À Vichy, le collège des Célestins est sur tous les fronts
Avec 324 élèves, un nombre stable, le collège des Célestins est, à peu de choses près, le plus petit des collèges de la ville. Dans le cadre splendide et chargé d’histoire de ce bâtiment, qui hébergea autrefois le ministère de l’Intérieur sous le gouvernement de Pétain, les adolescents sont chouchoutés, autant qu’ils sont responsabilisés. Et leurs parents tout autant.
Les parents ne respectent pas la loi, et j’essaie de leur faire comprendre qu’il s’agit de leur responsabilité.
« Sur le sujet du harcèlement scolaire, je suis militant, explique Olivier Barbier, directeur. Je tiens à préciser que tous nos problèmes de harcèlement prennent naissance en dehors de l’établissement. Tous. » Sur un terrain en particulier : celui des réseaux sociaux, dont l’utilisation est, pour lui, trop peu ou mal encadrée par les parents. « Quand je me rends dans des classes de CM1 ou CM2, et que je pose la question, la moitié des élèves sont déjà sur les réseaux. Alors que le minimum légal est de 13 ans. Les parents ne respectent pas la loi, et j’essaie de leur faire comprendre qu’il s’agit de leur responsabilité, et qu’ils donnent à leurs enfants des outils extrêmement dangereux. »
Tirer les enfants vers le hautAutre cheval de bataille du collège, réintroduire les pères dans l’équation scolaire. « Pour qu’ils prennent leur place. Quand un enfant est malade, par exemple, on n’appelle pas systématiquement la maman. Plus globalement, on apporte une vigilance à la structuration de la famille, puisque quand j’étais jeune, les parents divorcés étaient une minorité, aujourd’hui c’est presque le contraire. »
L’équipe mène également une réflexion sur l’aménagement de la cour, pour laisser un peu plus d’espace aux élèves qui ne jouent pas au foot : « On va essayer d’introduire des jeux de société, des jeux traditionnels et une zone de lecture. »
« On fait aussi un travail sur l’hétérogénéité, ajoute le directeur. Pour qu’il n’y ait pas d’entre soi. La science montre que c’est plus intéressant pour les enfants, et que contrairement à ce qu’on croit, ça les tire vers le haut. » Concrètement, les élèves ayant choisi des options (bilingue allemand, Cambridge, etc.) sont systématiquement mélangés avec ceux qui n’en ont pas, et ce dans chaque classe.
Sensibiliser les élèves à la différenceDans le même esprit, le collège accueille une classe d’IME (Institut médico-éducatif) dans ses locaux, « pour sensibiliser les élèves à la différence. Cela fonctionne très bien, et lorsque tous les élèves sont mélangés dans la cour, on a vu certains troisièmes prendrent des enfants de l’IME sous leur aile. » Enfin, dans un gentil pied de nez à son histoire, le collège va se voir confier le drapeau de la 2e Division Blindée (ancienne unité de l’armée française créée par le Général Leclerc durant la Seconde Guerre Mondiale) de l’Allier, pour une durée de trois ans. « On va le faire vivre et faire vivre sa mémoire, et certains enfants seront porte-drapeau pendant les cérémonies commémoratives. »
Sandrine Gras