emmenée avec elle vers une deuxième finale olympique de suite.