Présidentielle américaine : comment la bataille des dollars tourne en faveur de Kamala Harris
Comment savoir si un événement politique est une réussite aux Etats-Unis, au-delà des autocongratulations des uns et des critiques acerbes des autres ? Un indice trompe rarement : suivez le niveau des donations, et vous aurez une première ébauche de réponse. Ainsi, sur ce plan-là, la convention nationale du parti démocrate, organisée la semaine dernière pour officialiser la candidature de Kamala Harris, semble avoir été un important succès dans la course pour la Maison-Blanche.
Durant toute cette semaine à Chicago, où se sont succédé au fil des jours à la tribune Joe Biden, le couple Obama, ou encore le colistier Tim Walz, le parti démocrate aurait récolté près de 82 millions de dollars. Et rien que dans la foulée du très attendu discours de Kamala Harris, jeudi dernier, sa campagne aurait connue "la meilleure heure de collecte de fonds depuis son lancement", a écrit sa directrice de campagne, Jen O’Malley Dillon, dans une note envoyée à la presse américaine ce dimanche.
L’importance des petits donateurs
Cette semaine a permis au camp démocrate de dépasser le cap des 540 millions de dollars récoltés depuis l’annonce du retrait de Joe Biden, le 21 juillet dernier, soit en tout juste un peu plus d’un mois. "Un record pour toute campagne dans l’histoire", a assuré Jen O’Malley Dillon, sans indiquer sur quelle période cette affirmation était basée. A titre de comparaison, les 24 heures après l’annonce de Joe Biden avaient également été suivies d’une importante vague de dons, de près de 81 millions de dollars.
Surtout, selon le camp démocrate, leur convention nationale leur aurait permis d’attirer un niveau de "dons populaires sans précédent", avec un tiers des donations provenant de nouveaux contributeurs. Parmi eux, 20 % étaient des jeunes électeurs, et deux tiers étaient des femmes. Des publics que la campagne moribonde de Joe Biden n’avaient jusque-là pas réussi à galvaniser, et sur lesquels Kamala Harris compte tout particulièrement dans les Etats clefs pour faire la différence contre son rival Donald Trump.
Un avantage économique qui se creuse
Cette convention démocrate a également permis à Kamala Harris de continuer à rattraper le retard économique accumulé par la campagne de Joe Biden face à Donald Trump. Ainsi, selon le Financial Times, le mois de juillet avait déjà permis à la candidate démocrate de récolter quatre fois plus de fonds que son rival républicain, avec près de 204 millions de dollars glanés, contre près de 48 millions pour l’ex-président. Selon le New York Times, l’actuelle vice-présidente américaine disposait d’un avantage de 50 millions de dollars sur Donald Trump au début du mois d’août ; un écart qui pourrait continuer à se creuser à la faveur de la bonne dynamique née de la convention démocrate de Chicago.
Même si du côté du candidat républicain, tout n’est pas perdu, loin de là. Début août, son équipe de campagne avait affirmé avoir toujours près de 327 millions de dollars à sa disposition. L’ex-président peut également compter sur l’appui de mégadonateurs, à l’image de cette contribution de 50 millions de dollars du milliardaire Timothy Mellon fin juin dernier, descendant d’une richissime dynastie bancaire et soutien récurrent du Grand Old Party.
Donald Trump pourrait également bénéficier du retrait du candidat indépendant Robert F. Kennedy Jr en sa faveur ce vendredi, ce qui pourrait faire affluer certaines donations en sa faveur. Et dans une élection qui pourrait de nouveau se jouer à quelques voix dans une poignée d’Etats clefs, chaque dollar comptera, notamment pour massifier les campagnes de publicité.