Les petits patrons du Puy-de-Dôme vent debout contre des mesures du budget de l'État 2025
« S'il faut emboîter le pas des paysans, nous l’emboîterons, les patrons descendront dans la rue. »
On n’en est pas encore là, mais si Jean-Philippe Paillon, président de la CPME 63, évoque l’éventualité d’une manifestation de chefs d’entreprise, c’est que la coupe n’est pas loin d’être pleine pour lui et ses adhérents.
Comme dans le reste du pays, les petits patrons, si l’on en croit l’organisation patronale qui les représente, sont vent debout contre plusieurs mesures incluses dans le projet de budget de l’État pour 2025.
"Responsables sur nos biens"À commencer par la suppression de l’allègement des cotisations patronales sur les bas salaires, jusqu’à 1,6 fois le Smic. Une mesure qui remonte à 1993.
« Cela concerne plus de 50 % des salariés en France, et donc aussi beaucoup dans les petites entreprises, peste Jean-Philippe Paillon. On a parlé d’un budget avec des mesures qui ne toucheraient pas les PME, c’est faux. Rien que celle-ci représente une hausse du coût du travail entre 8 % et 10 %. Du côté du gouvernement, on nous dit “Augmentez vos prix”. Mais ce n’est pas si simple. En réalité, beaucoup d’entreprises mettront la clé sous la porte alors que le nombre de défaillances explose déjà les records. »Jean-Philippe Paillon, président de la CPME 63.
« La plupart des entreprises actuelles sont nées avec cet allègement, abonde Frédéric Lagouarre, dirigeant de Techno Logistique. Le supprimer, c’est changer la règle au milieu du match. Ce sont des décisions prises par des gens qui ont dérapé par milliards et ne connaîtront aucun problème. Alors que nous, nous sommes responsables sur nos biens et nous pouvons nous retrouver au tribunal. »
La baisse des remboursements de Sécurité sociale, compensée par les mutuelles, elles-mêmes en grande partie prises en charge par les entreprises, ainsi que la réduction des aides à l’apprentissage viendront aussi alourdir les bilans comptables des sociétés, a fortiori des petites.
Menace pour l’emploi« Les bénéfices moyens des PME se situent entre 3 % et 7 % du chiffre d’affaires, rappelle Sébastien Giron, patron de Grand Tourisme Giron. Avec l’ensemble de ces mesures, on est largement au-dessus. »
Autrement dit, les entreprises, elles, seront en dessous de la ligne de flottaison, ce qui constitue une réelle menace pour l’emploi, estime Jean-Philippe Paillon :
Les mesures annoncées sont un réquisitoire contre le monde du travail et les travailleurs. Ce sont des mesures d’asservissement de nos entreprises pour rembourser les frasques budgétaires des donneurs de leçons. Nous voulons qu’elles soient retirées.
Sinon, promet-il, les patrons seront dans la rue. Pour eux, cela semble clair : hors de question de couler en silence.
Patrice Campo
Dialogue social réduit à néant chez Michelin France