"J’avais peur de mourir tous les jours" : il avait pointé un calibre 22 sur la tête de sa compagne en Haute-Loire
L’agression dont a été victime une jeune femme, domiciliée dans le centre de Loudes, en septembre dernier avait particulièrement choqué les esprits. Ce samedi en fin d’après-midi, totalement effrayée, elle s’était enfuie de chez elle pour trouver refuge dans un bar à côté de la mairie. Les gendarmes avaient engagé un dispositif d’une douzaine d’hommes pour retrouver le mis en cause, son petit ami, en possession d’un pistolet de calibre 22. Vers 20 heures, l’homme était finalement découvert, caché sous l’évier de la cuisine.
« Peur de mourir tous les jours »L’individu a été placé en détention provisoire dans l’attente de son jugement, en comparution à délai différé qui a lieu lundi après-midi au Palais de justice du Puy. Sept semaines après les faits, il a été escorté par le service pénitentiaire, demandant à être assisté par un avocat, mais sans s’être organisé au préalable. Il a accepté d’être défendu par le conseil de permanence pénale. Les deux amoureux s’étaient rencontrés à Clermont-Ferrand, voilà un peu plus d’un an. Cette relation amoureuse avait conduit le jeune homme à s’installer dans l’appartement de Loudes, trois semaines avant l’agression. Le jour des faits, la jeune femme s’était rendue au Puy en début d’après-midi pour prendre un verre avec une amie. La dispute aurait éclaté à son retour. Au cours de son audition, elle avait expliqué aux enquêteurs que son compagnon l’attendait avec un couteau. Il l’avait contraint à le suivre dans la salle de bains avant de lui pointer un pistolet sur la tête. L’homme avait ensuite pris les clés de la voiture de sa compagne tandis que cette dernière parvenait à s’échapper pour se réfugier dans le bar. Elle a révélé également qu’au cours de la semaine précédente, il lui aurait collé la lame d’un couteau sur la nuque au cours de la nuit. « J’avais peur de mourir tous les jours ».Lundi, à la barre du tribunal, par la voix de son interprète, le prévenu tunisien, qui faisait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français, a livré sa version. « Elle était partie boire un verre avec sa copine et elle est revenue saoule et droguée. Elle voulait faire un câlin, pas moi. Elle a pleuré puis s’est mise en colère. J’ai récupéré les clés pour ne pas qu’elle conduise dans cet état. On s’est disputé et elle est partie. »Alors qu’un médecin légiste a estimé les conséquences de l’agression à six jours d’incapacité totale de travail (ITT), en considérant le traumatisme psychologique mais aussi physique, puisqu’une dizaine d’échymoses ont été constatés sur l’ensemble de son corps, le prévenu n’avait qu’une seule ligne de défense : « Je ne lui ai jamais fait de mal ».« Il nous ment sans scrupule », a dénoncé l’avocat de la jeune femme, Me Nicolas Ogier. Même sentiment du côté du Ministère public ; la vice-procureure Marie Moschetti a évoqué les enregistrements des trois appels passés au 17 par la serveuse du bar. « La victime était terrorisée, incapable de parler, ce n’est pas la réaction de quelqu’un qui simule. » Le tribunal a suivi les réquisitions à la lettre en condamnant Amane Ayten à une peine de deux ans de prison ferme, avec maintien en détention et l’interdiction définitive du territoire national. Une expertise médicale de la victime a été exigée afin de pouvoir déterminer le montant de ses préjudices qui seront jugés au cours d’une audience sur intérêt civil l’année prochaine.
Céline Demars