Vendée Globe. Damien Seguin à bord du bateau vainqueur de la dernière édition
Damien Seguin, premier skipper handisport de l’histoire du Vendée Globe, repart avec le bateau vainqueur de la dernière édition qu’il a bien perfectionné. Racheté en 2021 après la victoire de Yannick Bestaven sur Maitre Coq IV, l’équipe de l’IMOCA Groupe APICIL a amélioré ce bateau au gré de multiples chantiers hivernaux.
Damien Seguin est né sans main gauche. Il est triple médaillé paralympique en 2.4 mR et quintuple champion du monde dans cette discipline. Après l’olympisme, il s’est lancé avec tout autant de talent dans la course au large. En Class40 d’abord, puis en Imoca. Il est l’une des révélations du dernier Vendée Globe, où il a terminé 6e au classement général avec un bateau à dérives. Il prouve qu’un sportif handicapé peut courir le Vendée Globe. En 2022, il rachète l’ex-Maître CoQ IV de Yannick Bestaven, vainqueur du Vendée Globe, sur lequel il réalise un important chantier pour le rendre plus performant. Il participe à The Ocean Race sur Biotherm, embarque avec Sam Davies sur Initiatives-Cœur pour la Guyader Bermudes 1000 Race, avant de remettre son Imoca à l’eau au mois de juillet pour courir la saison en double sur son Groupe Apicil avec Laurent Bourgues. Il termine brillamment la saison lors du Retour à la Base, où il termine 5e. Il faudra compter à nouveau sur lui pour animer ce Vendée Globe.
« On a équipé le bateau de foils plus grands, qu’on appelle de nouvelle génération. Des foils que l’on volontairement typé pour le Vendée Globe et notamment le tour de l’Antarctique pour avoir cette stabilité dans des conditions au portant, le bateau va maintenant plus vite. »
Damien Seguin
L’histoire de Damien Seguin et d’APICIL se retrouve aussi et surtout sur le thème de l’inclusion. Damien va tenter une nouvelle fois de casser les codes et de rassembler autour de ce projet unique. Cette année, un deuxième skipper handisport va prendre le départ, le chinois Jingkun Xu. Leur rencontre remonte aux Jeux de Pékin en 2008 alors concurrent sur les épreuves de para-voile. Damien y décrochera d’ailleurs la première de ses trois médailles paralympiques. Inspiré et crédibilisé par la magnifique course de Damien, Jingkun Xu, démarche ses sponsors et se retrouve quelques années plus tard, à l’assaut de ce tour du monde.
« Ça montre que le fait d’en parler, on arrive à rendre la voile de plus en plus inclusive. On permet aux gens de se surpasser et ça, j’en suis extrêmement fier. Ça vient aussi globalement de tout le GROUPE APICIL qui permet cette exposition autour de ces enjeux-là. On va continuer à faire rêver les gens et les inspirer pour la suite. »
Damien Seguin
Pour la dernière sortie de l’IMOCA Groupe APICIL, Damien embarquera à bord avec des capteurs biométriques. Une nouvelle fois, APICIL et Damien Seguin innovent dans le domaine de la prévention et de la santé. Ces capteurs mesureront divers paramètres tels que le sommeil, l’alimentation, la température corporelle, le pouls, la tension artérielle, l’hydratation et même l’humeur de Damien tout au long de la course.
« On se concentre beaucoup sur le bateau, et c’est normal car c’est aussi un sport mécanique, mais on oublie à bord comment le skipper va vivre…ou survivre. »
Tous ces facteurs seront analysés dans le but de comprendre ce qui se passe dans le corps et l’esprit d’un humain lancé autour du monde sur un voilier de course au large, et d’apporter, à la fin de l’aventure, de la matière pour une démarche d’optimisation de la sécurité à bord de ces bateaux et de la performance du skipper.
« Ces capteurs sont très importants ! Un manque d’hydratation va par exemple impacter la prise de décision, la vigilance ou la performance. Comment prévenir mes moments où je serai faible en énergie ? Voici aussi l’utilité de ces capteurs. Ça peut aussi permettre au grand public de comprendre et d’essayer de se rendre compte de ce que traversent les marins en mer »
Dr Bérénice Charrez, Ingénieur biomédicale
Car il ne faut jamais remettre à deux mains ce qu’on peut faire à une seule, Damien s’élancera dimanche à l’assaut d’un tour du monde. Performance exceptionnelle, le réaliser deux fois grossirait un palmarès déjà hors du commun. Le simple fait d’en oublier son handicap sur la ligne de départ est déjà, en soi, une véritable performance.
Le capitaine crochet est de retour ! C’est avec un costume, sur mesure, que Damien sortira du chenal ce dimanche à 9h03. C’est l’entreprise Uzinou, qui emploie des personnes en situation de handicap, qui a fabriqué cette pièce unique. Auréolé de nombreux symboles, il comporte notamment deux boutons en or et un en argent, qui rappelle ses médailles paralympiques.