Après 28 ans passés chez les sapeurs-pompiers, Stéphanie Dejammet-Duchet embrasse une nouvelle carrière

Cheveux courts, larges lunettes rondes, veste de tailleur pied-de-poule bien ajustée, le regard déterminé, Stéphanie Dejammet-Duchet, nouvelle sous-préfète de Thiers depuis lundi 26 août, a déjà bien pris en main ses fonctions. Elle ne s’est pas laissée envahir par le moindre stress depuis l’officialisation de sa nomination, le 15 août dernier. Transparait là une force de caractère évidente. Puisée sans aucun doute dans ses 28 années passées dans le monde exigeant des sapeurs-pompiers.

"Il faut que je me fasse aux doubles portes, mais je suis bien installée", s’amuse la dynamique quinquagénaire. Les rouages d’une sous-préfecture, elle les connaît, un peu. Pas parfaitement, mais de quoi suffisamment lui donner confiance pour relever le défi qui l’attend. "De par mes fonctions passées, j’ai été amenée à travailler main dans la main avec les préfectures. J’ai toujours eu une appétence pour le travail entre services", assure celle qui a quitté, vendredi 23 août, le poste de directrice départementale du Service d’incendie et de secours (Sdis) de la Creuse.

28 ans chez les sapeurs-pompiers

Stéphanie Dejammet-Duchet, née à Châteauroux en 1970, a passé 18 ans à Issoudun. Elle a commencé sa carrière chez les soldats du feu en tant que capitaine. C’était en 1996, après un passage chez France Télécom comme ingénieure de sécurité à la direction générale. Année après année, elle a évolué dans un milieu majoritairement dirigé par les hommes. Pour terminer au grade de colonelle hors classe.

Le jour où je suis arrivée à la direction du Sdis de la Creuse, j’ai été très étonnée d’atteindre cette fonction.

Fille d’une mère enseignante et d’un père imprimeur, l’engagement chez les sapeurs-pompiers n’était pas forcément une évidence. Même si la nouvelle sous-préfète le reconnaît, des valeurs humanistes lui ont forcément été inculquées.Après avoir atteint l’une des plus hautes fonctions au sein des sapeurs-pompiers, et avoir écumé bon nombre de services, notamment en Isère et dans le Cher, Stéphanie Dejammet-Duchet a eu envie de s’ouvrir à d’autres horizons.

Une carrière se fait autour d’échanges, de rencontres, analyse-t-elle. Mais aussi d’opportunités qu’on se crée. Je suis quelqu’un de curieux, je n’ai pas d’ambitions carriéristes, j’aime découvrir de nouvelles choses.

C’est dans cette optique qu’en janvier dernier, Stéphanie Dejammet-Duchet a candidaté au “tour extérieur” (*), où elle a été reçue. Puis de fil en aiguille, la voilà installée à Thiers, avec sa fille, Emma, bientôt 15 ans, qui entrera en classe de seconde à la rentrée, et son mari, ancien militaire. Son fils, Jules, 21 ans, lui, va rejoindre l’école de police de Périgueux à la rentrée. "Et notre chat aussi a suivi, nous installons toute notre vie de famille ici", partage la sous-préfète.

Un accompagnement rassurant

Si Stéphanie Dejammet-Duchet semble assez sûre d’elle au premier abord, se révèle derrière ce qui est certainement l’héritage de sa carrière passée, quelqu’un de très à l’écoute, reconnaissant de l’accueil chaleureux et bienveillant que son territoire d’adoption lui a réservé. "Toutes les conditions sont réunies pour que tout se passe bien. À moi, maintenant, de faire le travail. J’ai été très accompagnée, par le ministère de l’Intérieur notamment et par l’équipe en place ici. C’est quelque chose de nouveau pour moi, mais c’est très rassurant."

La représentante de l’État a tout à découvrir de la capitale de la coutellerie et de son bassin. Mais en quelques jours à peine, elle a senti "un rebond intéressant".

J’aime les villes avec un passé important comme ici. Je sens qu’il y a une envie de faire bouger les choses, c’est intéressant. Cela me donne encore plus envie d’accompagner, cela donne de l’élan.

 De l’élan et de l’envie, il en faudra pour relever les défis qui attendent cette femme de caractère. Un accent sera mis sur la partie économie, mais aussi la sécurité. Et aussi sur la formation d’un binôme indissociable avec les élus. "J’aime les choses justes, j’ai le sens du service public, ce sont des notions importantes pour moi, tout comme la loyauté et l’honnêteté." Autant de qualités qui ne seront pas de trop pour assurer la mission de sous-préfète de l’arrondissement de Thiers.

(*) Le tour extérieur des administrateurs de l’État est une voie de promotion interne qui permet l’accès au corps des administrateurs de l’État.

Sarah Douvizy