Comment l'ASM Clermont est sortie par le haut d'une semaine compliquée

Après quatre matchs sans succès face à l’UBB (depuis mars 2022), Clermont a vaincu quelques-uns de ses vieux démons. Et ce n’est pas le point de bonus, échappé après la sirène alors qu’il n’y avait plus beaucoup d’essence dans le moteur, qui a gâché la fête. La victoire contente largement une équipe, qui n’était pas en crise, mais qui avait besoin de se forger des certitudes après la piètre performance à Paris.

Devant, le pack clermontois a rivalisé l’essentiel du temps avec un Bordeaux équipé pour le gros temps. Pas un joueur n’a triché, ils ont tous tout donné, un peu trop sans doute, ce qui explique les excès de générosité qui ont été sanctionnés de 20 pénalités.

Mise au vert... à domicile !

Derrière, les Clermontois avaient des choses à se faire pardonner. Ils le savaient et ils en ont parlé ensemble cette semaine ; probablement avec des mots peu aimables. « Les trois-quarts, on était focus sur notre jeu parce que nos prestations individuelles n’étaient pas au rendez-vous, moi le premier, assurait ce samedi soir Joris Jurand. On n’était vraiment pas satisfait de notre rugby, avec beaucoup de ballons tombés. Là, on a produit du beau rugby ».

L’ancien briviste n’a pas mis longtemps, ce samedi, pour montrer que la révolte était en marche. Quarante-quatre secondes de jeu exactement, pour voir Delguy sauter plus haut que tout le monde sur le coup d’envoi et admirer ensuite l’offload de Sowakula envoyant Jurand dans l’en-but.

Ça ne pouvait évidemment pas mieux commencer pour cette ASM énervée et agacée depuis six jours et le revers honteux (36-6) à Paris. « Oui, la semaine a été compliquée reconnaissait, ce samedi soir Christophe Urios. Parce qu’on n’arrive pas à faire ce que l’on veut. Il y a des joueurs dans ce groupe qui ont de l’orgueil et parfois ça pique. J’ai trouvé la semaine agitée et tendue, mais dans le bon sens du terme. On a besoin de ça ».

Vingt mois après son arrivée à Clermont, Urios a traversé des périodes tumultueuses et la vie du côté du stade Michelin n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Il avoue, humblement, en apprendre chaque jour sur les codes du club et de son groupe. « Je commence à comprendre des choses sur la relation au groupe qui a vraiment besoin d’être piqué ».

Une animation offensive qui avait du sens

Vendredi soir, veille du match, les Clermontois ont eu droit à une mise au vert. Pas très loin, dans un hôtel situé à moins d’un kilomètre du Michelin. « Ça nous a fait du bien, on s’est retrouvé entre nous, assurait Joris Jurand. Ma femme a juste fait la gueule… », rigolait l’ailier de l’ASM.

Dernier match du premier bloc, réception d’un cador, programmation à 14 h 30 : pour Christophe Urios, les planètes étaient alignées pour provoquer quelque chose et ce moment d’intimé collectif. « Il m’a semblé important de se réunir et de penser qu’à ça »… Ne penser qu’à ce test-match face à une UBB qui survole le Top 14 et dont l’ASM devait éteindre les ambitions pour rester accrochée du bon côté du tableau.

Dans une rencontre à forte intensité, les deux formations ont eu chacune leurs temps forts, mais Clermont avait mis le curseur un cran au-dessus. Suffisant pour dominer le milieu du terrain, même si en face Van Rensbourg a été fidèle à la caricature du trois-quarts centre sud-africain. Nécessaire aussi pour forcer la décision et se montrer extrêmement réaliste dans les zones de marque.

Avec trois essais inscrits sur des lancements en touche, l’ASM a été séduisante comme elle ne l’a pas été souvent cette saison. Son animation offensive avait du sens. Et sa défense a été le baromètre d’une équipe qui avait une réelle envie de sortir par le haut après une semaine agitée. C’est ainsi que Clermont reste invaincu chez lui. 

 

Christophe Buron