La comédienne Alexandra Lamy est Louise Violet, missionnaire de l’école laïque

Louise Violet porte le nom d’une héroïne de l’histoire. À l’image de Louise Michel qui fut, elle aussi, institutrice, militante, féministe, révolutionnaire. Mais cette femme, incarnée par Alexandra Lamy dans le film éponyme, est sortie de l’imagination d’Éric Besnard. Elle n’a pas existé, mais elle aurait pu. Elle est toutes ces femmes de la IIIe République. À la différence de Louise Michel, précise le réalisateur, elle est devenue réformatrice.

En Auvergne

Nous sommes à la fin du XIXe siècle et Louise Violet est envoyée à la campagne, en Auvergne, pour faire la classe aux enfants qui, jusque-là, ne reçoivent aucune éducation et travaillent aux champs. C’est la France de la IIIe République, de Jules Ferry, de l’école laïque, gratuite et obligatoire.

Son arrivée va révolutionner la vie du village. Louise s’installe dans ce qui sera sa classe, mais qui reste désespérément vide. Elle attend ses élèves qui ne viennent pas ; les parents ne veulent pas perdre cette main-d’œuvre – « leurs esclaves », dit-elle – qu’ils estiment nécessaire et, surtout, craignent que leur progéniture, une fois éduquée, ne les quitte, ne s’émancipe.Louis Violet (Alexandra Lamy), institutrice à la campagne en 1889. Photo David Koskas_® Nord-Ouest Films

Le réalisateur Éric Besnard, passionné d’histoire, a choisi cette période, « ce moment où le socialisme reste utopique, absolument magique », avec ces femmes en quête de liberté. Louise Violet incarne cette femme forte, que rien ne peut toucher. C’est ce qui la fait tenir.Eric Besnard, réalisateur de Louise Violet.

Louise Violet traîne un lourd passé. Envoyer cette Parisienne au fin fond de la France n’est pas un cadeau. « On se dit nos secrets ? » lance-t-elle un jour au maire du village interprété par Grégory Gadebois (Grégory Gadebois avait déjà travaillé avec Éric Besnard dans un film qui se passe pendant la Révolution française. Dans Délicieux, tourné dans le Cantal, il raconte l’histoire de la naissance des restaurants en France). Ça viendra plus tard, beaucoup plus tard…

En attendant, la vie change dans cette campagne profonde. Louise, très laïque, entretient néanmoins des relations avec le curé qui, comme elle, est arrivé un jour en missionnaire. La maîtresse, le prêtre et le maire sont ce trio improbable qui tient le village et « où l’ignorance est à combattre », selon Louise

Elle représente cette idée, ce personnage, « cette « girl next door » capable de faire face aux personnages masculins qu’elle va affronter et se les mettre dans la poche », décrit le réalisateur.

« Elle a tellement pleuré qu’elle a perdu la vue »

Cette femme qui a tout perdu semble invulnérable. « Ella a tellement pleuré qu’elle a perdu la vue », commente Alexandra Lamy, lumineuse dans ce rôle fait pour elle. « Je voulais quelqu’un qui symbolise l’institutrice : sympathique, empathique et issue de la société civile », précise Éric Besnard. Une femme instruite, féministe, photographe et, finalement, très moderne.

Louise Violet. D’Éric Besnard, avec Alexandra Lamy, Grégory Gadebois, Paul Kirchner. 1 h 48. En salles dès ce mercredi.

Rencontres. Marie-Christine Duchalet, responsable de casting, et Pierre Gadrey, son assistant, qui ont encadré une vingtaine de jeunes acteurs et actrices locaux et 350 figurants dévoileront les coulisses du tournage ce mercredi 6 novembre, à 20 heures, au cinéma La Capitelle à Monistrol-sur-Loire (Haute-Loire), en présence d' Ernest, jouant le rôle principal des enfants et jeudi 7 novembre, à 20 h 30, au cinéma Cin'étoile à Sainte-Sigolène (Haute-Loire), avec Télio Mourier, jeune acteur du film.

Le retour en Auvergne d'Alexandra Lamy

Alexandra Lamy et le procès des viols de MazanAlexandra Lamy s’était prononcée, le 19 septembre, sur son compte X (ex-twitter), à propos d’une chronique du journaliste Matthieu Croissandeau critiquant le fait que les hommes politiques français ne réagissent pas au procès des viols de Mazan, de cet homme qui a invité d’autres hommes à violer sa femme pendant plusieurs années. « Merci de dire qu’effectivement aucune classe politique dénonce ces atrocités. Honteux », avait-elle écrit. Elle a réitéré sa pensée une semaine plus tard, alors de passage à Clermont-Ferrand pour la promotion du film Louise Violet. « C’est une femme seule face à tous ces hommes. Les conditions du procès sont extrêmement difficiles. Il n’est pas possible de mettre encore un petit mouchoir dessus ».

Véronique Lacoste-Metteyveronique.mettey@centrefrance.com