Deux centrales hydroélectriques EDF arrêtées après la crue du Lignon : "Il faudra plusieurs semaines pour tout remettre en service"

Il n’y a pas que des particuliers, des entreprises ou des communes qui ont été touchées par les inondations du 17 octobre en Haute-Loire. Sur les bords du Lignon, les centrales hydroélectriques d’EDF, en aval du barrage de Lavalette, ont subi des dommages. Si Versilhac et Vendets fonctionnent toujours aujourd’hui, celles de Pont de Lignon 1 et 2 ont été inondées et sont arrêtées. « Au préalable, lorsque la prévision d’une crue majeure s’est confirmée, il a fallu mettre en sécurité chaque centrale, l’arrêter et évacuer les véhicules », retrace Yvan Samouillet, responsable du groupement Loire chez EDF.

Photo Lionel Ciochetto Yvan Samouillet montre le niveau atteint le 17 octobre dernier par le Lignon sur le mur de la centrale de Pont de Lignon 1. Au-dessus, le repère de 1980. Entre les deux, il y a 1,10 m d’écart. Ce sont les deux plus fortes crues du Lignon depuis que la centrale a été construite en 1905, à l’époque par la Compagnie Électrique de la Loire.

Rien que l’état de l’accès à la plus importante des deux usines, Pont de Lignon 1, donne une idée de l’ampleur des dégâts : des arbres entiers sur la route, la chaussée emportée par endroits, les glissières de sécurité arrachées. « Les blocs de béton qui sécurisent le bord de la route ont été poussés comme des Lego® », constate Yvan Samouillet.

Devant la centrale, les clôtures ont été emportées et le goudron du parking a été en partie détruit (mettant au jour les bases en pierre de l’ancien talus soutenant autrefois des jardins et des serres). À l’intérieur, les dommages sont tout aussi conséquents car l’eau est montée de 40 à 50 cm au rez-de-chaussée et a noyé tous les étages inférieurs.

Photo Lionel Ciochetto Une quantité assez incroyable de sable s’est accumulée à 200 m en aval de la centrale de Pont de Lignon 1. Cet énorme tas (plusieurs dizaines de mètres cubes) s’est constitué au niveau du canal de fuite de la centrale, en bouchant la sortie.

« Ça fait mal de voir l’outil de travail dans cet état-là… », se désespère un agent EDF de la centrale.  « Depuis 10 ans, c’est la première fois que je vois la vallée comme ça », réagit un autre agent. Alors il l’avoue : « Ça pique… Le lundi après la crue, à force de découvrir les dégâts, ça a été difficile. Là, ça va un peu mieux, on a des réponses » poursuit-il.

Pour l’alternateur comme pour certains éléments de génie civil (canal, barrage), il faudra attendre un diagnostic précis dressé par des spécialistes. « Nous souhaitons redémarrer au plus tôt. Mais c’est impossible de donner une date. Cela va dépendre des expertises sur le génie civil surtout. Il faudra encore plusieurs semaines pour tout remettre en service ».

Les parties dédiées aux agents EDF ont été touchées aussi, comme ici les vestiaires et, en arrière-plan, le réfectoire, refait à neuf il y a deux ans. Beaucoup de choses avaient été mises en hauteur mais les murs et les cloisons sont imprégnés d’eau (photo Lionel Ciochetto). Depuis la semaine dernière, 6 à 7 agents EDF sont affectés au nettoyage, sans compter l’entreprise Portal TP (lire ci-dessous). « Nous avons des équipes de Grangent et Villerest dans la Loire, de Brives-Charensac, qui sont venues en renfort à Pont de Lignon. Il y a eu tout de suite un bel élan de solidarité », constate encore Yvan Samouillet.

Photo Lionel Ciochetto Pour parvenir à nettoyer et redémarrer la centrale au plus vite, EDF a fait appel à l’entreprise Portal TP, de Saint-Georges-Lagricol. Trois personnes sont venues en renfort des équipes EDF pour nettoyer la centrale, enlever les embâcles, comme ici un arbuste à évacuer. Comme partout, de grosses quantités de bois charriées par le Lignon en crue s’étaient accumulées tout autour des bâtiments de l’usine. 

Lionel Ciochetto