Dans l'Allier, les syndicats, inquiets, réclament plus de moyens pour l'Éducation nationale
C’est une rentrée très particulière, pleine d’incertitudes qui a sonné ce lundi. « Une rentrée sans ministre titulaire, c’est inédit et préoccupant », souligne Delphine Moulinot, secrétaire départementale SE-Unsa.
Et cette instabilité politique a des conséquences concrètes localement selon les syndicats bourbonnais.
Nous avons une ministre de l’Éducation démissionnaire qui semble toujours vouloir mettre en application les décisions prises par une équipe démissionnaire, relève Jérôme Dobœuf, cosecrétaire de Sud éducation 03. Nous avons quand même connu quatre ministres de l’Éducation en trois ans, bientôt cinq ! Il y a les mesures appliquées à contrecœur, celles en suspens… Ces incertitudes n’aident pas à une rentrée dans de bonnes conditions. Et qu’allons-nous répondre aux inévitables questions des parents d’élèves ? »
Avis partagé par le secrétaire départemental de la FSU, Vincent Présumey : « On ne peut rien tirer de la ministre actuelle. Tous les sujets importants sont au point mort. À la place, on nous impose des projets “boulets” qui empirent la situation. »
Appel à la grève le 10 septembreBref, pas l’idéal pour démarrer cette année scolaire 2024-2025. Année scolaire qui débute avec son lot d’interrogations, de problèmes soulevés par les syndicats, dont certains ont d’ores et déjà lancé un appel à la grève le mardi 10 septembre, dans les écoles maternelles et élémentaires. Voici trois points cruciaux.
1/ Abandonner le « choc des savoirs »Les syndicats contactés sont unanimes sur le sujet. « La mise en place de groupes de niveaux en collège, à marche forcée, c’est discutable et néfaste sur le fond », assure Jérôme Dobœuf. Pour Vincent Présumey, cette réforme renvoie à « trier vulgairement les jeunes entre les bons et les mauvais ». « Un retour en arrière pour l’éducation », résume Delphine Moulinot.
2/ Mettre plus de moyens pour l’Éducation nationaleD’une même voix, les syndicats demandent davantage de moyens. « L’école doit être une priorité, insiste Delphine Moulinot. On voit bien que ce n’est pas dans l’air du temps de créer des postes de fonctionnaires, pourtant, c’est nécessaire. »
Et pour trouver de l’argent, les syndicats ont des idées. La FSU et Sud éducation 03 proposant de réorienter les budgets accordés aux réformes en cours, comme le port de l’uniforme, le pacte enseignant. « Que cet argent soit utilisé pour les vrais besoins, les recrutements ».
Les syndicats dénonçant, entre autres, les problèmes fréquents de remplacements dans le premier degré et réclamant des créations de postes dans tous les domaines, l’éducation, l’administratif…
Un exemple ? « Onze postes de psychologues sont à pourvoir sur les dix-huit de l’Allier. Il y a aussi un manque d’AESH sur le département, donc les dernières en poste ont trop d’enfants à gérer », regrette la FSU.
Plus de profs et moins d’élèves par classePlus de profs et moins d’élèves par classe pour faire mieux, pourrait-on résumer. « On fait partie des mauvais élèves en Europe. Et chez nous, on voit qu’en REP (réseau d’éducation prioritaire), les classes dédoublées, ça marche. Le problème, c’est qu’il n’y a pas qu’en REP qu’on trouve des élèves en difficulté », souligne Delphine Moulinot.
Dans ce contexte, les crédits accordés par la Région Aura aux lycées privés passent mal : « Dans les lycées publics, on a besoin de davantage de financements, on a des toilettes qui moisissent, des locaux qui s’abîment… », dépeint Jérôme Dobœuf.
3/ Attirer de nouveaux profs« Un enjeu énorme, car il y a beaucoup de départs à la retraite et les concours ne font pas le plein », prévient Juliette Grand, professeure et membre de la FSU. « Nous avons besoin de mesures d’urgence », abonde Vincent Présumey.
« De plus en plus de professeurs démissionnent, les conditions de travail se dégradent, la rémunération n’est pas à la hauteur. L’Éducation nationale n’attire plus », déplore l’Unsa Éducation.
Le manque d’enseignants dans l’Allier comme au plan national, dans le premier et le second degré, est une inquiétude majeure aussi chez Sud éducation 03. Et « la dernière carte scolaire n’a apporté aucune amélioration, ni création de postes, alors que les besoins sont toujours là. Je pense aux postes d’ASH, d’enseignants spécialisés aux élèves en difficulté (rased), de personnels médico sociaux… Par ailleurs, dans le premier degré, aucun enseignant remplaçant n’a été recruté, ça va poser très vite problème. »
Aubin de Mareschal, Ariane Bouhours, Kevin Lastique