Solvabilité 2 : La réforme au Royaume-Uni ne sera pas une révolution
CHRONIQUE – S&P Global Ratings s’attend à ce que les réformes du régime prudentiel de solvabilité en vigueur au Royaume-Uni, ainsi que l’adaptation du cadre réglementaire de l’assurance de l’Espace économique européen (EEE) au marché de l’assurance du Royaume-Uni, soient largement mises en œuvre d’ici fin 2024. La plupart des réformes sont généralement bien accueillies par le secteur de l’assurance.
Selon nous, ces réformes ne sont toutefois pas révolutionnaires et il est peu probable qu’elles affectent significativement les assureurs notés au Royaume-Uni, car nous pensons que leur solvabilité ainsi que les positions commerciales ne seront pas significativement affectées.
Depuis le 31 décembre 2023, le calcul actualisé de la marge de risque inclut une réduction du coût du capital (la principale hypothèse) de 6 % à 4 %, ainsi que l’introduction d’un élément de dégressivité. Cette réduction de la marge de risque diminue certains coûts de souscription et améliore les ratios de solvabilité à fin 2023, en particulier pour les assureurs-vie. Il s’agit de l’un des changements les plus notables résultant des réformes.
Les effets positifs pour les ratios de solvabilité sont toutefois limités et il est peu probable que ce changement affecte directement nos notes de solidité financière pour les assureurs basés au Royaume-Uni, car la marge de risque n’influence pas directement notre opinion sur l’adéquation des fonds propres d’un assureur. Cela dit, si les assureurs allouent l’excès du capital réglementaire pour des actions de gestion de capital (dividendes, rachats d’actions, etc.), nous ne pouvons exclure un effet négatif sur l’adéquation de leur solvabilité.
L’assurance ou la réassurance du risque de longévité au Royaume-Uni bénéficiera le plus de ce changement. Selon nous, la réforme soutiendra l’appétit déjà important des assureurs pour le transfert du risque de pension.
Les autres réformes qui entreront en vigueur à la fin du mois de juin 2024, seront moins impactantes qu’initialement prévu en 2021. Tout d’abord, les réformes concernant la prime de risque, qui capture le risque de crédit sur les actifs correspondant aux passifs à long terme, auront probablement un effet limité sur l’évaluation des réserves, la tarification et le coût du risque.
Deuxièmement, certaines modifications concernant les actifs éligibles à l’ajustement sont introduites dans l’objectif des faciliter l’accès des assureurs britanniques (et plus particulièrement les souscripteurs de rentes) à une plus grande variété d’actifs à long terme. Certains actifs à long terme peuvent désormais être éligibles pour couvrir des engagements de passif à long terme. Bien que nous reconnaissions cette flexibilité supplémentaire, il est peu probable que les assureurs décident de prendre des risques supplémentaires dans la mesure où cela pourrait affecter négativement leur profil de risque financier à court terme.
Certains passifs, comme ceux relatifs à la protection des revenus, feront désormais partie du portefeuille d’adossement. Pour les entreprises qui souscrivent ces contrats, cela sera bénéfique en termes de solvabilité si elles décident d’en faire la demande. En effet, le profil des actifs adossés sera pris en compte dans les taux d’actualisation utilisés pour l’évaluation de ces passifs. Il est donc peu probable que cela ait un effet sur l’évaluation de notre notation.
Enfin, les réformes comprennent la rationalisation des processus d’approbation (par exemple, l’ajustement égalisateur et les modèles internes) et une certaine simplification des obligations d’information. Nous nous attendons à ce que ces changements suppriment une partie de la charge opérationnelle liée à la réglementation et réduisent légèrement les dépenses. Toutefois, nous ne nous attendons pas à ce que cela s’éloigne significativement du niveau actuel de surveillance des risques que la Prudential Regulation Authority exerce sur les assureurs britanniques.
Camille GERARD
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