10 ans d'embouteillages : comment est née l'idée de paralyser Lapalisse ?
Springfield a sa route 66, Lapalisse sa RN7. Et si la commune bourbonnaise de 3.167 habitants rayonne aujourd’hui par-delà les frontières de l’Hexagone, ce n’est ni grâce à son château, ni à ses Vérités, mais bien grâce à sa route mythique. Celle qui traverse la France et qui, il y a encore 60 ans, était incontournable pour qui s’en allait chercher le soleil à l’heure des grandes vacances. À l’époque, il fallait plus de 6 heures pour relier Paris à Lapalisse, faisant de la ville, carrefour national, une étape tout indiquée.
La fin d'une ère... Et le début d'une autreBien des années plus tard, en 2006, un contournement est construit, et le centre-ville se libère de ses 3.000 poids lourds quotidiens. Pour célébrer l’événement, Patrick Bodin, à l’époque président du comité des artisans et commerçants de Lapalisse, veut organiser un grand pique-nique sur le pont.
C’est cette année, également que Thierry Dubois, historien spécialiste des grandes routes nationales, et Magalie Carton, chargée d’animation à la communauté de communes du Pays de Lapalisse, et autrice d’un mémoire sur la RN7, se rencontrent. Ils veulent reconstituer, pour la dernière fois, un grand embouteillage sur cette route qui en a vu tant d’autres. Toutes ces bonnes volontés se rejoignent alors, et le 26 octobre 2006, près de 250 véhicules rétro bloquent joyeusement le centre-ville de Lapalisse.La première édition de l’Embouteillage en 2006 (à gauche) et la dernière, en 2022, photographiées par le Lapalissois Patrick Bodin, qui les a toutes documentées.
Dix éditions plus tard (l’événement est organisé tous les deux ans depuis), force est de constater que cette « dernière fois » fut une première réussie, et que ce pique-nique qui n’a jamais eu lieu est devenu le rendez-vous incontournable des passionnés.
On a été les premiers. Après, on a été copiés, mais le concept est né ici.
Tourves, Millau et bien d’autres se sont en effet inspirés de l’initiative bourbonnaise. Mais la rigueur que s’jimposent les organisateurs, tant sur l’époque des véhicules (uniquement entre 1950 et 1965) que sur les costumes et reconstitutions des saynètes, en font le plus réputé de la RN7. Jusqu’aux Pays-Bas, d’où viennent des collectionneurs à chaque édition, mais également de Belgique, d’Italie, d’Allemagne…
Presque victime de son succès, l’Embouteillage a dû réduire la cadence cette année. Après les près de 1.200 véhicules participants en 2022, ce samedi 12 ocobre 2024 ils seront restreints à 850, pour le bon déroulé de l’événement. Et pour que ça ne bouchonne pas trop...
Patrick Bodin, témoin de la première heurePatrick Bodin, photographe lapalissois depuis 29 ans, conçoit son métier comme celui « d’écrivain d’une partie de l’histoire de l’humanité, à différentes échelles, bien sûr. » À la sienne, il a en tout cas largement contribué à documenter l’histoire de Lapalisse et de son Embouteillage. Originaire de Droiturier, il se souvient, amusé, des voitures qui s’arrêtaient devant la ferme de ses grands-parents, le long de la RN7. « J’avais 6 ans, à l’époque, et les vacanciers faisaient une pause pour remettre de l’eau dans le radiateur. Mes grands-parents en profitaient pour leur vendre des œufs. » Depuis 2006, et la première reconstitution d’Embouteillage à laquelle il a contribué, le photographe se régale. Non pas qu’il se passionne pour les anciennes cylindrées. « La bonne humeur qu’on ressent durant l’événement, les saynètes, l’histoire… » Son appareil n’en perd jamais une miette. Il dispose aujourd’hui de plus de 5.000 photos dont il imprime chaque année une partie en série de cartes postales.
Sandrine Gras
Retrouvez ici le programme complet de la prochaine édition de l'Embouteillage de Lapalisse, qui se déroulera le samedi 12 octobre.