Qui sont les quatre étudiants qui ont démarré une formation au Campus connecté de Guéret ?

Comme tous les étudiants, Audrey se rend quasiment chaque jour au campus. Sur les hauteurs de Guéret, dans le bâtiment historique qui accueille l’Inspé (*) et le BUT carrières sociales, une grande salle de travail a été aménagée au 4e étage. Des bureaux sur roulettes, un vidéo-projecteur, un espace convivialité… Tout a été prévu pour étudier dans de bonnes conditions.

C’est là qu’Audrey, 23 ans, vient travailler 12 heures par semaine. Mais à la place d’un professeur, elle a un écran d’ordinateur devant elle. « Je suis en première année de lettres classiques à l’Université de Bordeaux. Je ne pouvais pas aller hors du département pour des raisons de santé, raconte la jeune femme. J’ai entendu parler du Campus 2.3. C’était une bonne solution pour faire une formation en distanciel et avoir un suivi complet. »

Un tuteur, Maxence Cordonnier, est présent chaque jour pour accompagner les étudiants. « J’ai un rôle méthodologique et motivationnel, indique-t-il. Je suis là pour leur donner des conseils, par exemple comment on suit un cours, comment on révise, comment on organise son emploi du temps. »

Jusqu’à dix-huit étudiants

Le Campus 2.3 a ouvert en septembre. Il peut accueillir jusqu’à dix-huit étudiants. Ils sont pour le moment quatre à avoir démarré une formation. Deux autres jeunes rejoindront la promotion au cours de l’année.

L’initiative, pilotée par le Conseil départemental, a mis trois ans à se concrétiser. Elle a reçu le soutien de la Ville de Guéret, des communautés de communes creusoises, l’État, l’Éducation nationale et l’Université de Limoges. « Dans un département peu peuplé comme la Creuse, où il n’y a pas d’université à part une antenne de celle de Limoges, pour certains jeunes il est compliqué d’aller en dehors du département pour poursuivre l’envie de faire des études », a souligné Valérie Simonet, la présidente du conseil départemental, mercredi 6 novembre, lors de l’inauguration du Campus.L'inauguration

Les promoteurs du projet ont tout fait pour que les jeunes réussissent leur cursus. En plus de l’accompagnement personnalisé, le tuteur va essayer d’initier un esprit de promotion. « Je vais proposer des moments de convivialité, autour d’activités sportives ou culturelles. Ça pourra aussi être un repas, un pique-nique ou même des jeux vidéo. » L’objectif est que les étudiants ne se sentent pas isolés.

Eviter le décrochage scolaire

Les quatre jeunes sont pour le moment satisfaits du dispositif. Martin, 20 ans, apprécie d’avoir de l’aide pour la méthodologie. Il vient de démarrer un BTS “management commerce opérationnel”. « C’est bien d’avoir quelqu’un derrière moi pour voir si j’avance bien. C’est facile de décrocher en restant chez soi », estime-t-il. Le jeune homme, qui habite Aubusson, a choisi cette formule pour pouvoir continuer à travailler à côté. Il est équipier polyvalent dans une grande surface.

Les étudiants viennent au Campus quand ils le souhaitent (de 8 heures à 18 heures). Leur seule obligation est d’être présent au moins 12 heures par semaine. Il y a des structures du même type dans d’autres départements. « On voit ce qui se fait ailleurs et c’est une réussite, estime Valéry Martin, vice-président du conseil départemental de la Creuse. Aujourd’hui, le numérique prend de l’ampleur. Les méthodes et les formations évoluent. À distance on peut réussir. »

Pas prêt à quitter ses parents

Les formations et les profils des étudiants du Campus 2.3 sont variés. Evan 18 ans, ne se sentait pas prêt à quitter ses parents pour aller faire ses études dans une autre ville. « C’est compliqué d’être loin de chez moi », confie le jeune étudiant. Il a choisi de suivre un BTS informatique à distance.Evan, étudiant en informatique

Honorine, 19 ans, reprend des études pour pouvoir passer le concours d’éducatrice spécialisée. « Je voudrais travailler avec des enfants atteints de déficience mentale. » Mais pour ça, il faut avoir le niveau Bac. Elle prépare donc le diplôme d’accès aux études universitaires (DAEU) en distanciel à l’Université de Clermont-Ferrand. « J’habite au domicile familial à Saint-Sulpice-le-Dunois. Ça m’aurait posé des problèmes de mobilité et d’hébergement si j’avais dû faire ça en présentiel, ailleurs qu’en Creuse. Pour payer un logement, j’aurai dû travailler. »

L’ambiance commence à être conviviale entre les quatre étudiants. « On apprend à se connaître. On peut faire des choses en groupe, parler de ses expériences, s’entraider », témoigne Audrey.

Il est possible de rejoindre le campus connecté à n’importe quel moment de l’année. Il reste des places. Il ne faut donc pas hésiter à contacter le tuteur Maxence Cordonnier. 

(*) Institut national supérieur du professorat et de l’éducation (autrefois École normale puis IUFM).

PratiqueCampus Jules-Ferry, 1 avenue Marc-Purat, à Guéret. Contact : 06.14.07.53.90.

Texte : Catherine PerrotPhotos : Bruno Barlier