Elle était une fois le pouvoir : cette compagnie qui interroge le règne des femmes à Aurillac
« Il était une fois nos règnes flottants et instables, scellés dans le marbre de leurs inconsistances… Elle était une fois une reine, une mère, porteuse d’espoir, sacrifiant sa beauté, rêche et folle. Il sera une fois où il était une fois sera loin derrière. » Le texte ficelle le règne des femmes. La compagnie Inouïes productions a présenté, vendredi 1er novembre, Nos règnes, au théâtre municipal, au terme d’une semaine de résidence de création.
La première du spectacle sera présentée le 4 novembre 2025, à Aurillac. Marie-Cerise Bayle, dompte le tissu aérien pour convertir l’ascension, psychologique et physique, vers le pouvoir. La compagnie décloisonne les disciplines, invente des machineries pour servir avec poésie un propos ancestral et d’actualité, la conquête du pouvoir. Les mots d’Emily Dickinson subliment le tableau. Les duos voix/basse rythment les quatre actes de la pièce, et adaptent même du Purcell.
Du blanc immaculé au rouge« La question à l’origine, c’était de reprendre le pouvoir en tant que femme et minorité, détaille l’acrobate et metteuse en scène, Marie-Cécile Bayle. Tout ce que ça a de chouette de prendre le pouvoir, mais aussi l’autre versant, prendre le pouvoir sur les autres, prendre le pouvoir oui, mais pour en faire quoi… »
L’histoire des reines s’est imposée. Elle campe la Reine Margot, qui raconte Catherine de Médicis… Le tissu aérien passe du blanc immaculé au rouge. Car dans cette histoire de règnes féminins, le sang a une importance centrale. « Il représente symboliquement la lignée, l’héritage. Le fait de mettre un enfant au monde est une fonction importante, mais aussi l’arrivée des règles qui annonce que ça n’a pas marché… Le sang versé pour étendre son territoire aussi. »
« Nous nous perdons dans nos labyrinthes »Deux crânes soulignent, immobiles, au premier plan, la vacuité des passions humaines, leur fragilité, mais surtout « ce rapport entre la vie, la chance d’être en vie, face à la décrépitude, la mort ».
Dans cette énergie, la compagnie explore les labyrinthes de vie, les choix. « C’est subjectif, mais ce qui m’intéresse, c’est la somme de fables, de légendes, de croyances qui constituent l’histoire, et nos vies ressemblent un peu à ça. C’est une interprétation poétique, mais nous nous perdons dans le labyrinthe, parfois on tire un fil, parfois, il n’y en a plus…
Anna Modolo