Du bon sens au service de la planète, huit artisans du bassin de Montluçon lauréats du label éco-défis

Présente à la cité administrative de Montluçon pour la remise des prix, Dominique Diat affiche un grand sourire. « Vous portez un savoir-faire unique et vous prenez à cœur les enjeux environnementaux. Cela demande du courage et de la détermination », déclare la présidente des Chambres des métiers et de l’artisanat de l’Allier en s’adressant aux huit lauréats du millésime 2024 du label éco-défis.

Parmi eux, Sylvie Gaumeton. Depuis 2011, elle est à la tête de l’enseigne Les créations du bonheur installée boulevard de Courtais à Montluçon. Cette chapelière qui est aussi modiste a une particularité. Elle recycle les chapeaux et les robes de mariées. Il arrive ainsi que de futures épouses se présentent à l’atelier avec la robe de mariée de leurs mères qu’elles souhaitent porter à leur tour. « C’est un geste affectif mais c’est aussi bon pour la planète car on utilise des matières qui existent déjà. Pas besoin d’en créer de nouvelles », explique-t-elle.

Rien ne se perd

Pour les créations pures, Sylvie Gaumeton utilise du tissu fabriqué à proximité de Saint-Étienne. Et lorsqu’elle confectionne une robe, elle ne jette rien ou presque. « Je me sers des chutes pour faire des fleurs que je mets sur des chapeaux. Le reste part à l’association Pénélope puisqu’elle peut les recycler. »

 

Dans son atelier montluçonnais, Sylvie Gaumeton recycle des robes de mariées 

Autre lauréate, Charlotte Crebouw a ouvert, au mois de mai, une brasserie, L’Entre deux, rue Grande à Montluçon. Dans son commerce, elle évite au maximum tout ce qui est plastique, matériau extrêmement néfaste pour l’environnement. Pour stocker ses bières, elle se sert de fûts réutilisables. « Je peux les démonter après chaque utilisation pour les désinfecter et m’en servir à l’infini. » Dans sa volonté de réduire son impact énergétique, Charlotte Crebouw propose également à sa clientèle un système de consigne. « Le client qui ramène la canette de verre achetée lors de sa précédente visite bénéficie d’une réduction de cinquante centimes sur son futur achat », explique-t-elle.

La drêche pour les animaux

Récompensée par la Chambre des métiers de l’Allier, la patronne de la brasserie montluçonnaise tient aussi à valoriser les déchets produits par son activité. « La bière, c’est du malt que l’on concasse et qu’on porte à ébullition avant de le filtrer. Le déchet du malt s’appelle la drêche et cette drêche, je la donne à des agriculteurs » qui s’en servent pour compléter la nourriture de leurs animaux.

Un cutter à la main, Claudine Fort réceptionne les cartons qui viennent de lui être livrés. Son commerce, La Brûlerie Bretonnie installée en plein centre-ville de Montluçon, a décroché le label d’or. « Quand nos clients viennent acheter du café ou du thé, nous utilisons depuis maintenant deux ans des sachets recyclables qui peuvent servir plusieurs fois », explique Léa Levreaux qui travaille à la boutique en tant qu’alternante.

Les déchets issus de la torréfaction font aussi l’objet d’une attention particulière. « Les pellicules de café que nous récupérons sont transportées dans un composteur situé juste à côté », précise la jeune femme.

Une coopérative au Guatémala

Mais pour la patronne des lieux, l’enjeu capital en matière de développement durable est la traçabilité des produits. « Les cafés que nous proposons à notre clientèle sont labellisés. Ils répondent à des normes en matière de droits environnementaux et humains », insiste-t-elle avant de prendre un exemple précis. « Nous travaillons avec une coopérative du Guatémala qui emploie exclusivement des femmes. Elles touchent bien évidemment un salaire mais elles ont aussi accès aux soins et à l’éducation. »

Le palmarès du millésime 2024 du label éco-défis met également à l’honneur la menuiserie Bougerol implantée à Marcillat-en-Combraille. Reprise en 2022 par Brice Cabot, la petite entreprise qui emploie dix personnes s’est convertie au développement durable. Oublié le bois exotique parcourant des milliers de kilomètres avant d’arriver dans les gorges du Cher pour y être façonné.

« Historiquement, l’environnement n’était pas un souci », reconnaît le dirigeant. Mais depuis, les choses ont changé : « Nous avons uniformisé la provenance de nos bois en nous approvisionnant dans une scierie du Puy-de-Dôme basée dans les Combrailles. Nous récupérons également nos copeaux qui peuvent être utilisés pour le chauffage ». Une démarche de bon sens, estime Brice Cabot, qui « crée de l’enthousiasme chez les salariés ».

Martial Delecluse