Comment les patientes atteintes de cancers du sein sont elles suivies en Creuse ?
« Je n’aurais aucune raison d’aller ailleurs », confie Kelly Salapic. Cette habitante de Saint-Vaury est soignée en Creuse depuis le début de l’année pour un cancer du sein. Et, alors que le département est souvent présenté comme l’archétype du “désert médical” en matière de médecine de ville, la jeune femme de 37 ans ne tarit pas d’éloge concernant la prise en charge de sa maladie par les établissements hospitaliers locaux.
Une coopération efficace entre les établissements« J’ai été diagnostiquée le 19 février dernier à Guéret. Je suis suivie par le docteur Michel Kapella, à la clinique de la Marche. J’ai effectué plusieurs biopsies pour pouvoir déterminer le parcours de soins le plus adapté à ma situation. Puis, j’ai été prise en charge en oncologie par le docteur Romain Valéry, au centre médical de Sainte-Feyre », relate Kelly Salapic. Celle-ci résume :
Les personnels ont toujours été disponibles pour répondre à mes questions. Le suivi est vraiment à taille humaine et la communication est très bonne entre les établissements.
Une « coopération » entre les équipes et les différentes structures de soins locales au service des patientes atteintes de cancer du sein que tient particulièrement à mettre en avant le docteur Philippe Slaouti, oncologue au CMN de Sainte-Feyre et président de 3C, Centre de coordination en cancérologie de la Creuse. « Le circuit de prise en charge des patientes est particulièrement fluide en Creuse, avec des délais qui nous semblent tout à fait raisonnables », assure le praticien.
Le médecin détaille : « Le centre hospitalier de Guéret est le centre de référence en radiothérapie. Diagnostics et interventions chirurgicales sont également du ressort du CH ainsi que de la clinique de la Marche. Le CMN de Sainte-Feyre et le CH s’occupent des traitements par chimiothérapie, ou immunothérapie ou encore de thérapies dites “ciblées. »
Des protocoles identiques partout en FranceLa bonne circulation des informations entre les différentes structures creusoises et leurs personnels est d’autant plus importante que les patientes bénéficient fréquemment de plusieurs types de soins. Comme le souligne le docteur Romain Valéry, oncologue au CMN et spécialistes des traitements relatifs au cancer du sein :
L’approche est personnalisée et adaptée à chaque tumeur. Toutefois, souvent, les patientes vont pouvoir bénéficier d’une combinaison de divers types de traitements, parfois associés à de la chirurgie.
Des soins qui, insiste Philippe Slaouti, sont de qualité égale partout en France. « Certaines patientes peuvent spontanément se diriger vers d’autres départements. Cela est peut-être lié à des représentations, l’idée que l’on sera peut-être mieux pris en charge dans de grands centres étant encore répandue. Mais les protocoles sont nationaux. Ils seront identiques à Bordeaux, Clermont-Ferrand ou Sainte-Feyre », argumente le spécialiste.
« Plan personnalisé post-cancer »La proximité en moins. Notamment en ce qui concerne les soins dits de “support” : ensemble de prestations visant à assurer une meilleure qualité de vie aux personnes malades. Ces dernières pourront, par exemple, bénéficier d’un accompagnement personnalisé pour pratiquer une activité physique adaptée, de l’intervention d’une diététicienne, d’un kinésithérapeute, mais aussi d’une socio-esthéticienne ou encore de séances de balnéothérapie.
Par ailleurs, l’un des enjeux actuels est aussi d’accompagner les femmes après la maladie. « Nous sommes en train de travailler sur le “plan personnalisé post-cancer”. Au terme de la phase thérapeutique, il peut toujours demeurer des séquelles liées aux traitements, ou l’image de soi peut être perturbée, explique Karine Mournat, infirmière en pratique avancée au CMN de Sainte-Feyre. Aussi, les femmes les plus jeunes peuvent avoir besoin d’être accompagné dans un processus de réinsertion professionnelle. » Car, bien souvent, la maladie n’affecte pas seulement le corps, mais également, plus largement, les parcours de vie.
François Delotte