Les clubs de cette commune de Haute-Loire tentent de relever les défis du handisport
Les Jeux olympiques sont à peine terminer qu’une nouvelle flamme va s’allumer ce mercredi soir, à Paris, pour donner le grand départ des Jeux paralympiques. Jusqu’au dimanche 8 septembre, les meilleurs athlètes en situation de handicap physique, visuel ou mental vont s’affronter avec en ligne de mire la médaille d’or.
Pendant ce temps, à Brioude, cette manifestation paraît bien lointaine, à l’opposé de l’effervescence provoquée par les Jeux olympiques. Sur la vingtaine d’associations sportives présentes autour de la cité Saint-Julien, seule une est affiliée aux fédérations françaises de handisport et de sport adapté : l’Entente sportive handisport.
Un objectif : attirer du mondeEt elle ne fait même pas de la compétition son cheval de bataille. "On participe à des championnats de boccia et de sarbacane, mais nos objectifs sont avant tout de faire découvrir notre association à des personnes en situation de handicap et de leur donner envie de nous rejoindre", indique Jean-Luc Sabatier, le président du club qui occupe la Halle des sports de Brioude, chaque lundi de 18 à 20 heures.
L'autre sport phare proposé par l'Entente sportive handisport, à Brioude, est la sarbacane.
Or, attirer ce public est très loin d’être une mince affaire. L’Union gymnique brivadoise (UGB) et sa vice-présidente Laurence Chorlet en ont fait la difficile expérience cette année. À l’été 2023, elle a ouvert un créneau de trampoline réservé uniquement aux personnes en situation de handicap cognitif (*).
Supporter le regard des autresDepuis, seule Maëlle, âgée de six ans, a franchi les portes du gymnase. "On a pourtant la capacité d’accueillir plus de monde", regrette Laurence Chorlet.Au cours des trente dernières années, en compagnie de son fils handicapé, Jean-Luc Sabatier a pu observer une évolution positive, mais un problème majeur subsiste : "Il faut que ces personnes acceptent de sortir et de soutenir le regard des autres."
"Les parents n’ont également pas forcément la motivation de se déplacer, alors qu’il faut déjà voir le pédopsychiatre ou se rendre au Camsp (Centres d’action médico-sociale précoce, NDLR)."
Pour ces associations, le principal enjeu est donc de donner envie à ce public, souvent dévaloriser, de les rejoindre, à travers notamment une plus grande campagne de communication. "Ce n’est pas tellement de ma génération les réseaux sociaux, s’amuse le président de l’Entente sportive handisport. Mais c’est clair qu’on aimerait y être plus présent." Par ailleurs, il regrette l’absence d’annuaire au niveau de la ville de Brioude ou de la communauté d’agglomération listant l’ensemble des associations ouvertes à ce type de public.
Les bienfaits du sportLe jeu en vaut certainement la chandelle parce que le sport regorge d’intérêts, tant pour les valides que pour les personnes en situation de handicap. "Ils sont toujours réticents au début, mais après quelques séances, ils y prennent goût", se réjouit Jean-Luc Sabatier, dont le club comptait 22 licenciés la saison dernière.
Le sport est notamment un vecteur de sociabilité. Par exemple, au sein de l’Entente sportive handisport, personnes en situation de handicap et valides se côtoient. Il en est de même au Tennis club de Brioude (TCB) où les enfants et adolescents de l’IME (Institut Médico-Educatif) de Bergoide s’entraînent parfois en compagnie des licenciés.
Le club de gymnastique de Brioude a ouvert un créneau de trampoline adapté.
"Il y a même un jeune de l’IME qui a participé au tournoi de tennis du club avec les valides en juillet dernier", se félicite Franck Bonnamy, moniteur au TCB, en charge notamment des créneaux réservés à ce public le mercredi de 15 à 16 heures et le jeudi de 14 à 15 heures.
Le sport peut également être un parfait complément aux centres de santé. C’est en tout cas ce que croit Laurence Chorlet.
Le trampoline sollicite tous les systèmes impliqués dans la gestion de l’équilibre : vue, repères proprioceptifs, repérage dans l’espace en vol, coordination… L’activité entraîne même la mémoire parce qu’il faut être capable d’enchaîner les sauts.
Grâce aux nombreuses possibilités d’évolution selon le niveau sélectionné, le tennis est également adapté à l’accueil des personnes en situation de handicap : sans filet pour le niveau blanc, très petit filet pour le niveau violet et ainsi de suite jusqu’au format classique. "Il faut désormais que d’autres sports s’ouvrent à ce type de public", espère Franck Bonnamy, avec un brin d’optimisme.
(*) De 17 h 30 à 18 h 30, le lundi, au gymnase du lycée Lafayette, à Brioude.
Timothé Soulié