Florian Grill, président de la FFR, pense "qu'il y a du potentiel au Puy"
Samedi soir, le COP rugby a accueilli un invité de marque en la personne de Florian Grill, président de la Fédération française de rugby (FFR). « Le COP est un club complet avec ses deux équipes féminines, les équipes cadets, juniors, une grosse école de rugby labellisée et qui vise une nouvelle étoile », a-t-il déclaré après avoir découvert les installations et le fonctionnement du club ponot.
« On veut remonter les indemnités de formation »
Le président a également souligné « le sacré dynamisme ambiant, avec des repas d’avant-match à 120 personnes et un record proche des 3.500 personnes au stade, sans oublier les jolies installations. Il manque peut-être un second terrain ou un terrain synthétique. Je pense qu’il y a du potentiel ici, c’est aussi pour cela que je suis venu. Je viens là où je pense que l’on peut développer le rugby ».
Pour Florian Grill, l’une des difficultés serait liée à la géographie : « Le club se trouve loin des grands axes de circulation. La vraie solution pour développer le rugby ici, serait de réussir le maillage alentour, de créer une vraie culture du rugby et d’être encore plus présent en milieu scolaire, en utilisant le rugby à cinq, jouable en mixité dans un gymnase ou une cour d’école ».
Lors de sa visite, l’homme fort du rugby français s’est également prêté à un échange, sans langue de bois. « Lors de ces séances de questions-réponses, ce sont les clubs qui font l’ordre du jour. On peut parler de tout, des événements dramatiques de l’été, de l’organisation des championnats, des indemnités kilométriques, de formations, des vestiaires féminins… »
Le thème de la formation, « pas assez rémunérée » a occupé une place importante dans les échanges. « On veut remonter les indemnités de formation. On en a créé cette saison chez les filles. Parallèlement, on augmente les indemnités chez les garçons, pour que les clubs qui font l’effort de la formation, qui découvrent des gamins, qui les forment et les gardent avant qu’ils ne rejoignent un grand club, soient mieux rémunérés pour le travail qu’ils font ».
Depuis quelques années, un petit pourcentage du salaire des joueurs professionnels est reversé aux clubs formateurs. Mais ces aides sont très concentrées sur les années cadets/juniors. Or, les joueurs qui sont très bons dans cette fourchette d’âges, sont déjà partis dans les grands clubs : « Je discute actuellement avec la Ligue nationale de rugby, pour que l’on puisse redescendre à la première licence, aux années écoles de rugby, afin de mettre en place un système redistributif et méritocratique pour les clubs qui font l’effort de la formation », a expliqué Florian Grill.Échange. Florian Grill a répondu aux questions des nombreux participants au stade Lafayette. Photo Cédric Dedieu
Pour évoquer le paysage rugbystique local et son développement en Haute-Loire, le président de la FFR souhaite miser sur les villes moyennes et la ruralité. « Nous savons que 50 % des joueurs de l’équipe de France viennent de villes et de villages de moins de 20.000 habitants. C’est le cas d’Antoine Dupont et de Jessy Trémoulière. Nous avons donc besoin de travailler le terrain des villes moyennes et de la ruralité. Le rugby est le deuxième sport en France dans les médias. On talonne le football. Il y a une énorme envie de rugby, avec deux moteurs que sont le 15 et maintenant le rugby à 7. Mais pour autant, nous ne sommes que le dixième sport en nombre de licenciés ».
Pour joindre la parole aux actes, la Fédération a déjà voté un plan prévoyant 35.000 ballons dans les 35.000 écoles de France. Les moyens des Ligues régionales et départementales ont été augmentés de 50 %. Les titres de champions de France, qui sont de vraies carottes pour les clubs, ont été augmentés en nombre (+ 8 depuis l’arrivée de l’équipe Florian Grill). Mais le maillage du territoire reste cruellement insuffisant, avec seulement 2.000 clubs de rugby pour 13.000 clubs de football. « Il ne faut pas forcément créer des clubs, mais plutôt des satellites, antennes ou écoles de rugby, en développant toutes les pratiques : le 15, le 7 ou à 5. Le but est de relancer le rugby par la base », a poursuivi Florian Grill.
Une discussion à bâtons rompusInévitablement, les récents événements liés à l’équipe de France - propos racistes de Melvyn Jaminet et inculpations d’Hugo Auradou et d’Oscar Jegou pour viol aggravé en Argentine - sont venus animer la discussion.
« Je n’ai pas attendu les événements dramatiques de l’été pour dire que le rugby n’était malheureusement pas hermétique à la société. Au mois de février, on avait lancé une commission sur les addictions avec la Ligue nationale de rugby et Provale (le syndicat national des joueurs de rugby). Il faut mettre des mots sur les maux, c’est pourquoi on parlait déjà d’alcool et de cocaïne ».
Et Florian Grill de préciser : « Dans le magazine de la Fédération envoyé à nos 360.000 licenciés, je disais que les violences sexuelles, physiques, les propos homophobes ou racistes existent dans le rugby, comme dans la société. Maintenant, il y a eu des dérapages, c’est évident. Il faut que l’on organise différemment le cadre général. Nous avons des états généraux le 29 août pour y travailler ».
Ce « tour de France des clubs », comme il le qualifie lui-même, intervient cette année à moins de deux mois des élections fédérales, pour lesquelles Florian Grill est opposé à une autre liste emmenée par Didier Codorniou.
Cédric Dedieu