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2024

Jean-Baptiste Andréa, Goncourt 2023 : "J'ai vécu une médaille d'or, une coupe du monde"

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Il a fallu trouver un moment pour échanger avec Jean-Baptiste Andréa. Sa maison d'édition avait prévenu "là, il est beaucoup à l'étranger pour la sortie de son livre, mais on va trouver". 

Ces voyages font partie de votre vie d'écrivain maintenant ?

Je ne connais personne qui écrit pour autre chose qu'être lu. Moi, je suis un lecteur de bouquin, je ne suis jamais allé à des rencontres littéraires. Je ne connaissais pas tout ça. Alors être invité à l'étranger... C'est le Goncourt qui permet tout ça. 

Ça vous plaît ?

C'est incroyable. Parfois, je me dis "Encore une invitation, je suis fatigué" et puis tout de suite, je me rappelle qu'il y a dix ans, j'aurais tué pour passer le balai dans ces invitations. J'ai l'impression d'être un petit groupe de rock, toujours sur la route.

Heureusement que je ne suis pas devenu rock star à 20 ans comme je voulais. Je comprends qu'on tombe dans la drogue. Il y a tellement de temps d'attente. Et puis, je ne profite de rien. J'étais à Madrid, à cinq minutes du Prado et je n'ai pas pu y aller. Je pense aux musiciens qui ne font que ça...

Par contre, les moments de rencontre sont toujours heureux et jamais les mêmes. C'est important pour moi de ne pas jouer le rôle de l'écrivain. La dernière chose que je veux faire, c'est sacraliser le métier d'écrivain qui est mon rêve de gamin. 

Comment se passent les dernières semaines avant l'annonce du Goncourt ? On fait des soirées, du lobbying ? 

J'ai rencontré, par hasard, un seul membre de l'académie Goncourt, Tahar Ben Jelloun. Je ne lui ai même pas dit bonjour de peur que ce soit interprété comme du fayotage. Je n'aurais pas supporté. 

Il y a un an, j'étais un outsider. Personne ne me connaissait et je ne connaissais personne. Jusqu'à la veille de l'annonce, je n'ai jamais pensé pouvoir l'avoir. Ce qui est bien, parce que je suis de nature angoissée. Mon but était de rester le plus longtemps dans les sélections pour qu'on parle de mon livre. On ne peut pas baser son bonheur sur la possibilité de gagner au loto. 

Que s'est-il passé la veille ? 

Neige Sinno a eu le prix Femina, ce qui l'excluait un peu du Goncourt. On n'était plus que trois. Donc, bon, objectivement, une chance sur trois. Face à de grosses maisons d'édition, disons une chance sur cinq. Mais 20 % ce n'est pas rien.

Le matin, j'étais stressé, je voulais que ça finisse. Quand j'ai gagné, j'avais un peu mal pour Eric Reinhardt, pour qui j'ai beaucoup d'estime et parce que ça s'est joué entre lui et moi. J'aurais aimé ne pas gagner au détriment de quelqu'un. 

C'est le premier sentiment à l'annonce ?

Non, c'est une joie immense. D'abord, je pensais avoir perdu parce qu'à 12 h 37, il n'y avait toujours pas de coup de fil et ils n'appellent que le gagnant. J'appelle ma famille pour dire que j'ai perdu et on ouvre un champagne de la défaite. Ça a duré exactement six minutes. Donc, je sais comment je réagis à la défaite. Et là, l’ascenseur émotionnel.

Il m'a fallu plusieurs mois pour repenser à ce moment sans avoir les larmes aux yeux. J'ai vécu une médaille d'or, une coupe du monde. Il n'y a eu que 120 Goncourt, on rentre dans cette histoire. Aucun autre pays n'a de starification autour d'un prix littéraire.

D'un coup, votre parole est reprise. Depuis des années, j'interpelle sur l'absence de statut de l'écrivain et, là, mes mots sont repris dans Le Figaro. Bon, il y a toujours le petit côté absurde de la notoriété qu'il ne faut pas perdre de vue. Mais il ne faut pas la bouder non plus. 

Vous vous êtes imprimé une carte de visite "Jean-Baptiste Andréa, Goncourt" ?

Plutôt le contraire. J'aurais honte de me mettre en avant. Si vraiment, je devais réserver une table dans un resto... et encore, je demanderais à quelqu'un de le faire. 

Qu'est-ce que ça change concrètement ? L'argent déjà, j'imagine ?

Oui, pouvoir voir venir. J'ai toujours été écrivain, depuis 1996, donc je regarde l'argent à deux mois, au mieux à un an. 

Et l'année qui suit, c'est une année de miss France ? 

Exactement. J'avais déjà commencé parce que Veiller sur elle marchait bien. Je n'ai pas eu plus de rencontres, mais au lieu d'être devant 50 personnes, c'était devant 400. Les librairies devaient louer le théâtre du coin. La deuxième année, c'est beaucoup à l'étranger. Si vous êtes monté un peu haut, ça vous fait redescendre, parce qu'à l'étranger, vous n'êtes personne. Il ne faut pas s'enflammer dans la réussite et ne pas vouloir se flinguer dans l'échec. J'ai appris ça en travaillant dans le ciné. 

Comme dans le poème If de Kipling ? 

Oui, j'adore ce poème. Mon père me l'a offert quand je suis arrivé à Paris. Mais je ne ferai pas mieux que le Goncourt. Les gens me demandent : "Tu vas faire quoi maintenant ?". C'est absurde. Écrire. Ce n'est pas parce que j'ai gravi l'Everest que je n'aime plus l'alpinisme. 

Et vous trouvez le temps d'écrire ?

J'ai des phases d'écriture et des phases de rien. Et, dans les phases de rien, je ne sais pas s'il y aura autre quelque chose. 

Donc, ça peut s'arrêter ?

La première chose que j'ai dit à mon éditrice après mon premier livre "Ne me demande pas s'il y aura un deuxième". J'ai dit pareil au deuxième, au troisième... La vie, c'est la possibilité que ça s'arrête. 

Vous parlez du travail d'écrivain comme s'il y avait une inspiration, une muse. 

Pour moi, oui. Il y a de l'observation et quelque chose qui se déclenche. Comme si le code était craqué. J'infuse. 

Veiller sur elle est venu comment alors ?

En voyant un film de Paolo Sorrentino avec un plan sur une statue. C'était la fin de mon livre. Pour moi un livre, c'est d'abord une fin. Il faut que je sache où je vais. C'est sacré. Sinon, c'est "regardez-moi écrire". 

Il y a plein de gens qui écrivent magnifiquement bien, mais qui ne savent pas écrire un livre. On a oublié, surtout en France, qu'un livre doit raconter une histoire. Ce n'est pas un exercice de style. Je lis Valérie Perrin en ce moment et c'est l'une des autrices les plus sous-estimées par le milieu. Elle sait raconter une histoire. 

Donc, vous n'avez rien écrit depuis un an ? 

Non. J'ai été pas mal occupé. Chez moi, c'est le bordel. Quand vous m'avez appelé, j'étais en train d'assembler une étagère. En plus, j'ai dû reprendre au début, parce que je m'étais planté. 

Propos recueillis par Simon Antony




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