L'auteur de l'agression qui avait mis une victime K.-O. sur le bitume à Clermont-Ferrand condamné à quatre ans de prison ferme
Il finit par s’emporter : « Je suis l’homme à abattre là ! ». S’adressant à la présidente du tribunal qui l’interroge depuis une demi-heure sur les faits, il vocifère : "Vous êtes en train de me chauffer, madame". Il est exclu du box.Le 18 février dernier, vers 6 heures du matin, il a violemment agressé trois personnes, boulevard Lavoisier, à Clermont-Ferrand. Il était à l’arrêt dans sa voiture quand trois jeunes femmes, sorties de la boîte de nuit toute proche, se font alpaguer verbalement. Elles entendent "grosse vache".
"C’est un geste de boucher quand il saigne un cochon"
Inconsciente au solDeux d’entre elles s’approchent du véhicule. Elles se font insulter et cracher de dessus. L’une rétorque. Le prévenu, El-Hadj Berrahal, 29 ans, silhouette musculeuse, quitte le volant, assène un coup de poing à l’une qui la laisse inconsciente sur le bitume et gifle l’autre. Sensible à la scène, un jeune homme plaque l’agresseur au sol comme au rugby. Quand il se relève, il a le dos en sang. Sous ces vêtements, trois plaies, dont une qui, de l’épaule, s’étire jusqu’en bas du dos. Quarante agrafes de suture : "C’est un geste de boucher quand il saigne un cochon", image Dominique Puechmaille, la procureure. L’agresseur avait un couteau.
"Elles ont subi une violence inouïe !
Après des excuses de pacotille auprès des victimes, le jeune homme livre sa version : "Je les ai pas insultées. C’est mon collègue dans la voiture. Je suis sorti pour dialoguer avec elles. Elles m’ont insulté. Y’en a une qui a levé les bras, le coup est parti est tout seul". Le coup de couteau ? "Je l’ai donné par peur". "Vous êtes un sanguin…" commente la présidente Nassira Belkacémi. "J’ai le sang chaud", approuve le prévenu qui depuis le box lance de méchants regards aux deux victimes assises dans la salle. "Elles ont subi une violence inouïe !", plaide leur avocat, Jean-Hubert Portejoie. "Il s’en est pris gratuitement à elles". Me Legay, conseil de la victime au dos lacéré, enchaîne : "Il a agi mais il a subi". Du courage ? Pas vraiment pour Me Canis, avocat du prévenu : "Il a eu une initiative inutile, malheureuse plus que courageuse. Personne ne lui a demandé de faire le justicier. Si mon client s’énerve aujourd’hui, c’est qu’il a l’impression qu’on essaye de lui faire porter tout le poids du malheur de cette soirée".
"Personne ne lui a demandé de faire le justicier"
Quatre ans de prison fermeA la gravité de l’agression qui aurait pu virer au drame, s’est ajoutée l’attitude revancharde, mercredi, du prévenu, déjà condamné 27 fois par la justice. Du pain béni pour la procureure : "C’est l’illustration de ce qui a pu être son comportement le 18 février. Il y a une absence totale de maîtrise de soi".Reconduit dans le box pour écouter sa condamnation à cinq ans de prison dont quatre ans ferme (la peine requise) pour violence avec arme, il est parti entre les agents de la pénitentiaire, lançant aux victimes : "On se reverra".
Leïla Aberkane