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Ноябрь
2024

Introduction aux penseurs de « l’écologisme »

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Le politiste Jean Jacob est déjà l’auteur de plusieurs ouvrages sur l’écologie politique : Les sources de l’écologie politique et Histoire de l’écologie politique, parus respectivement en 1995 et 1999 chez Arléa-Corlet Albin Michel. Figures de l’écologisme. De la science à la politique s’insère dans la collection « Figure[s] de » des éditions Le Cavalier Bleu. Organisé autour d’une vingtaine de portraits liés à un même sujet, chaque opus de la collection « retrace les apports, influences, rivalités et postérités des protagonistes clés ». Dans le cas présent, Jacob a pour ambition de proposer des repères afin de mieux comprendre une « nébuleuse écologiste particulièrement riche ». Le propos n’est donc pas seulement factuel. Il vise à évaluer les pensées exposées.

Jean Jacob distingue d’emblée l’écologie, soit « une discipline scientifique qui étudie les interactions réciproques entre un ou des êtres vivants et leur environnement », de l’écologisme, qu’il considère comme plus subjectif, militant et théorique. Autrement dit, il s’agit de réflexions philosophiques et politiques émergeant de constats scientifiques. Il s’empresse d’ajouter que l’écologisme est loin d’être une pensée monolithique. Au contraire, il existe en son sein de nombreux sujets de discussions, voire de désaccords, concernant par exemple la priorité à accorder, dans la résolution de la crise environnementale, à l’humanité ou à la nature, à la technique ou au capitalisme … Des « solutions complètement différentes » en découlent en conséquence. Par ailleurs, Jacob s’efforce de présenter des pensées issues du monde entier et pas seulement de l’Occident, même si beaucoup d’alertes environnementales en sont issues, du fait de notre mode de vie plus destructeur pour la planète. Les portraits ici réunis le sont à l’aune d’une « grille de lecture » adoptant une structure ternaire.

L’homme, ou certains hommes, face à la nature : un rapport à revoir

Dans son chapitre introductif, « L’homme, une note discordante dans le concert du vivant », le politiste rappelle que les premières alertes écologiques sont relativement précoces à l’époque contemporaine. Elles étonnent à l’ère du progrès et sont souvent liées à un amour de la nature, comme chez l’américain David Thoreau, également attaché à la liberté. De son côté, Gandhi invite à revenir à certaines traditions indiennes plus respectueuses de la vie sur terre. Pour ces auteurs, la maîtrise de la nature par l’homme est assimilée à une forme d’hubris. Le naturaliste suisse Robert Hainard plaide aussi pour le respect de la nature, quand le savant allemand Ernest Haeckel rappelle l’insertion du monde humain dans le monde naturel. Dans un même ordre d’idée, le norvégien Arne Naess, père de la deep ecology (« écologie profonde »), prône le respect de toute forme de vie. Marqués par la Shoah et l’avènement de la bombe nucléaire, les philosophes allemands Hans Jonas et Günther Anders en appellent à la responsabilité et à la lucidité de l’humanité. Chez les anthropologues, de Claude Lévi-Strauss à Philippe Descola, se retrouve l’« idée d’une communauté de vie propre à l’ensemble du monde vivant ». Celle-ci est formulée via « l’hypothèse Gaïa » par le scientifique anglais James Lovelock, avant d’être reprise plus tard par le sociologue des sciences Bruno Latour.

La seconde série de figures est rassemblée autour d’une idée qui donne son titre au chapitre : « L’homme, un animal politique aux ambitions contrariées ». Pour Jean Jacob, il n’y a pas d’unanimité autour d’un mauvais rapport général de l’homme à la nature. Certains auteurs ou autrices pointent des responsabilités plus spécifiques. L’écoféminisme de l’indienne Vandana Shiva ou de la française François d’Eaubonne permet de faire le lien entre domination de l’homme sur la femme et domination de l’homme sur la nature. Jacob revient aussi sur certains lanceurs d’alerte scientifiques comme Rachel Carson – à propos des pesticides – ou Barry Commoner – aux prémices de l’écologie politique. À la suite de ces premières mobilisations, l’environnement est l’objet de sommets internationaux, comme celui de Stockholm en 1972, puis de Rio en 1992. Entretemps, en 1987, le concept de « développement soutenable » ou « durable » est forgé par la femme politique norvégienne Gro Harlem Brundtland. En parallèle et à l’échelle hexagonale, la « complexité », chère à Edgar Morin, est prise en compte en lien avec l’environnement, quand Bertrand de Jouvenel imagine de son côté avec la prospective des futurs possibles. Le rapport Meadows du Club de Rome, fondé par le patron italien Aurelio Peccei, s’inscrit dans la même veine. Les actions plus médiatiques d’un commandant Cousteau et d’un Nicolas Hulot contribuent à sensibiliser le grand public.

Vers l’écologie politique

Enfin, dans « Les multiples chemins de l’écologie politique », Jean Jacob présente plusieurs protagonistes importants de la facette politique de l’écologisme. Il revient sur le parcours de l’agronome René Dumont, premier candidat écologiste à la Présidence de la République en 1974, qui ancre à gauche l’écologie française. Moins cité, le psychosociologue Serge Moscovici « a formulé une véritable philosophie politique écologiste, dont l’ampleur reste impressionnante », soulignant le caractère relatif de la notion d’état de nature. L’américain Murray Bookchin s’est fait le chantre de l’écologie sociale, quand Bernard Charbonneau, complice du technocritique Jacques Ellul, a proposé une perspective libertaire. Denis de Rougemont a fait partie des premiers théoriciens de l’écologie politique avant de se faire l’avocat de l’Europe des régions. Jacob s’attarde sur Ivan Illich et son concept de « convivialité », à la grande influence, d’André Gorz à Jean-Pierre Dupuy, en passant par Olivier Rey et Serge Latouche, le théoricien de la décroissance. Le pape François et son encyclique écologique de 2015 sont évoqués, ainsi que le franco-britannique Edward Goldsmith, fondateur de la revue The Ecologist, qui invitait « à retrouver à nouveau la sagesse de peuples premiers ».

En conclusion, Jean Jacob se dit déçu par le manque de substrat théorique de l’écologie politique en France à l’heure actuelle, en dépit de la richesse de son histoire intellectuelle, dont il espère que son livre incitera à la redécouvrir. Il souligne aussi les nombreux paradoxes, voire contradictions, de ce courant.

Fin connaisseur de la pensée écologiste et de son histoire, Jean Jacob offre une séries de portraits très fournis. Son effort de synthèse repose sur une bibliographie conséquente et livre un résultat globalement très accessible. Sans surprise, la difficulté d’un tel exercice l’oblige à passer parfois un peu rapidement sur certains points, notamment lorsqu’il est amené à critiquer des auteurs, comme Philippe Descola ou Bruno Latour. En creux, le traitement des différentes pensées (longueur des portraits, contradiction de certaines thèses, mise en avant d’auteurs, comme Serge Moscovici, ou minoration d’autres, tel André Gorz) témoigne d’une conception implicite de l’écologisme par le politiste, conception qu’il aurait été intéressant d’exposer pour mieux en comprendre les choix.




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