Placements illégaux d’enfants en Limousin et dans l’Indre : les victimes ont pu livrer leurs vérités

Lors des premiers jours du procès de leurs placements illégaux aux confins de la Creuse, la Haute-Vienne et l’Indre, ils et elles ont dû se contenter d’être spectateurs.

Et ces adolescents devenus jeunes adultes l’ont fait dignement, bien que ceux qu’ils accusent de violences ont largement remis leurs paroles en question.

Mercredi 16 et jeudi 17 octobre, les parties civiles ont enfin pu livrer leurs vérités au tribunal correctionnel de Châteauroux.

Des insultes racistes

Mickaël L., d’abord, qui explique avoir « grandi en foyer depuis l’âge de 6 mois ». Le jeune homme évoque les étranglements, tapes, insultes, moqueries, rabaissements et « droites dans le ventre » subis chez Colette et Antoine M.

Il se souvient plus précisément d’un épisode où il épluche des pommes de terre. Il a un scarabée sur la main. Il le jette sur un autre jeune. « Colette crie. Julien arrive, il me met à terre, me place une fourche devant l’œil et me dit “je vais te crever l’œil”. » Il se souvient également des insultes racistes subies par Jean-K. J., qu’il a côtoyé dans la famille M.

« Des tartes dans la gueule »

Lui succédant à la barre, le jeune homme d’origine haïtienne, placé, lui, depuis ses 2 ans, confirme. Il accuse tout particulièrement Colette M.

Le séjour des deux ados dans la famille M. se termine par une fugue. Pour Jean-K. J. il s’agit de la seconde. La première avait échoué, après « avoir marché quatre heures ». Elle lui avait valu « des tartes dans la gueule » dès le lendemain de son retour, au réveil, à… 4 heures.

Mathias G., « abandonné à 4 mois », « violé à 6 ans » et « adopté à 7 ans » revient sur ce qu’il a entendu de la bouche de ceux qu’il accuse de violences. Il les juge « culottés et pathétiques d’avoir menti à ce point ». Il revient notamment sur le soir où Julien M. a uriné sur lui, sans aucun déclencheur, selon lui.

Une bonne opinion des autres familles

Il confesse que le fait d’être déplacé chez Hervé et Karine M. lui a permis de « décompresser, me détendre ». Une bonne opinion des familles d’accueil hors Colette, Antoine et Julien M. ainsi que Bruno C. et Laure M. que l’on retrouve chez la plupart des parties civiles amenées à témoigner.

Maeva C., placée chez Bruno C. et Laure M. pour échapper à la violence de sa mère, a été notamment traumatisée par la réaction violente de celui-ci qui l’a projetée sur la piscine et qui lui a laissé « une grosse bosse derrière la tête et une marque de griffe sur le visage ». Sa voix chevrote puis elle éclate en sanglot en lisant le texte préparé pour le tribunal.

Vient le tour de Damien P., qui se souvient qu’un jour, Julien, sans raison, lui dit « je te demande pas comment tu vas » puis « il me met une grosse gifle ». Une autre fois, il l’aurait pris par la gorge pour le soulever ou encore l’aurait attrapé par les testicules. Au point selon lui d’uriner du sang les jours suivants.

Angelina vient ensuite confirme que Bruno C. interdisait aux filles de porter des sous-vêtements et la, voix empreinte d’émotion, indique que « tous les jours Bruno touchait nos parties intimes pour vérifier ».

Les témoignages des parties civiles se terminent avec Carl, qui évoque les violences subies par d’autres enfants en sa présence.

L’ultime journée de ce procès, ce vendredi 18 octobre, s’annonce longue pour toutes les parties, avec les réquisitoires de la procureure, qui seront suivies par les plaidoiries. La décision du tribunal est attendue en fin de journée.

Florent Pétoin

X : @FloPetoin