Dès septembre, la météo politique s’annonce tempétueuse…
Pour les Français mal aimés, il n’est plus l’heure d’être polis
Elon Musk n’aurait pas dû. Répliquant, le 12 août, à une injonction du commissaire Thierry Breton qui le sommait de se plier au nouveau code de modération européenne sur son réseau X (ex-Twitter), le milliardaire a envoyé paître le pandore de la pensée autorisée. S’appropriant une réplique de Tom Cruise dans Tonnerre sous les tropiques, Musk a posté : « First, take a big step back and literally fuck your own face ! » (« Tout d’abord, faites un grand pas en arrière et littéralement baisez votre propre visage ! »). Bref, il a dit à Breton : « Vas te faire foutre ! ». Musk n’aurait pas dû. Pourtant, il se pourrait que des Français à leur tour, excédés d’être rappelés à l’ordre par les Messieurs Propres d’un système qui se déglingue et se cabre, n’aient plus envie non plus de se taire. Les atteintes à la liberté d’expression, soumise aux censures des clercs d’en haut et aux oukases des minorités d’en bas, sont devenues folles. « Les gens ordinaires en ont marre de se faire donner des leçons par des tartuffes », analyse Christophe Guilluy (L’Express, 10 juillet). Le géographe voit s’aggraver le choc entre métropoles privilégiées et périphéries délaissées, entre Métropolia et Périphéria. Mon camp reste sans réserve celui de Périphéria. Ces mal-aimés sont appelés par l’histoire. Ils ont à récupérer leur place, confisquée par une caste d’eunuques prosélytes, brutaux faute d’être convaincants.
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Gérald Darmanin aurait-il pressenti la force explosive de cette colère populaire encore partiellement enfouie ? À peine était-il devenu membre d’un gouvernement démissionnaire après l’échec de son camp aux législatives, le premier flic de France se précipitait devant les caméras, col ouvert, pour théoriser son « sans-cravatisme », avatar boulevardier du sans-culottisme révolutionnaire. Dans le JDD du 21 juillet, le révolté de la 25ème heure expliquait ainsi son rejet de la cravate : « Ce bout de tissu est devenu pour beaucoup de Français le symbole d’une élite à laquelle ils ne s’identifient plus au point parfois de la haïr. L’élite à fait sécession depuis plusieurs années ». Rien de faux dans cette analyse de la rupture, faite par d’autres depuis des décennies. Sauf que Darmanin, depuis, s’est gardé de protester contre les assauts clabaudeurs de son gouvernement contre les électeurs coupables de voter RN ou LFI. Quand une part importante de la classe moyenne est exclue du cercle politique par des partis désavoués par les urnes, qu’est-ce d’autre qu’un déni de démocratie ? La météo politique s’annonce, dès septembre, tempétueuse. Le vieux monde a entamé sa chute.
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Le mur, qui sépare les élus des réprouvés, ne peut que s’effondrer si la classe politique persiste à ne rien comprendre du dégoût qu’elle suscite auprès de ceux qu’elle rejette. Enlever sa cravate en guise de contrition est un artifice grossier. La peur du peuple, quand ce dernier n’obéit plus aux culpabilisations morales des « élites » mondialistes et immigrationnistes, est à la source des fautes accumulées, depuis les gilets jaunes, par le pouvoir arrogant et inquiet. Emmanuel Macron, plutôt que d’analyser sa déroute, a voulu voir sa victoire personnelle dans l’échec relatif, le 7 juillet, de Jordan Bardella, à l’issue du second tour des législatives. Depuis, observer l’acharnement que met l’Elysée et ses relais à tenter d’ensevelir, jusqu’à l’étouffement, la montée de l’électorat RN-Ciotti fait penser à cette réflexion de Marx à Hegel, dans une lettre de 1870[1] à propos des répressions de 1793 : « La Terreur, c’est la bourgeoisie qui a chié dans ses culottes ». Toute proportion gardée, une même trouille de perdre son hégémonie pousse l’ancien monde morbifique à persécuter la droite populaire et réactive, qualifiée « d’extrême droite » pour mieux la noyer. Il y a, oui, une pente fascistoïde en France. Mais elle s’observe dans le « progressisme » aux abois, prêt à tous les coups bas pour survivre.
Ainsi, le jeu de l’été aura été, pour l’État en sursis, de faire disparaître l’expression de l’exaspération française, vue comme une humeur peccante…
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[1] Cité par Jean Meyer, en préface à La Vendée-Vengé, de Reynald Secher, PUF
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