Face au fléau du harcèlement scolaire, Élian Potier à la rencontre des élèves
Élian Potier, 22 ans, continue son tour de France des établissements scolaires. En ce jour de rentrée, il était au lycée Fourier d’Auxerre, dans l’Yonne. Rencontre.
En tant qu’ambassadeur national de la lutte contre le harcèlement, vous allez à la rencontre des jeunes. Pourquoi est-ce si important ? L’objectif est de sensibiliser le maximum de jeunes. Tous n’ont pas conscience de la gravité des choses. Le harcèlement ce n’est pas que des insultes, c’est aussi une violence physique et psychologique répétée. Pouvoir échanger autour d’ateliers sur ce qu’est le harcèlement et comment y faire face est essentiel. Depuis le début, j’ai sensibilisé 10.000 jeunes dans les écoles, collèges, lycées, CFA. Ce n’est pas nécessairement 10.000 jeunes qui ne seront jamais victimes ou harceleurs mais ils ont reçu cette intervention donc ils n’ont aucune excuse.
Vous avez, vous-même, été confronté au harcèlement scolaire… Oui, j’étais en troisième. J’ai assumé mon orientation sexuelle très tôt. Cela a posé problème. J’ai subi énormément d’insultes. Au début, je ne me rendais pas compte que c’était du harcèlement. Je me suis dit que ça allait passer mais cela a continué en classe, dans la cour, à la cantine, sur les réseaux et même devant certains professeurs.
Comment vous en êtes-vous sorti ?C’est ma mère qui a vu que je n’étais pas bien et qui a alerté. J’ai changé d’établissement à la rentrée de seconde. Aujourd’hui si je suis aussi investi dans cette lutte contre le harcèlement c’est parce qu’échanger avec les élèves dans les établissements est la manière à moi de guérir. Mais le plus important reste d’en parler.
Vous avez été contraint de partir de l’établissement contrairement aux harceleurs. C’est une décision que vous regrettez ? Ce n’est jamais à la victime de partir mais malheureusement pour qu’un harceleur parte, il faut que beaucoup de cases soient cochées. Dans mon cas, c’était injuste mais en même temps il n’était plus possible que je reste dans l’établissement. Il fallait changer d’environnement et tourner la page.
Numéro de téléphone unique, cours d’empathie… Depuis la rentrée 2023, des mesures ont été mises en place. Elles vont dans le bon sens ? Oui, évidemment. C’est encore compliqué de voir les effets mais cela va dans le bon sens. Les établissements scolaires mettent également des choses en place dans le cadre du plan pHARe (plan de prévention du harcèlement à destination des écoles, collèges et lycées). Cela passe par la sensibilisation, la médiation, des affiches dans les couloirs… On avance mais le chemin reste long.
Pour l’entourage ou les professeurs, il n’est toujours évident de détecter le harcèlement. En effet, mais il y a des signaux. Les absences répétées, le mal-être, la phobie scolaire. C’est aussi pour cela que les professeurs doivent être formés et les parents sensibiliser. Ils sont parfois dans le déni car ils ne pensent pas que leur enfant puisse être victime ou harceleur. C’est pour cela que je vais aussi me déplacer dans les entreprises. Encore une fois, le plus important est d’en parler.
Vos interventions ont-elles permis de libérer la parole ?Il arrive qu’après mes interventions, je sois sollicité par des élèves pour me raconter leur situation. Parfois, ils m’écrivent sur les réseaux car ils n’ont pas forcément osé en parler en face. Certains se demandent quelques fois s’ils sont victimes. J’essaye de les aider. Mais, encore une fois, le plus important est de ne pas avoir peur d’en parler.
Propos recueillis par Hugo Raymond