Pourquoi la mairie de Chamalières et les riverains de la rue Roche-Bonnet s'opposent sur un projet immobilier ?
Une trentaine de personnes ont assisté jeudi 12 septembre, à la salle Simone-Veil, à Chamalières, à la réunion d’information sur le permis de construire délivré à Nexity pour une résidence de 38 logements, au 20 rue Roche-Bonnet, à Chamalières.
Concrètement, le promoteur souhaite remplacer une maison au milieu d’une parcelle arborée de 4.848 m² par un bâtiment de deux étages surplombés d’un attique avec 57 places de stationnement, dont 55 en sous-sol.
Dans un quartier pavillonnaire, ce projet inquiète les riverains. Trois ont d’ailleurs déposé un recours gracieux à la mairie pour demander le retrait de l'autorisation.
Le projet de résidence de 38 logement au 20 rue Roche-Bonnet serait l'un des plus importants du secteur où se trouvent déjà plusieurs habitats collectifs (les chiffres indiquent le nombre de logements). Infographie Ville de Chamalières
Face aux inquiétudes, et pour clarifier la situation, la mairie a donc organisé un temps d’échanges.
Près de deux heures de débat dont voici les principaux points.
Les règles d’urbanisme à appliquerMichel Lacroix, adjoint à l’urbanisme, l’a confirmé : "Le projet répond aux critères du Plan local d’urbanisme (PLU) actuellement en vigueur sur la commune. À la demande de la mairie, il a déjà été revu à la baisse, de 65 à 38 logements, ce qui peut paraître encore trop pour certains mais cela répond, pour la municipalité, à un équilibre entre l’obligation de construction avec des logements sociaux et la préservation des sols végétalisés, qui représentent 60% de la parcelle. Nous n’avions aucune raison, ni aucun cadre juridique pour différer notre décision".
"Quand on voit que je n’ai pas le droit de changer mes fenêtres parce que je suis dans le périmètre de la petite chapelle des Sœurs de Sainte-Marie et qu’on laisse faire ça à côté, c’est hallucinant !"
De leur côté, les riverains mécontents ont maintenu que "l’instruction d’un Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUI) permet de surseoir pendant deux ans", c’est-à-dire de repousser la décision après l’entrée en vigueur du PLUI, qui devrait être finalisé par la Métropole au cours du deuxième semestre 2025.
Inquiets du projet prévu au 20, rue Roche-Bonnet, les habitants du quartier se mobilisent et trois d’entre eux ont même déposé un recours gracieux pour faire annuler le permis de construire. Photo Thierry Nicolas
"Avec le PLUI, on pourrait décaler le projet de 15 mètres à l’intérieur de la parcelle pour préserver une zone boisée et baisser le bâtiment d’un étage pour limiter le nombre de logements et tout ce qui va avec, notamment les voitures qui vont circuler dans ces petites rues", a pointé Benoît Vaz.
La circulation à revoirDans cette zone de petites rues aux trottoirs étroits (quand il y en a), les riverains ont pointé les risques d’une augmentation du trafic sur la sécurité. Pour l’un : "38 logements, c’est 80 voitures". Pour un autre : "Il faut revoir le plan de circulation, mettre des rues en sens unique, abaisser la vitesse à 20 km/h et instaurer des zones de priorité pour les piétons et les cyclistes. C’est quelque chose que le comité de quartier a déjà demandé".
"La mairie l’a fait ailleurs et peut examiner la situation mais, malheureusement, il y a des endroits où l'on ne peut rien faire", a indiqué le maire.
Les nuisances à contrôlerSi aucune étude de sol n’est obligatoire pour la demande d’un permis de construire, il faudra la faire avant de lancer les travaux et les riverains préviennent : "On est sur une zone d’anciennes carrières de bitume, il peut y avoir des surprises". Avec à la clé des travaux et donc des nuisances qui durent plus longtemps. Un autre point sur lequel le maire a indiqué qu’il n’avait pas de prise.
Malgré ce débat, les inquiétudes restent vives.
Maud Turcan